Le virage jeunesse du Canadien s'est poursuivi au cours des deux derniers jours avec l'échange de Peter Budaj et le remerciement de Francis Bouillon. Les gestes du directeur général Marc Bergevin depuis l'été dernier ont tous eu pour conséquence de larguer des vétérans au salaire parfois encombrant et de faire place à des forces fraîches.

Dans un sport d'équipe où l'on invite les joueurs à se serrer les coudes, à se montrer solidaires et à mettre en place un bon esprit de corps, le départ de vétérans aguerris peut ébranler.

«C'est une partie difficile de notre travail», convient Carey Price, que Peter Budaj n'a jamais au mis au courant de sa demande de transaction.

«En l'espace de six mois, j'ai perdu quatre de mes bons amis. Ce n'est pas amusant. D'un autre côté, la direction fait des gestes dans le but d'améliorer l'équipe, et ce n'est pas à nous de remettre ça en question sous prétexte qu'on est amis avec eux.

«C'est purement des décisions d'affaires, ce n'est rien de personnel.»

Marc Bergevin, qui prêche pourtant des valeurs comme le caractère et le leadership, n'a pas fait de détours pour faire comprendre qu'il n'y avait pas de place pour les sentiments au moment de prendre des décisions difficiles.

«Ce n'est pas un camp d'été dont je m'occupe, c'est une équipe de hockey, a-t-il laissé tomber en conférence de presse, lundi. Je suis passé par là moi aussi. On perd des coéquipiers, mais on va de l'avant, on n'a pas le choix.»

Ce genre de réponse tranchante suggère que le DG sait où il s'en va et de quelle façon il compte y arriver. Ça n'échappe pas à ses troupes.

«Depuis que je suis ici, je suis épaté par les décisions de Marc», a confié le défenseur Mike Weaver qui, à 36 ans, est désormais le doyen de l'équipe.

«Il est très professionnel. C'est une journée difficile pour lui, mais on a plusieurs meneurs dans le vestiaire qui vont se lever quand viendra le temps. Marc a entouré l'équipe de joueurs de caractère. C'est la moitié du combat d'avoir des gars qui s'entendent bien.»

Justement, l'esprit d'équipe est toujours un peu à reconstruire, surtout lorsque des joueurs qui y contribuaient beaucoup quittent le navire. Mais cet écueil n'est qu'un morceau du puzzle, croit Carey Price, et ne doit faire perdre de vue le portrait d'ensemble, à savoir que la direction fait le nécessaire pour améliorer l'équipe.

«Il y a quand même plusieurs visages qui sont les mêmes et nous sommes réceptifs à l'égard de ceux qui arrivent, a-t-il ajouté. Aussi décevant que cela puisse être de voir des gars partir, c'est excitant d'en découvrir de nouveaux.»

Budaj au ballottage

À peine acquis par les Jets de Winnipeg, Peter Budaj a été soumis au ballottage par ceux-ci. Un joueur du Canadien s'attendait pourtant à ce que son ancien coéquipier lutte pour ravir le poste de numéro un à Ondrej Pavelec!

Le DG Kevin Cheveldayoff, qui a ainsi réalisé sa première transaction joueur contrej oueur depuis son arrivée en poste en juin 2011, a visiblement rendu service à son ami Bergevin en réglant le ménage à trois qui s'annonçait en début de saison à Montréal. Non seulement a-t-il hérité du contrat de Patrick Holland, mais il se prépare à envoyer Budaj dans la Ligue américaine, quitte à ce que 500 000 $ de son contrat soient inclus à la masse salariale des Jets.

C'est une triste combinaison d'événements pour le gardien slovaque, qui ne demandait pas mieux que de relancer sa carrière... là où on voulait de lui, bien sûr.

«Personne ne savait ce qui allait arriver avec Buds, a rappelé Rene Bourque. C'est le meilleur gardien substitut avec qui j'aie joué. Il travaille comme un déchaîné tous les jours, il est toujours disponible si l'on veut prendre des lancers et, autrement, il est dans le gymnase.

«Ça fait mal de le voir partir.»

Autre changement à prévoir?

Marc Bergevin tente de déplacer d'autres actifs d'ici à ce qu'il transmette à la Ligue nationale sa formation officielle de 23 joueurs qui amorceront la saison avec le Tricolore.

«Je travaille sur quelques affaires», a-t-il admis.

C'est à l'attaque que ça se passe, puisque le choix de ses sept défenseurs et de ses deux gardiens est désormais réglé. Michaël Bournival, qui peut retourner dans la Ligue américaine sans passer par le ballottage, s'est fait confirmer qu'il entamerait la saison à Montréal.

Le choix ultime se fera donc entre Jacob De La Rose et Travis Moen. Il ne faudrait pas se surprendre que Bergevin tente de refiler Moen à une autre formation de la même façon qu'il s'est départi de Budaj.

Si ses tentatives échouent et que la formation demeure intacte, le Suédois de 19 ans pourra toujours prendre le chemin de Hamilton...