Peter Budaj n'a jamais eu pareille barbe des séries. Avec ses longs cheveux, on dirait un apôtre.

«Est-ce que je fais des miracles de guérison aussi?», a-t-il demandé en retirant son équipement.

La boutade en dit long sur la préoccupation que constituait le statut de Carey Price à la veille du deuxième match de la série opposant le Canadien aux Rangers de New York.

Price s'est blessé à la jambe droite en deuxième période après que l'attaquant Chris Kreider est entré violemment en contact avec lui. Sa présence dans le match de ce soir est incertaine.

«Il a subi des traitements et on va voir demain [aujourd'hui] s'il est en mesure de jouer», a indiqué Michel Therrien au terme d'un entraînement facultatif, duquel quatre autres joueurs ont pris congé.

«VOLONTAIREMENT ACCIDENTEL»

Chez le Tricolore, les avis sont partagés quant à la responsabilité de Chris Kreider lors du contact.

Dale Weise, qui pourchassait l'attaquant des Rangers tout juste avant l'impact, est prêt à lui donner le bénéfice du doute.

«Il fait son geste pour contourner Emelin, il m'a sur le dos, il n'a nulle part où aller et il va tellement vite, a expliqué Weise.

«Ça ne prenait pas grand-chose pour qu'on en arrive à cela.»

Mais Brandon Prust, lui, déplore le fait que Kreider n'a rien fait pour tenter d'éviter Price.

«Tout le monde dit que c'était accidentel, mais c'était "volontairement accidentel"», a indiqué Prust, qui a reçu une double mineure et 10 minutes d'inconduite en troisième période pour s'en être pris à Kreider.

En des mots différents, Michel Therrien et Brendan Gallagher ont corroboré la lecture de Prust.

«Nous sommes dans la LNH, nous savons comment tomber et nous apprenons jeunes à ne pas glisser les patins en avant, a ajouté le robuste ailier. Il a fait la même chose face à Marc-André Fleury dans la série précédente, et là encore, il n'a rien fait pour atténuer le choc.»

UN JEU QUI EN VAUT LE COUP

Afin de bien comparer avec l'incident impliquant Fleury, La Presse a joint le défenseur des Penguins de Pittsburgh Kristopher Letang, qui est entré en contact avec Kreider avant que ce dernier ne s'affaisse sur Fleury.

Le Québécois reconnaissait là un comportement de plus en plus répandu.

«Les attaquants n'hésitent plus à tomber s'ils se sentent le moindrement poussés, a expliqué Letang. Mais en général, ils ne foncent pas sur le gardien si on ne les touche pas.»

Même si Kreider a déjoué Fleury sur la séquence, le but a été annulé et le jeune ailier a écopé de sa première pénalité de l'année pour obstruction envers le gardien.

«Quand les attaquants foncent au filet, c'est rare qu'ils freinent, a soutenu Letang. C'est sûr qu'ils risquent une punition, mais cette punition-là peut aller d'un côté comme de l'autre. Ça vaut la peine, parce que ça peut résulter en un but ou à tout le moins en une chance de marquer.»

Notons qu'en plus du récent incident contre les Penguins, Kreider a également blessé Craig Anderson, des Sénateurs d'Ottawa, lors d'une scène semblable en février 2013. Anderson avait raté 18 matchs en raison d'une blessure à une cheville.

PETIT AIR DE DÉJÀ-VU

L'état de Price qui cause des inquiétudes, Budaj qui se dit prêt si l'on fait appel à lui, Prust qui exprime une certaine frustration dans les médias... On a cru revivre, hier, le scénario des séries de l'an dernier quand les choses ont tourné au vinaigre contre les Sénateurs.

«Nous sommes en troisième ronde, alors que l'an passé, c'était la première, s'est objecté Budaj. Et ce qui est encourageant, c'est que Carey a patiné avant nous aujourd'hui...»

En effet, un peu moins d'une heure avant ses coéquipiers, Price a chaussé les patins durant quelques minutes afin de tester ses déplacements en compagnie de Stéphane Waite.

L'an dernier, Price s'était blessé à la toute fin de la troisième période du quatrième match et n'avait pu participer à la prolongation. On ne l'avait pas revu par la suite.

«Regardons cela de façon positive, il a quand même été en mesure de terminer la période», a ajouté Budaj, qui en serait à un premier départ depuis le 9 avril si jamais Price devait déclarer forfait.

Même si tout le monde a spontanément craint pour le genou de Price au moment du choc avec Kreider, le fait que le patin droit du gardien se soit brièvement coincé sur le poteau donne à croire que sa cheville pourrait aussi être en cause.

Mais que ce soit le genou ou la cheville, il n'y a que les délais qui importent. Chose certaine, le Canadien ne sortira pas gagnant d'une «évaluation quotidienne» qui se prolonge...