L'anecdote en dit long sur le suspense qui entoure les négociations entre P.K. Subban et le Canadien.

Hier matin, chez un concessionnaire de Brossard où Subban se fait l'ambassadeur d'un programme visant à aider de jeunes hockeyeurs, le numéro 76 interrompt sa ribambelle d'entrevues et s'éclipse une bonne vingtaine de minutes pour parler au téléphone. Rapidement, le bruit se répand qu'il serait en discussion avec son agent.

Les minutes passent, les caméras tentent de filmer Subban au téléphone, perché sur la mezzanine dudit concessionnaire. Lorsqu'il finit par redescendre l'escalier, les caméras sont braquées sur lui.

«C'était simplement ma mère qui m'appelait. J'ai laissé la cuisinière allumée à la maison. Et j'ai été à la toilette, ça m'a donc pris un peu plus de temps», explique tout bonnement Subban.

On ne saura sans doute jamais si, durant cet appel, sa mère s'appelait en fait Don Meehan.

Pas un mot

Ils devaient être une quinzaine autour de Subban. Chacun avait son angle d'attaque au sujet des négociations, espérant tirer de lui une réponse utilisable. En vain.

«Je n'en parlerai pas», a d'abord lancé le défenseur- vedette, la première fois qu'il a été question du contrat.

«Es-tu nerveux?», lui demande un collègue.

«Je ne dirais pas que je suis nerveux, car je ne suis pas ici pour ça, je suis ici pour la promotion du programme», répond Subban.

Et un autre de revenir à la charge. «Pourquoi réponds-tu autant en politicien?»

«Je suis politicien parce qu'on sait pourquoi je suis ici. J'aimerais en dire plus, mais on est ici pour les enfants et le programme.»

Bien entendu, Subban s'est refermé comme une huître quand un dernier collègue a lancé les chiffres qui circulent sur l'écart entre les deux camps. Le Canadien lui aurait offert 5,25 millions pour la prochaine saison, tandis que Subban aurait demandé 8,5 millions.

La suite

Le clan Subban et le Tricolore ont donc rendez-vous à 9h ce matin devant l'arbitre. Ce qui ne veut pas dire qu'une entente est impossible d'ici là.

«Les audiences sont toujours prévues à 9h, mais si les deux parties croient être proches d'une entente, elles peuvent demander un petit délai d'une heure, par exemple, raconte un dirigeant d'équipe de la LNH. Mais si l'entente ne semble pas imminente, elles ne demanderont pas non plus une prolongation de cinq heures!»

Cet été, sept cas du genre n'étaient toujours pas réglés le matin même de la séance. Cody Franson, Antoine Roussel, Ryan O'Reilly, Jimmy Hayes, Chris Kreider et Nick Spaling ont tous réglé leur différend salarial quelques minutes avant de passer devant l'arbitre. Le septième cas impliquait Vladimir Sobotka, des Blues de St. Louis, qui était alors déjà assuré de jouer en KHL la saison prochaine.

Bref, l'arbitrage sert généralement d'incitatif pour amener l'équipe et le joueur à s'entendre de gré à gré. Rappelons qu'avant Sobotka, le dernier cas à se régler devant l'arbitre était celui de Shea Weber, en 2011.