Guillaume Latendresse comprend trop bien ce que Rick Nash a pu vivre l'an dernier à la suite de sa commotion cérébrale.

L'attaquant de puissance des Rangers de New York, plutôt effacé dans les séries éliminatoires contre le Canadien, a raconté cette semaine au quotidien New York Post qu'il est devenu moins robuste à son retour au jeu, et surtout plus enclin à rester en périphérie de l'enclave pour éviter les mauvais coups. On a évidemment sévèrement critiqué son manque « d'ardeur » au jeu.

«La peur est constante, a confié Latendresse hier. Quand tu vois Chara arriver à pleine vitesse dans le coin et que tu ressens encore des maux de tête, tu te demandes si ça sera celle-là qui va te mettre à terre pour de bon. Aujourd'hui, ça frappe quasiment pour tuer dans la Ligue nationale.»

«On est sans doute plus prudent quand on revient au jeu, mais c'est aussi, surtout, que certaines situations nous rendent moins à l'aise, raconte Rick Nash dans son entrevue. On veut se faire frapper et savoir comment on réagira. Mais on peut difficilement le faire à l'entraînement. J'ai été plus robuste en séries éliminatoires et j'ai pu me rendre dans des zones plus denses. Mais ça vient avec la confiance.»

CULTURE «MACHO»

Il est plutôt rare de voir un hockeyeur actif révéler, à mots couverts, qu'il est plus craintif après une commotion cérébrale. La culture «macho» du hockey ne le permet pas. Nash ose et ouvre une porte intéressante.

Non seulement on en connaît encore très peu sur les effets des commotions cérébrales, mais on en connaît encore moins sur les répercussions psychologiques vécues par les blessés. On demande à Nash de se lancer tête première devant le filet adverse. On exige de Travis Moen qu'il continue à jeter les gants et à frapper l'adversaire sans relâche.

Ils sont évidemment payés grassement pour le faire et connaissent le rôle qu'on leur confie. Mais qui sait ce qui se passe dans la tête d'un athlète quand son cerveau est touché, quand il vient de vivre quelques mois complètement «groggy» chez lui ?

Latendresse avait reçu sa part de critiques en séries éliminatoires contre le Canadien il y a quelques années en refusant de se battre contre Ryan White. Son entraîneur, Paul MacLean, l'avait rayé de la formation lors de la rencontre suivante.

Échangé au Wild du Minnesota par le Canadien en novembre 2009, Latendresse a compté 25 buts en seulement 55 matchs avec sa nouvelle équipe. Mais il a subi une commotion cérébrale sévère au début de la saison suivante.

« Je me suis fait frapper dans le dos à Calgary et mon visage a cogné la bande. J'ai saigné du nez, mais je n'avais pas mal à la tête. Le lendemain, à San Jose, peut-être mon cerveau était-il déjà au ralenti, je me suis lancé dans le coin avec Douglas Murray en position complètement ouverte. Murray m'a frappé avec l'épaule directement sur le menton. 

«Je suis tombé assis, j'ai eu un double choc. J'ai dit au soigneur que je n'étais pas correct. Le médecin sur place m'a examiné et a fait passer l'examen de base protocolaire. Il m'a dit que j'avais réussi le test et que je pouvais retourner au jeu, mais moi, je savais que je n'étais pas bien et je n'ai pas voulu revenir. J'ai raté deux mois et demi par la suite...»

Son retour au jeu n'a pas été très long. «J'ai compté contre Winnipeg à mon premier match. Le lendemain, on jouait contre Chicago à domicile, et je me sentais toujours bien. J'ai même donné quatre ou cinq bonnes mises en échec. La douleur est revenue. J'avais tellement mal à la tête. Imaginez qu'on vous met une ceinture autour de la tête et qu'on serre le plus fort possible. Après la première période, j'avais un trop-plein d'émotions, je me suis mis à brailler comme un bébé de 3 mois qui veut son lait.»

«JE ME SENS BEAUCOUP MIEUX»

Latendresse a joué brièvement pour les Sénateurs d'Ottawa, puis en Suisse, où une autre commotion l'a mis knock-out pour de bon. Il a pris sa retraite définitive l'an dernier, à seulement 27 ans.

«J'aimerais savoir si toutes les séquelles m'ont quitté. L'autre jour, ma petite fille m'est tombée sur le visage. Je n'ai pas filé de la journée. Mais je me sens beaucoup mieux en ce moment que lors des trois ou quatre dernières années. Je remarque par contre que ma personnalité a changé avec les commotions. Je suis beaucoup plus irritable. Impatient. Alors qu'auparavant, la patience était un de mes traits de caractère.»

Aujourd'hui, Latendresse est entraîneur-chef des Riverains du Collège Charles-Lemoyne, dans la Ligue midget AAA. «Je suis très sensible aux coups à la tête. Quand un de nos joueurs reçoit un mauvais coup, on le retire du match, même s'il veut revenir.»

Latendresse n'exclut pas la possibilité de s'impliquer davantage pour faire avancer la cause. Le téléphone du vice-président à la sécurité des joueurs, Stéphane Quintal, sonnera-t-il au cours des prochaines semaines ?

MANQUE DE POT POUR DEUX JEUNES QUÉBÉCOIS

Deux candidats au trophée Calder remis à la recrue par excellence dans la LNH, Anthony Mantha et Jonathan Drouin, rateront le début de la saison. On savait déjà pour Mantha, premier choix des Red Wings de Detroit en 2012, qui ratera de six à huit semaines en raison d'une fracture au tibia subie lors d'un match simulé au camp d'entraînement. Drouin a appris hier que sa blessure à la main était plus sérieuse que prévu : il devra s'absenter de trois à quatre semaines en raison d'une fracture au pouce subie pendant le camp des recrues.

À moins d'une catastrophe au camp d'entraînement, Drouin était presque assuré d'entamer la saison dans la LNH avec le Lightning. C'était un peu moins clair dans le cas de Mantha, mais la direction des Wings entendait lui donner toutes les chances de réussir. On les enverra vraisemblablement dans la Ligue américaine à leur retour au jeu, et leurs performances dicteront la durée de leur séjour là-bas. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'on les voie sur nos écrans de télé...