En quelques mots bien choisis, c'est sans doute le capitaine Brian Gionta qui a le mieux résumé l'immensité de ce septième match, présenté mercredi soir à Boston. «C'est un scénario auquel on rêve tous quand on est enfants: tu gagnes... ou tu dois rentrer chez toi», a imagé le capitaine du Canadien.

Immensité, disions-nous?

Oui, c'est bien de cela qu'il s'agit. Après six matchs d'une rare intensité, où les deux clubs ont chacun récolté trois victoires, le Canadien et les Bruins devront se battre une dernière fois, mercredi soir au TD Garden, pour obtenir le privilège de passer au tour suivant, la finale de l'Association de l'Est.

À quelques heures du moment de vérité, plusieurs mots viennent en tête. Après immensité, il y a le mot pression, probablement. Car mercredi soir, il y en aura. Des tonnes. Surtout pour le Canadien, qui doit tenter de décrocher l'ultime bataille en terrain ennemi, chez des Bruins qui n'ont perdu qu'à sept reprises sur leur patinoire en saison «régulière», chez des Bruins qui vont certes rugir, transportés par cette foule qui ne connaît pas le silence.

Une confiance tranquille

Pourtant, dans le vestiaire montréalais mardi, quelques minutes avant le grand départ, il régnait un genre de confiance tranquille. Quelque chose comme de la sérénité. On le sait, c'est dans les matchs décisifs comme celui-là que certains des plus grands récits du hockey se rédigent.

C'est dans des matchs comme ceux-là que des héros naissent et se lèvent.

«Dans ces matchs, il y a des joueurs qui s'écroulent et d'autres qui en profitent pour hausser la qualité de leur jeu, a reconnu l'attaquant Daniel Brière. Nous sommes heureux d'être encore en vie, on sait qu'il n'y a pas de lendemain. Pour nous, c'est comme le match six. Il n'y a pas de place à l'erreur. Il faut qu'on fasse la même chose que lors de ce sixième match.»

Il y a un certain passé qui n'est pas favorable au Canadien. Dans l'histoire de la LNH, le club local a une fiche de 91-61 quand vient le temps d'un septième match. Lors du plus récent match sept entre les deux vieux rivaux, en avril 2011, les Bruins avaient triomphé en prolongation, 4-3.

«La moindre erreur»

Mais il y a d'autres chiffres plus favorables au maillot tricolore. Par exemple, cette statistique qui nous rappelle que le club montréalais a une fiche de 5-3 contre Boston dans le cadre d'un septième match.

«Tout devient plus gros dans une telle situation, a expliqué Gionta, présent lors de la déception de 2011. La moindre erreur paraît soudainement plus grosse, la moindre présence sur la glace est soudainement plus importante. On vit pour des moments comme ceux-là. C'est pour ça qu'on joue au hockey; pour ces moments-là.»

Ce sera le neuvième match numéro sept entre Montréal et Boston. Inutile de chercher plus longtemps: dans l'univers sportif, aucun autre affrontement entre deux rivaux n'a mené à autant de septièmes rencontres.

On peut dire que les Bruins ont l'habitude, eux qui ont vécu un septième match à chacune des sept dernières années. Il s'agit d'un record sur la planète LNH.

Pour toutes ces raisons, les joueurs du Canadien ne croient pas qu'ils vont voguer facilement vers un 4-0 confortable comme celui de lundi soir.

Pas du tout.

«On s'attend à ce que les Bruins carburent à l'urgence du moment, a admis Brière. Les deux équipes vont tout donner. On s'attend à ce que les Bruins jouent un peu plus avec le sentiment du désespoir.»

Pour peu, on pourrait croire que le 4-0 de lundi soir au Centre Bell a semé le doute dans le camp des Bruins... mais Brière est prudent. «C'est dur à dire. Peut-être pas semer le doute... mais on leur a peut-être fait peur un peu.»