Jason Pominville est bien placé pour comprendre la situation que vivront les joueurs du Canadien cette saison. Il y a quelques parallèles à tracer avec ce qui s'est passé chez les Sabres de Buffalo à l'été 2007.

Cette année-là, les Sabres avaient atteint la finale de l'Est, où les Sénateurs d'Ottawa les avaient éliminés. Un mois après sa fin de saison, l'équipe disait adieu à ses deux co-capitaines, Daniel Brière et Chris Drury.

Il restait néanmoins un noyau intéressant à cette formation, mais un noyau jeune. Pominville avait 24 ans, tout comme Derek Roy. Thomas Vanek, 23 ans. À 28 ans, Brian Campbell était dans la force de l'âge, mais son contrat venait à échéance l'été suivant et son avenir à Buffalo était incertain. Restait toujours Ryan Miller, 27 ans, en train de s'établir comme le joueur de concession.

Remplacez Brière et Drury par Brian Gionta et Josh Gorges, remplacez Pominville, Roy et Vanek par Max Pacioretty, Lars Eller et P.K. Subban, remplacez Miller par Price, et les deux situations peuvent se ressembler. Hormis le gardien, qui ne peut pas porter le C, il y avait moult options, mais pas un seul véritable favori.

«C'est vrai, il y a des ressemblances, reconnaît Pominville, rencontré à Candiac hier. Mais tu as aussi Andrei Markov et Tomas Plekanec qui sont là depuis longtemps. Nous, c'était un noyau de jeunes avec des vétérans qui arrivaient de l'extérieur. Les gars (du Canadien) qui sont là depuis longtemps sont peut-être prêts à prendre la relève. Sinon, ils peuvent aussi nommer comme capitaine un jeune qui a un contrat à long terme, comme le font plusieurs équipes.»

Un comité?

Revenons à Buffalo. Dans ces circonstances, les Sabres ont opté pour une rotation de capitaines. Jochen Hecht, Toni Lydman, Jaroslav Spacek, Campbell et Pominville ont tour à tour joué le rôle de capitaine en 2007-2008.

Un système de rotation pourrait aussi faire partie des options de Michel Therrien si aucun candidat ne fait consensus.

«L'idéal, c'est d'avoir un capitaine, qui est le leader, le gars par qui les décisions passent, admet l'attaquant du Wild du Minnesota. Mais quand plusieurs joueurs se partagent les responsabilités, ça donne la chance à des gars de prendre plus de place dans le vestiaire, dans le groupe de leadership. Ça permet à l'équipe de réfléchir davantage avant de prendre la meilleure décision une fois quand vient le temps de nommer un capitaine.»

Des rôles différents

En 2007, ces départs de Brière et de Drury avaient marqué la fin d'un âge d'or des Sabres, finalistes d'association deux saisons de suite. Les hommes de Lindy Ruff allaient rater les séries lors des deux campagnes suivantes, avant de se faire éliminer au premier tour deux années d'affilée. Les Sabres n'ont d'ailleurs pas gagné une seule série depuis le deuxième tour en 2007.

Évidemment, Pominville n'est pas prêt à expliquer ces insuccès par la simple perte de leadership.

«Drury venait de marquer 37 buts, Brière avait obtenu 90 points (NDLR: 95). Tu les remplaces par Roy, qui commençait dans la ligue. Des plus jeunes les ont remplacés, donc ça a créé un vide, surtout au centre, une position assez difficile. Tu perds tes deux premiers centres, ce n'est pas évident. C'était plus ça que le leadership.»

Vu ainsi, le Canadien a subi de moins lourdes pertes que les Sabres d'il y a sept ans. Gionta jouait un rôle de joueur de troisième trio en fin de parcours, tandis que Gorges obtenait les minutes d'un troisième défenseur, des minutes que le CH souhaitera notamment donner au vétéran Tom Gilbert.