«Sortez le défibrillateur!» S'appuyant contre la bande du Colisée Pepsi de Québec, Joe Sakic lance la boutade même s'il n'a pas trop l'air de chercher son souffle. Cela fait près d'une heure que l'ancienne gloire des Nordiques patine en compagnie des entraîneurs-adjoints et de quelques joueurs de l'Avalanche du Colorado retranchés en vue du match en soirée.

C'est un luxe que Sakic se paie rarement, mais le moment ne saurait être mieux choisi compte tenu de sa rare visite à Québec.

«Le talent ne se perd pas, constate le défenseur Bruno Gervais pendant cet exercice informel. Donne-lui une semaine d'entraînement et il serait prêt à revenir au jeu!»

De retrouver Québec avec Patrick Roy à ses côtés, c'est de replonger à l'époque des affrontements épiques entre ces deux légendes. Difficile, par exemple, de ne pas évoquer les séries de 1993 alors que le parcours des Nordiques s'était terminé de façon brutale face au Canadien pendant que ce dernier pavait la voie à sa 24e Coupe Stanley.

«On ne se souvient pas du tout des mêmes choses, Joe et moi», glisse Roy avec un sourire.

«Joe a le dernier mot»

Ils ont été adversaires, puis coéquipiers et maintenant, collègues. Même dans leurs fonctions administratives, Roy et Sakic n'ont que la victoire en tête.

«On a des méthodes différentes mais on partage la même vision», précise Sakic, qui a été nommé officiellement DG de l'Avalanche la semaine dernière après que Greg Sherman eut occupé le poste de façon un peu factice la saison dernière. Sakic est maître à bord, mais Roy est assis à la droite en tant que vice-président aux opérations hockey. Dans une ère où être à la fois entraîneur et DG n'est plus envisageable, l'ancien gardien s'est façonné une place unique dans la LNH.

Après une année à cumuler les deux fonctions, Roy ne semble nullement écrasé par la charge de travail.

«C'est toujours Joe qui a le dernier mot, mais mon rôle est de faire des propositions et d'avancer des idées, explique l'entraîneur-chef. On s'assoit et on en discute. À partir de là, c'est un travail d'équipe.

«C'est une chance de pouvoir être impliqué de la sorte, ajoute Roy. C'était un aspect important pour moi de pouvoir faire partie des décisions même si je savais que ce ne serait pas moi qui aurais le dernier mot. Je fonctionne très bien dans ce cadre-là.»

Pour une dernière fois

Sakic quitte finalement la glace et signe un autographe pour un jeune garçon. Le soir même, le match que son équipe livrera au Canadien constituera la dernière présence de la LNH dans l'histoire du vieux Colisée. À quelques pas de là, le nouvel amphithéâtre lui fait désormais de l'ombre.

«Je ne sais pas combien de temps cet édifice-là va tenir debout - le nouvel édifice a l'air magnifique et j'ai hâte de le visiter quand il sera terminé - mais c'est toujours spécial de revenir là où j'ai amorcé ma carrière et où j'ai connu tellement de beaux moments, confie Sakic.

«Le meilleur souvenir que j'en garde, c'est l'intensité des amateurs. De la manière dont ç'a été construit, les amateurs sont pratiquement au-dessus des joueurs. Lors d'un bon match ou d'un moment excitant, le niveau de bruit rendait le Colisée un endroit spécial où jouer.»

Que l'Avalanche et le Canadien puissent clore le chapitre LNH de la vie du Colisée est pour le mieux, estime Patrick Roy.

«Quand on se promenait avant, on pensait que le Colisée était gros mais, quand on regarde le nouvel édifice à côté, ça n'a aucun sens de voir à quel point les amphithéâtres ont changé au fil des ans», constate Roy.

«Je n'ai rien contre le Colisée Pepsi, mais le temps est venu de passer à un nouvel amphithéâtre. Les gens de Québec le méritent et je leur souhaite qu'ils aient une équipe de la Ligue nationale. C'est le voeu de la population.»