C'est puissant, l'instinct de survie. Avec une performance des plus convaincantes face aux Bruins de Boston, «pratiquement notre meilleur match de la saison» selon Michel Therrien, le Canadien a poussé ses adversaires à un septième match en l'emportant sans appel par la marque de 4-0.

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Ça prenait l'effort de tous, et tout le monde a répondu. Même ceux qui portaient le bonnet d'âne depuis quelques jours se sont imposés.

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Le trio de David Desharnais a donné le ton à son équipe en imposant son rythme dès le premier vingt. Le centre québécois a récolté une mention d'aide dans ce match, a sauvé un but en plus d'être constamment premier sur la rondelle. Quant à Max Pacioretty, il a exorcisé ses démons face à Zdeno Chara en marquant un but en plus de collaborer au premier de la soirée de Thomas Vanek.

Mais vraiment, c'est tout le monde qui était à bord pour empêcher le CH de boucler ses valises estivales. D'un Brandon Prust revigoré à un Alexei Emelin qui frappait tout ce qui bougeait en infériorité numérique, en passant par Tomas Plekanec qui a tenu tête à Patrice Bergeron au cercle de mise en jeu, le rendement des 20 hommes en rouge n'a laissé aucune chance aux Bruins.

Ceux-ci ont joué de malchance en quelques occasions - entre autres sur le rebond chanceux qui a permis à Lars Eller d'inscrire le premier but - et nul doute que les choses auraient pu être différentes si Milan Lucic avait converti une chance en or en première période.

Mais les Bruins, plus lents et moins déterminés que le Tricolore, n'ont jamais passé proche. Sous Claude Julien, ils n'ont encore jamais gagné le sixième match d'une série à l'étranger lorsqu'ils avaient la chance d'éliminer l'adversaire (0-5).

L'aide de Beaulieu

Michel Therrien avait posé un geste audacieux en insérant le jeune Nathan Beaulieu dans la formation à la place de Douglas Murray, et la décision a payé à tous les points de vue: sorties du zone plus fluides, meilleure deuxième vague en avantage numérique, jeu de passe bien meilleur... Beaulieu a contribué à faire du Canadien une équipe plus mobile et plus rapide et l'a aidé à jouer en fonction de ses forces.

«Je ne me serais jamais imaginé que mon premier match de série en carrière serait un match d'élimination face aux Bruins de Boston, mais c'était très plaisant», a confié l'arrière de 21 ans.

«J'étais nerveux quand j'ai su que j'allais jouer, mais tout s'est placé après la première présence. J'ai été chanceux de jouer avec Weaver car il a beaucoup contribué à me calmer.»

Beaulieu n'a pas mis de temps à s'imposer car sa passe bondissante à Max Pacioretty est à l'origine d'un but qui ôtera une tonne de pression au numéro 67. À l'image de la soirée, Pacioretty a battu Zdeno Chara de vitesse pour saisir la rondelle avant qu'elle n'arrive à Rask. Ça lui a donné une échappée... d'environ une demi-enjambée!

«Beaulieu a joué tout un match, a dit Pacioretty. C'est un excellent patineur. Jamais je ne pourrais patiner comme lui après avoir passé autant de temps sans jouer un match.»

Pacioretty allait ensuite faire une bonne partie du travail devant le filet lors d'une supériorité numérique pour permettre à Thomas Vanek de sortir à son tour de sa léthargie.

Ce but de l'Autrichien allait faire fléchir les Bruins car le réveil de l'ours n'est jamais venu en troisième période. Vanek allait compléter en fin de match dans un filet abandonné par Tuukka Rask, qui a à peine eu le temps de se rendre à la ligne bleue avant de voir la rondelle pénétrer le filet.

Blanchissage de Price

Carey Price a été excessivement solide devant la cage du Tricolore, repoussant 26 arrêts. Ses plus importants ont eu lieu en milieu de deuxième lorsque les Bruins ont envahi la zone offensive. Non seulement a-t-il dû se défendre à court d'un homme, mais lorsque P.K. Subban est sorti du cachot, il s'est retrouvé coincé avec trois défenseurs et deux attaquants alors la pression des Bruins ne cessait pas. Mike Weaver et Josh Gorges ont passé trois minutes bien comptées sur la glace!

Le gardien de 26 ans, première étoile de la rencontre, a quand même eu l'aide de la barre transversale en deuxième période - un 10e poteau pour les Bruins dans cette série - et de Desharnais, qui a empêché à la toute dernière seconde une rondelle touchée par Jarome Iginla de franchir la ligne rouge derrière lui.

Quel départ!

Comme le craignaient les Bruins, le Canadien est sorti des blocs de départ avec la rage au coeur. De sorte qu'après que Lars Eller eut lancé les siens en avant, l'échec-avant tenace du CH a eu le dessus sur une défensive mollassonne dans le camp des Bruins. Autrement dit: il y a une équipe qui semblait la vouloir davantage.

«L'ambiance autour de l'équipe aujourd'hui était différente de tout ce que j'avais vu par le passé, a confié Max Pacioretty. Il faut trouver le moyen de revenir avec la même intensité et la même passion dans le septième match.»

Rendez-vous à Boston, mercredi. Et cette fois-ci, ce sont les deux équipes qui seront au seuil de l'élimination.

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Ils ont dit

> Thomas Vanek: «Je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit de différent. C'est bien d'avoir eu ces deux buts, mais la différence ce soir, c'est le jeu collectif qui a vraiment été au rendez-vous.»

> David Desharnais: «On sait qu'on n'est pas loin. On sait qu'on peut gagner.»

> Nathan Beaulieu: «Quand on s'entraîne avec les "black aces", il faut se tenir prêt car tout peut arriver. J'étais emballé par l'opportunité et j'ai voulu la saisir à deux mains.»

> Michel Therrien: «J'ai trouvé (Beaulieu) très bon. Il a affiché beaucoup de calme avec la rondelle et il patinait bien. Daniel Brière a aussi joué un match solide. J'ai beaucoup aimé la contribution de son trio. Et Brandon Prust a probablement joué son meilleur match des séries. J'ai vraiment aimé la contribution de tout le monde.»

> Mike Weaver, sur la présence de 3:00 qu'il a effectué dans sa zone avec Josh Gorges: «On nous attendait avec des bonbonnes d'oxygène à notre retour au banc... »

> David Desharnais: «Max (Pacioretty) se met beaucoup de pression, c'est normal. Mais en séries, ce sont des héros différents à chaque match. Aujourd'hui c'est lui. Mais ce n'est qu'une question de temps avant qu'il se remette à marquer avec régularité.»

> David Desharnais, sur le but qu'il a sauvé: «J'aime mieux donner un lancer de punition à Carey qu'un but immédiatement. J'ai été chanceux de ne pas rentrer la rondelle dans le but en plongeant. Quand je l'ai vue, j'ai juste donné un petit coup.»