Les joueurs des Rangers de New York avaient déjà le moral un peu dans les talons à bord de l'avion qui les ramenait à Pittsburgh, cet après-midi-là.

La veille, ils avaient perdu un autre match et tiraient de l'arrière 3-1 dans cette série contre les Penguins.

Quand les roues de l'appareil ont touché le sol, les joueurs, machinalement, comme à chaque atterrissage, ont ouvert leur téléphone cellulaire pour prendre leurs messages.

C'est à ce moment précis que Martin St-Louis a appris la tragique nouvelle: sa mère, France, âgée de 63 ans, venait de mourir de façon inattendue.

Il est dans un état de choc; ses coéquipiers aussi. «C'était très, très émotif dans l'avion, confiait son coéquipier Derick Brassard, hier, au bout du fil. On n'aime pas voir un coéquipier, un ami, dans cet état-là. Ç'a été un moment difficile pour tout le monde. Les Rangers ont tout de suite pris des arrangements pour qu'il rentre directement à Montréal. On voulait tous partir avec lui...»

Après une nuit à l'hôtel, le déjeuner, Brassard se préparait pour l'entraînement matinal du club en prévision de la rencontre en soirée, sans son grand leader, quand un coéquipier lui a appris que St-Louis était déjà en route vers Pittsburgh pour disputer le match et ainsi honorer la mémoire de sa mère.

Ce soir-là, Brassard a obtenu deux buts, une aide, distribué six mises en échec, et les Rangers l'ont emporté 5-1. Ils allaient remporter les deux matchs suivants, éliminer les Penguins de Pittsburgh, et les voilà à la porte du Centre Bell.

«Il est notre grande inspiration, dit Brassard. On a tous été blessés par cette histoire. Il n'était pas ici depuis longtemps, mais on a vite appris à le connaître et à l'apprécier.»

Les funérailles de la mère de Martin St-Louis se dérouleront dimanche à Laval et tous ses coéquipiers seront présents.

Une expérience inoubliable

Après avoir éliminé Sidney Crosby, Evgeni Malkin et compagnie, Brassard, St-Louis et les Rangers tenteront de jeter une douche froide sur le Centre Bell demain.

«J'ai eu beaucoup de difficulté à m'endormir mercredi soir après le match des Canadiens, dit Brassard. Je suis vraiment excité. C'est drôle parce que dans l'avion, après le septième match à Pittsburgh, Martin (St-Louis) m'a dit que si les Canadiens éliminaient les Bruins, j'allais vivre l'une des expériences les plus inoubliables de ma carrière. J'ai hâte de vivre le Centre Bell en séries, l'énergie, la foule...»

Brassard, qui a été échangé aux Rangers de New York en avril 2013 avec John Moore et Derek Dorsett en retour de Marian Gaborik, joue un rôle important dans les succès des Rangers ce printemps.

Il a obtenu 7 points en 14 matchs et forme un solide troisième trio offensif avec Benoit Pouliot et Carl Hagelin. Ce troisième trio compense la léthargie du premier trio formé par Rick Nash, Derek Stepan et Chris Kreider.

«Le fait de bien s'entendre à l'extérieur de la glace aide, dit Brassard. On a trois bons trios offensifs et un très bon trio défensif qui contribue aussi à l'attaque. Ben (Pouliot) est très énergique en échec avant et il possède tout un tir. Il a trouvé sa niche avec nous. On ne se met pas de pression, on ne se fait jamais de reproches et on n'est pas égoïstes. On pense à l'équipe avant de penser à nous.»

Brassard a répondu à La Presse en avant-midi, mais son téléphone cellulaire n'est pas ouvert très souvent.

«J'ai beaucoup de messages, mais je tente d'éliminer les distractions. J'ai beaucoup de demandes de billets, mais je vais les réserver à la famille. Je vais répondre à tout le monde après la série. Je n'écris rien non plus sur les médias sociaux comme Twitter.»

Brassard et ses coéquipiers savent qu'ils affronteront un gardien au sommet de sa forme, Carey Price, comme le leur, Henrik Lundqvist.

«Ils sont probablement parmi les trois meilleurs au monde en ce moment. Il faudra aller devant lui pour lui obstruer la vue et le faire déplacer d'un côté à l'autre.»

Les Rangers devront aussi affronter... Ginette Reno! «Je sais que c'est une grande chanteuse québécoise, et Martin aussi sûrement la connaît bien, mais on était concentré sur notre série et j'ai appris lors du sixième match des Canadiens seulement qu'elle chantait les hymnes nationaux au Centre Bell. J'ai vraiment hâte d'être à Montréal. En jouant aussi longtemps pour une équipe de l'Ouest à Columbus, je n'ai joué que quatre ou cinq fois en carrière au Centre Bell...»