La qualité du jeu défensif du Canadien fait en sorte qu'il garde confiance au moment d'amorcer une série deux de trois face aux Bruins de Boston.

Mais aux yeux de Michel Therrien, il est temps que certains attaquants ouvrent la machine. Sans avoir nommé personne, il apparaît clair que l'entraîneur-chef est mécontent de la façon dont s'implique son premier trio.

«Depuis le début des séries, certains joueurs éprouvent des difficultés à contribuer offensivement, a observé Therrien, hier, lors d'une conférence téléphonique. Ils se doivent de s'adapter à l'intensité des séries éliminatoires.

«Oui, ils sont surveillés très étroitement, on en est conscients. Mais l'intensité est différente au début, au milieu et à la fin de la saison régulière. Et arrivé en séries, c'est un autre genre d'intensité encore.

«Ces joueurs-là se doivent d'en donner plus offensivement.»

Laissés à leur aise par Claude Julien

Dans le quatrième match, le trio de David Desharnais n'a pas eu Zdeno Chara dans les pattes, ni l'un des deux premiers trios des Bruins. Manifestement, Claude Julien avait fait son choix en collant plutôt Chara et le trio de Patrice Bergeron à Thomas Vanek, Tomas Plekanec et Michaël Bournival. Autrement dit, l'entraîneur des Bruins semblait à l'aise d'offrir une opposition moindre au trio sur lequel son homologue Therrien se fie pourtant pour générer de l'attaque.

Le trio de Desharnais n'a pas profité de cette occasion. Malgré la combativité du centre québécois et son brio au cercle de mises en jeu, son unité peinait à créer des chances.

À sa décharge, cela fait deux fois dans cette série que Max Pacioretty se fait frapper sérieusement et qu'on se demande s'il n'a pas vu des étoiles.

Mais son coach n'est pas du genre à excuser le fait qu'un joueur n'est pas au sommet de ses capacités. Si un joueur est en uniforme, croit Therrien, il doit se donner à 100%.

«Je ne pointe personne du doigt, a-t-il réitéré lorsqu'on lui a demandé s'il faisait aussi allusion à Thomas Vanek. Il y a un ensemble de joueurs qui doivent nous apporter plus d'offensive.

«Ils doivent surmonter l'adversité pour s'assurer de demeurer des joueurs d'impact.»

Il y a quelques semaines, Pacioretty avait expliqué que le fait d'avoir Vanek sur son trio avait incité Desharnais et lui à revoir leur façon de jouer tellement l'Autrichien avait le don d'être imprévisible en possession de la rondelle.

Le fait de retrouver Gallagher à leur droite devait en principe les ramener à un style plus simple.

«Brendan va beaucoup dans les coins de patinoire et ça demande qu'on l'appuie un peu plus, expliquait Desharnais jeudi matin. Avec Vanek, on va faire un peu plus de jeux tandis qu'avec Gally, c'est plus simple: aller au filet, etc.

«Il va donc falloir qu'on travaille un peu plus fort.»

L'effort de jeudi ne semble pas avoir été suffisant aux yeux de l'entraîneur.

Vanek, un peu comme Kovalev

Le trio de Tomas Plekanec n'a peut-être pas créé plus d'attaque que celui de Desharnais, jeudi, mais il a tout de même neutralisé celui de Patrice Bergeron.

Et aux côtés du centre tchèque, Michaël Bournival a continué d'en mettre plein la vue.

«On le remarque tout le temps, a noté Plekanec. C'est l'un des gars les plus rapides sur la glace et il l'a encore démontré hier avec quelques bonnes chances de marquer.»

«Bournival s'adapte très bien à une série âprement disputée, a enchaîné Therrien. Il patine très bien, il se sent à l'aise de jouer dans ce genre de match. Il a été l'un de nos attaquants les plus engagés dans le match.»

Sur l'autre flanc, le rendement de Vanek demeure mystérieux. Grâce à sa vision du jeu, il a orchestré quelques superbes pièces qui ont créé des chances de marquer, tantôt pour Bournival, tantôt pour Pacioretty. Mais son coup de patin moins engagé et son jeu sans la rondelle nous font comprendre pourquoi il laissait parfois son entraîneur sur sa faim avec les Sabres de Buffalo.

«Vanek est un bon joueur qui est dangereux autour du filet, mais qui peut également ralentir le jeu pour ses compagnons de trio, a fait valoir Plekanec. Les passes qu'il réussit dans ces situations-là sont les plus dangereuses.»

À cet égard, le style de l'Autrichien ne lui rappelle-t-il pas un peu Alex Kovalev?

«Un peu, oui, par leur façon de ralentir le jeu et de trouver un coéquipier libre dans une deuxième vague d'attaque», a répondu Plekanec.

Dans le vestiaire

Confiants à 2-2

Il ne suffira pas d'une victoire à l'arraché des Bruins en prolongation pour ébranler le Canadien, entendait-on en substance dans le vestiaire du CH, hier. L'équipe estime s'améliorer de match en match et gagner en confiance.

«On a remporté un match en prolongation chez eux et ils ont fait la même chose chez nous, a résumé Tomas Plekanec. Alors on continue la lutte.»

«C'était plate de perdre, mais nous ne sommes pas découragés pour autant, a assuré Lars Eller. Nous avons déjà battu les Bruins à Boston et nous pouvons le faire encore. Nous ne sommes pas dans une mauvaise position.»

Un CH-Bruins sans punitions?

Qui aurait cru qu'une série Canadien-Bruins donnerait lieu à aussi peu de punitions?

Dans le troisième match, l'arbitre Chris Rooney, qui a décerné le plus de punitions mineures en saison «régulière», n'a signalé que deux infractions avec son collègue Tim Peel. Et il y en a eu trois, jeudi.

«J'aime mieux que les arbitres laissent aller le jeu plutôt que de l'interrompre avec trop de pénalités, estime Lars Eller. Il faut laisser jouer. Les joueurs restent quand même prudents avec leur bâton et prennent soin de ne pas écoper de punitions stupides.»

Depuis le début de la série, le CH a donné huit supériorités numériques en quatre matchs aux Bruins. Une telle discipline devrait jouer en leur faveur, mais si les Bruins en démontrent autant, le jeu à forces égales risque de les favoriser.

Michel Therrien soutient toutefois que son équipe s'améliore à cinq contre cinq. «C'est un aspect de notre jeu qu'on voulait améliorer en revenant de Boston et c'est ce qu'on a accompli.»