Les gradins sont bondés à Brossard. Plus de 1000 personnes sont réunies en ce 11 juillet pour voir un simple match simulé mêlant des espoirs de l'organisation du Canadien. Certains fans sont là depuis 7h du matin. Du délire.

Au milieu de la cohue, un visage connu et à peine vieilli.

Shayne Corson est venu de Toronto pour voir en action son fils Dylan, qui est au camp de perfectionnement du Canadien à titre de joueur invité.

L'homme de 47 ans ne peut être plus heureux de voir son fils échoir dans l'organisation qu'il a toujours privilégiée.

«Je suis toujours resté attaché au Canadien, confie Corson. C'est l'équipe qui m'a repêché et celle que j'ai préférée. Et même si Dylan est né à Edmonton, il a grandi comme un fan du Canadien lui aussi.»

Corson a passé 11 de ses 19 saisons dans la LNH dans l'uniforme tricolore échelonnées sur 2 séjours. Le premier a été le plus fringant - à tous points de vue - alors qu'on retient surtout du second le fait que la transaction l'amenant à Montréal en retour de Pierre Turgeon s'est avéré un fiasco.

Il reste que c'est à Montréal, surtout sous la tutelle de Pat Burns, que Shayne Corson a connu ses meilleurs moments.

Pourtant, ça n'a pas toujours été rose entre les deux hommes. Un fameux esclandre de Burns, au cours duquel il avait envoyé promener Corson dans les médias, avait d'ailleurs fait époque.

«On avait vraiment une bonne relation, indique pourtant l'ancien ailier gauche. C'est vrai qu'il me bottait le cul de temps en temps, mais la plupart du temps, c'était justifié! Mais si tu avais la force mentale pour résister à ses sautes d'humeur, tu étais correct.

«D'ailleurs, je dirais qu'on avait une sorte de relation père-fils, lui et moi... avec tout ce que ça peut impliquer de se faire chauffer les oreilles quand c'est nécessaire!»

Corson a été gâté en termes d'entraîneurs-chefs exigeants car il a ensuite goûté aux méthodes de Mike Keenan.

«La différence, c'est que Pat était un dur au coeur tendre tandis que Mike portait très bien son surnom de «Iron Mike». Pat était capable de te tomber dessus, mais aussi de te donner une tape dans le dos au bon moment.

«Lorsque mon père est décédé, je jouais pour les Oilers d'Edmonton et Pat avait pris la peine de m'appeler. Je m'en suis toujours souvenu...»

Loin du hockey, près du coeur

Corson a fait partie d'une redoutable équipe à Montréal. La formation qui s'était inclinée en finale de la Coupe Stanley en 1989 était particulièrement impressionnante. Mais il faisait aussi partie d'un contingent de mauvais garçons qui ont souvent forcé Pat Burns à veiller tard.

«J'ai eu du bon temps, sur la glace comme en dehors, dit Corson. C'est sûr qu'à l'époque, j'ai pris des décisions que je regrette un peu, mais j'ai aimé chacune des minutes que j'ai passées à Montréal.»

Corson, qui est propriétaire de restaurants à Toronto, dit s'ennuyer du hockey. Il le constate d'autant plus lorsqu'il voit plusieurs anciens coéquipiers mener la barque du Canadien.

«J'ai déjà été le cochambreur de Marc Bergevin, j'ai joué avec Scott Mellanby à Edmonton, j'ai joué avec Breezer [Patrice Brisebois], avec Jean-Jacques Daigneault, Sylvain Lefebvre, Donald Dufresne, Stéphan Lebeau...

«Les 5 ou 6 premières années après ma retraite ont été les plus difficiles. Maintenant, c'est quand arrivent les séries éliminatoires que ça me démange le plus.»

Dylan Corson tentera de tirer son épingle du jeu en dépit d'un gabarit et d'habiletés naturelles qui ne sont pas ceux de son père.

Shayne hoche la tête en voyant tous ces gens qui se sont déplacés. «C'est la raison pour laquelle Montréal est un endroit si spécial. Si ça n'incite pas ces jeunes-là à se donner au maximum...»