La rivalité entre le Canadien de Montréal et les Bruins de Boston ne date pas d'hier.

C'est d'ailleurs lors d'un match contre les Bruins que Maurice Richard a écopé d'une longue suspension, le 13 mars 1955, lorsqu'il a frappé un arbitre qui l'empêchait de se défendre.

Il y a eu cette spectaculaire et surprenante victoire du CH en 1971, en route vers la Coupe Stanley, la victoire dramatique en demi-finale en 1979, et toutes les séries épiques qui ont suivi.

Deux équipes toujours aux antipodes: la vitesse et la finesse contre la robustesse, l'intimidation, mais aussi le talent.

Quelques anciens du Canadien nous expliquent ce qu'une série contre Boston pouvait impliquer...

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RÉJEAN HOULE

«Il fallait toujours être alerte sur la glace contre Boston, prêt à recevoir des coups et vivre avec la douleur que provoquent les contacts physiques. Les Bruins n'ont jamais joué du bout de la palette. C'est une culture d'entreprise, chacun de leurs joueurs doit gagner ses batailles le long des rampes. À mon époque, dans les années 70, il y avait beaucoup d'intimidation verbale et physique. Les Flyers les ont d'ailleurs imités après que Boston eut gagné la Coupe en 1972. Les partisans dans les gradins populaires du Garden se retrouvaient presque au-dessus de nous, et on pouvait recevoir une pluie de bière sur la glace, et beaucoup de jurons. On réussissait à les battre avec la vitesse, malgré leur violence et les menaces de John Wensik à l'endroit de Guy Lafleur.»

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Photo Pierre Côté, archives La Presse

Réjean Houle

STEVE PENNEY

«Un gardien devait s'attendre à se faire bousculer davantage en séries contre les Bruins. À mon époque, les Terry O'Reilly, Wayne Cashman et les frères Crowder étaient très actifs, et notre rectangle des gardiens était beaucoup plus petit qu'aujourd'hui. Si on osait sortir de notre filet le moindrement, on se faisait brasser. Ce que je retiens surtout, ce sont les nombreux spectateurs que les gardiens de sécurité laissaient descendre le long des baies vitrées pendant les réchauffements. Ils criaient, ils nous insultaient. Quinze à vingt rangées de fans qui s'en donnent à coeur joie derrière le but pendant le réchauffement, c'est impressionnant. Il y en avait aussi qui nous attendaient quand on sortait de l'autobus, ils savaient où on allait se retrouver. Heureusement, nous avions néanmoins remporté nos deux séries contre eux en 1984 et 1985.»

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ÉRIC DESJARDINS

«Il n'y avait pas de séries plus difficiles pour un défenseur. Je me rappelle d'un moment, en 1987: ils avaient envoyé la rondelle en fond de territoire et ils étaient trois à ma poursuite. Je pensais qu'il y avait une ouverture au centre, mais le troisième est arrivé sans que je ne le voie. J'ai su après que c'était Brent Hugues. Les lumières se sont fermées. Quand je me suis réveillé, le soigneur était penché sur moi. Mais dans ce temps-là, il n'était pas question de s'absenter une semaine à la suite d'une commotion cérébrale, le soigneur nous faisait compter ses doigts et il nous donnait une Tylenol pour chasser le mal de tête. Leur style n'a jamais changé, seulement les joueurs. À l'époque, c'était Cam Neely; aujourd'hui, c'est Milan Lucic. Le Canadien affrontera le club le plus robuste de la LNH.»

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VINCENT DAMPHOUSSE

«C'était facile de les détester, on s'affrontait neuf fois par saison avant de se retrouver en séries éliminatoires, sans compter tout l'historique entre les deux équipes. Affronter les Bruins à Boston à l'époque était encore plus dur physiquement, parce que le Garden, comme le Chicago Stadium et l'auditorium de Buffalo, étaient plus petits que les autres. Le nouveau Garden est l'un des pires amphithéâtres de la LNH, et il n'y a pas d'histoire en plus. Mais le club actuel reste à l'image des Bruins, et j'ai hâte de voir comment les Pacioretty et Vanek réagiront. La foule sera hostile et s'en prendra à Price et P.K. Mais ce sont des professionnels et ils sont habitués. La foule ne nous dérange pas quand on est sur la glace. Les Canadiens affrontent une équipe complètement différente de celle de Tampa. J'ai d'ailleurs prédit la Coupe Stanley à Boston.»

Photo Bernard Brault, archives La Presse

Steve Penney