Trevor Timmins en a vu, des repêchages. Ce sera vendredi son 12e avec le Canadien. Ce qu'il pense de l'exercice 2014? Disons que son équipe n'est pas très bien armée pour partir à la guerre.

Tous les dépisteurs vous le diront: la cuvée de 2014 n'a rien d'exceptionnel. Sous le couvert de l'anonymat, un recruteur d'une équipe de l'Association de l'Est parle même «de l'un des repêchages les plus difficiles, sinon le plus difficile des dix dernières années».

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L'exercice s'annonce périlleux pour toutes les équipes, alors que peu de joueurs démontrent un potentiel évident pour la Ligue nationale. Et à ce jeu dangereux, le Canadien est particulièrement mal préparé. À moins d'une transaction de dernière minute, l'équipe parlera vendredi soir au 26e rang du premier tour. Demain, les choses ne s'annoncent guère mieux, alors que le CH a laissé son choix de deuxième tour dans la transaction de Thomas Vanek. Son choix suivant viendra au 87e rang au total, au 3e tour. Pas de quoi claironner.

«C'est très excitant que notre équipe fasse aussi bien sur la glace, qu'on atteigne les demi-finales... Mais c'est certain que ça déprime un peu mon équipe de choisir au 26e rang et de ne pas avoir de choix de deuxième tour, a admis jeudi Trevor Timmins. On n'est pas aussi forts que dans les années passées. Surtout pas autant que l'année dernière.»

Le CH est en quelque sorte victime de son succès. Quand Marc Bergevin en a pris la barre en mai 2012, l'équipe venait de disputer une saison de misère et avait terminé 28e au classement. Timmins avait alors une excellente main au repêchage. Il avait pu choisir Alex Galchenyuk au troisième rang. Deux ans plus tard, la situation est inversée.

«On était au 21e rang de la première ronde avant les séries, on est au 26e aujourd'hui, a noté le directeur général. Pour moi, le meilleur rang au repêchage, c'est le 30e. Ça veut dire que tu as gagné la Coupe Stanley. C'est le prix à payer. Mais il y a quand même de bons joueurs qui sortent en fin de première ou même en deuxième.»

Bien sûr, Bergevin a raison. Son recruteur en chef doit se débrouiller avec les cartes qui lui sont remises.

Le DG a confirmé jeudi que des discussions avaient lieu pour que le Canadien échange son choix de premier tour. Pour aller chercher deux choix de deuxième tour, par exemple?

Bergevin n'a pas voulu s'avancer.

«C'est toujours sur le plancher que ça se conclut habituellement», dit-il.

Le caractère en premier

Les favoris sont connus cette année: Aaron Ekblad, Sam Bennett, Sam Reinhart, Leon Draisaitl, Michael Dal Colle... Mais une fois passés les premiers de classe, c'est le brouillard le plus complet qui règne.

Timmins rappelle que la liste du CH est déjà établie. Selon lui, l'équipe ne cherche pas un joueur à une position en particulier. Elle ne vise aucun type particulier, pas même les grands costauds, comme le choix de Michael McCarron l'année dernière le suggère. «Si c'était le cas, on n'aurait pas recruté Brendan Gallagher», souligne-t-il.

Le recruteur en chef parle plutôt du caractère. «Depuis que Marc Bergevin est arrivé, on met beaucoup plus l'accent sur le caractère, sur l'esprit compétitif. On cherche des joueurs qui sont difficiles à affronter», dit-il.

Le Canadien a rencontré une centaine de joueurs triés sur le volet. Avec chacun, Timmins et son équipe ont tenté de mesurer leur sens de la compétition, leur capacité à faire face à l'adversité.

Du caractère, Trevor Timmins aussi devra en démontrer vendredi soir au moment de jouer une dure partie de poker avec les pauvres cartes que lui a remises son directeur général. Mais le recruteur sait bien que c'est le lot des équipes qui gagnent.