C'était la grande question, n'est-ce pas? Est-ce que le CH, ce CH souvent si fragile cette saison, allait pouvoir se remettre de sa chute brutale de samedi à Boston, quand cette avance de 3-1 en troisième s'est évaporée comme le fruit d'un mauvais vin laissé trop longtemps sur le comptoir?

La réponse, on l'a eue hier soir.

Pas que ce fut facile, ça non. Même que par grands bouts en troisième, ça commençait un peu à ressembler à ce film que l'on avait vu samedi, avec de gros Bruins menaçants qui fonçaient au filet de Carey Price.

Sauf que cette fois, l'écrasement n'a pas eu lieu.

Est-ce que ce serait trop simple d'avancer qu'hier soir, les gars en bleu, blanc et rouge étaient prêts à payer le proverbial prix? On les a bien vus se jeter devant des tirs en troisième, on les a bien vus couper des passes, démontrer cette espèce de hargne qui avait peut-être fait défaut dans la journée de samedi.

Effort total

Michel Therrien aime souvent dire qu'il a besoin de ses quatre trios, même des joueurs les plus obscurs, et on a compris pourquoi hier soir. Qui est venu mettre sa main sur la flamme de l'espoir que tentaient d'allumer les Bruins? Ce bon vieux Dale Weise, parti fin seul devant Tuukka Rask en deuxième, avant d'enfiler un but poétique de mains agiles dont on ignorait l'existence.

Avec lui, d'autres obscurs, incluant Weaver et Bournival, qui a sans doute offert son meilleur match depuis longtemps. Au hockey, les meilleures équipes sont souvent celles qui peuvent compter sur tout le monde, pas seulement sur les vedettes du premier trio.

Mais le Canadien a aussi besoin de ses vedettes. P.K. Subban? Un autre gros match pour lui, incluant un but d'une rare beauté en fin de première. Thomas Vanek? On ne sait trop s'il vaut vraiment 50 millions de dollars, comme son dernier contrat, mais sa passe sur le but de Plekanec en première valait au moins quelques millions. Au moins.

C'est sans oublier Carey Price, qui a une fois de plus été le Carey Price des grands soirs.

Avec tout ça, il ne faudrait surtout pas croire que les Bruins sont morts. Ils ont été moches, les Bruins, et ils ont raté des chances et puis raté d'autres chances. Ça arrive. C'est sans parler de leur jeu défensif, souvent atroce hier. On peut présumer que ce club-là sera meilleur demain soir, au moment d'amorcer le quatrième match.

Tout de même. Réalisons un moment que ce Canadien, largement négligé en ce deuxième tour, est passé à 10 minutes de mener cette série 3-0. Ce n'est pas rien.

Michel Therrien a souvent vanté la force de caractère de ses gars cette saison, et à force de l'entendre, on a un peu fini par ne pas trop s'attarder là-dessus. Mais peut-être que le pilote du CH a raison.

En tout cas, ses gars sont assez solides pour se remettre de l'effondrement de samedi, et pour saisir une avance de 2-1 dans la série. À force d'entendre qu'ils sont forts entre les deux oreilles, on va finir par y croire.

De toute évidence, les joueurs du Canadien y croient, eux.