Rallier ses troupes autour de la perte de Carey Price et du geste de Chris Kreider était une stratégie légitime de la part de Michel Therrien avant le deuxième match, mais elle n'a pas suffi au Canadien pour l'emporter.

L'entraîneur-chef s'en remet donc à la pensée positive pour replacer le Tricolore dans cette série où il tire de l'arrière 2-0 en finale d'association.

«Si l'on continue comme ça, la chance risque de tourner», s'est-il plu à répéter lors d'une conférence téléphonique, hier.

Le portrait d'ensemble donne peut-être l'impression d'une performance assurée et encourageante du CH, lundi soir. Mais il s'explique surtout par le brio du trio de David Desharnais, qui a constitué l'essentiel de la menace offensive face aux Rangers de New York.

Et les autres trios, s'ils continuent dans la même veine, ne donneront pas de meilleures chances au CH de revenir dans le coup.

Quand l'unité de Desharnais a été sur la glace à égalité numérique, lundi, le Tricolore a tenté 23 tirs vers le filet adverse alors que les Rangers n'ont pu s'essayer qu'à 3 reprises.

Les trois autres trios du Canadien mis ensemble ont tenté 25 tirs vers Henrik Lundqvist, alors que les Rangers ont tiré 36 fois. L'écart est incroyable.

Il n'est pas surprenant que Therrien, appelé à commenter le rendement de Max Pacioretty dans ce trio, en ait mis un peu plus que d'habitude à propos de son ailier gauche. Il a rappelé les responsabilités additionnelles qu'il lui a confiées cette saison et le leadership qu'il voit poindre en lui.

«Je l'utilise en fin de match, autant quand on doit protéger une avance que lorsqu'on a besoin d'un but, a d'ailleurs noté l'entraîneur. On voit que Max a une bonne attitude, qu'il travaille fort et qu'il prend de plus en plus de place au sein de l'équipe à mesure qu'il gagne en maturité.»

«Vanek est en santé»

Le trio de Lars Eller a quand même été dans le coup, lundi, mais celui de Tomas Plekanec a été incapable de générer quoi que ce soit, pas plus que Daniel Brière au centre du quatrième trio.

Plekanec n'a qu'une mention d'aide à ses six derniers matchs et son compagnon de trio Thomas Vanek, qui n'a joué que 11:41 lundi soir, continue d'inquiéter.

Hier, Therrien avait l'occasion d'en réclamer davantage de leur part, mais il a préféré continuer de véhiculer son message collectif et positif.

«Pour qu'on se rende en finale d'association, il a fallu que chacun contribue à sa manière, et Thomas [Vanek] fait partie de tout cela. J'ai beaucoup de respect pour le travail qu'a accompli mon équipe.»

Vanek - qui est en santé, assure Therrien - parlait en fin de semaine dernière des missions défensives qui lui incombaient depuis qu'il a été jumelé à Plekanec lors du cinquième match de la série contre les Bruins de Boston. Certes, depuis le début des séries, le centre de 31 ans est peut-être l'attaquant qui joue les minutes les plus difficiles parmi les équipes encore en lice, du moins si l'on tient compte de la qualité des opposants et des nombreuses présences amorcées en zone défensive.

Mais Plekanec a toujours insisté sur une chose: il ne modifie pas son style de jeu en fonction du trio adverse. S'il n'a pas la rondelle, il se défend et cherche à la récupérer. Et il relance l'attaque dès qu'il reprend possession du disque.

Dans le deuxième match face aux Rangers, Plekanec a remporté les deux tiers de ses mises en jeu et seulement cinq d'entre elles sont survenues en zone défensive. Le contexte était favorable à ce que son trio se mette en marche. Ça ne s'est pas produit.

Pourtant, il était flanqué d'Alex Galchenyuk, de retour au jeu après une blessure subie le 9 avril à Chicago, et le jeune homme ne semblait pas trop tirer la langue.

«Pour un gars qui n'avait pas joué depuis six semaines, il a bien fait ça, a jugé Therrien. Ce n'est pas le rythme de la saison régulière, c'est le rythme des séries et il a été capable de le suivre. Alex a bien patiné, il a fabriqué des jeux, et à mesure que la série progresse, je m'attends à ce qu'il joue de mieux en mieux.»

