Le matin du premier match de la série Canadien-Bruins, le centre Lars Eller a décrit les partisans de Boston comme étant ceux qui, à travers toute la LNH, ont le moins de «filtre» au moment d'invectiver l'adversaire.

Il ne croyait pas si bien dire.

Une salve de propos racistes à l'endroit de P.K. Subban publiés sur Twitter après la victoire du Canadien, jeudi soir, ne donne pas une très belle image des amateurs des Bruins de Boston.

Des individus frustrés que Subban ait donné la victoire au Tricolore en deuxième période de prolongation n'ont pas hésité à le traiter de «singe» et à multiplier les insultes, le mot nigger revenant assez souvent, merci.

Selon Influence Communication, un organisme de surveillance des comportements médiatiques, plus de 17 000 messages liant le mot-clic #nigger à Subban ont été répertoriés dans les 12 heures suivant le match. Influence Communication précise toutefois que la majorité de ces gazouillis dénonçaient les propos haineux tenus par une minorité.

Du côté du Canadien, on a préféré ne pas laisser à Subban le soin de commenter l'histoire. C'est Michel Therrien qui s'en est chargé.

«Il n'y a pas personne qui mérite de se faire traiter comme ça, a déclaré l'entraîneur-chef. C'est inapproprié. Je suis extrêmement déçu de la situation. C'est difficile à accepter de nos jours d'entendre des commentaires comme ceux-là.

«Le département des communications a informé P.K. de ces propos et il a notre soutien.»

Devant le tollé que ces commentaires racistes ont provoqué, le président des Bruins, Cam Neely, a senti le besoin de publier un communiqué, hier midi, afin de se dissocier de ces propos.

«Les opinions racistes et sans classe exprimées par un groupe d'individus ignorants après le match de jeudi, par le truchement des médias sociaux, ne sont d'aucune façon le reflet de l'opinion de quiconque associé à l'organisation des Bruins», a-t-il déclaré.

Cette déclaration était prête depuis longtemps car, à quelques nuances près, il s'agit du même communiqué que celui que les Bruins ont émis il y a deux ans lorsque l'attaquant des Capitals de Washington Joel Ward a subi le même traitement que Subban après que son but en prolongation du septième match eut éliminé les Bruins.

Un contexte embarrassant

Alors qu'ils s'apprêtaient à quitter la patinoire, au terme de la victoire de jeudi, les joueurs du CH se sont fait lancer des bouteilles d'eau à la tête et l'une d'elles a atteint Subban. Dans le vestiaire, le jeune défenseur a simplement haussé les épaules. «Ce n'est pas important, a dit Subban. Ce sont des fans passionnés.»

Ses coéquipiers semblaient s'entendre, hier, pour dire qu'il réagirait à ce plus récent incident avec le même haussement d'épaules.

Subban est une figure polarisante détestée des amateurs des Bruins. Mais ces débordements sont difficilement compréhensibles, compte tenu du fait que son frère Malcolm est le meilleur espoir de l'organisation des Bruins devant le filet.

Le fait que Willie O'Ree, le premier joueur noir dans l'histoire de la LNH, ait franchi cette barrière dans l'uniforme des Bruins et qu'aujourd'hui, l'un des joueurs les plus en vue de l'équipe soit Jarome Iginla, un autre joueur noir, rend le contexte d'autant plus embarrassant.

Pourtant, le sujet n'a pas semblé attirer l'attention des médias de Boston. À la tribune téléphonique du midi, les animateurs de la station de radio The Sports Hub 98,5 n'avaient guère envie d'aborder la question, sous prétexte que cela ne faisait que donner de l'importance à des gens qui n'en méritaient pas.