Grosse côte, petite cote

Le Canadien mettra le cap sur New York après l'entraînement de ce midi. Malgré les astres défavorables, Therrien doit s'assurer que ses hommes continuent d'y croire.

«On a surpris bien du monde cette année, des gens qui avaient prédit que nous ne ferions pas les séries ou qui, pour être polis, nous avaient accordé le huitième rang, a-t-il rappelé. On a causé une surprise en balayant le Lightning de Tampa Bay et une plus grande surprise encore en écartant les Bruins de Boston. Peu de gens croyaient en nous, mais l'équipe, elle, croit en elle-même et voudra créer la surprise encore une fois.»

Les parieurs se montrent visiblement sceptiques. Ils avaient fixé à 11/4 les chances du Tricolore de remporter la Coupe Stanley avant le début de la finale d'association. On donne aujourd'hui du 18/1 à ceux qui voient encore le CH soulever le précieux trophée.

Kreider intéressait le Canadien

Les amateurs du Canadien ont appris à détester Chris Kreider en un clin d'oeil. Mais qu'en penseraient-ils s'il portait l'uniforme tricolore ?

On ne pourra peut-être jamais évaluer à quel point la haute direction du Canadien - à commencer par le président Pierre Boivin - a eu son mot à dire dans la sélection de Louis Leblanc en première ronde du repêchage de 2009, qui était présenté à Montréal. Ce qui est clair, c'est que Kreider intéressait beaucoup le groupe de dépisteurs du CH. Le patineur originaire du Massachusetts avait des atouts qui leur rappelaient ceux de Max Pacioretty, un autre Américain issu des rangs secondaires. Mais la pression était forte pour repêcher Leblanc, considéré comme le meilleur espoir québécois depuis longtemps à être accessible au Tricolore, compte tenu de son rang de sélection.

Le CH s'est tourné vers Leblanc au 18e échelon et les Rangers ont réclamé Kreider immédiatement après...

Le temps presse pour les jeunes Vail et Thrower

Deux jeunes espoirs du Tricolore voient les jours s'écouler et la fin de leur association avec l'équipe approcher à grands pas. Le centre Brady Vail, des Spitfires de Windsor, et le défenseur Dalton Thrower, des Giants de Vancouver, ont jusqu'au 1er juin pour signer un contrat avec le Canadien, sans quoi leurs droits cesseront d'appartenir au CH et ils seront de nouveau admissibles au repêchage.

Vail, qui a eu quelques matchs d'essai avec les Bulldogs de Hamilton en fin de saison,n'a toujours pas reçu de nouvelles du CH. Cet attaquant efficace dans les deux sens de la patinoire a été désigné le joueur le plus sous-estimé de la Ligue de l'Ontario par les entraîneurs-chefs de la OHL à l'occasion d'un scrutin annuel.

Thrower, lui, a vu sa saison prendre fin prématurément en raison d'une opération à une cheville. Il constituait « une décision difficile à prendre », dixit la direction, après avoir connu une saison intéressante à Vancouver.

Le brio de Lundqvist ne date pas d'hier

Dustin Tokarski est devenu le premier gardien depuis 1975 à vivre un premier match des séries de la LNH en obtenant un départ en finale d'association ou en finale de la Coupe Stanley. Michel Therrien n'a pas voulu confirmer son retour devant le filet lors du troisième match. « Il a été solide et il n'est pas la raison pour laquelle on a perdu, a insisté l'entraîneur. C'est plutôt qu'on s'est buté à un gardien au sommet de son art. Ces choses-là arrivent en séries. »

Le hic, c'est que le brio de Henrik Lundqvist ne date pas d'hier. Celui-ci a repoussé 162 des 168 derniers lancers qu'il a affrontés, ce qui correspond à un joli taux d'efficacité de ,964. En fait, le gardien suédois fait plus que sa part depuis le début des séries de 2012. En 48 départs en séries depuis 2012, il affiche une moyenne de buts alloués de 1,94 ainsi qu'un taux d'efficacité de ,931. La preuve commence à s'accumuler !