Tim Bozon et sa famille ont quitté Montréal pour la France mardi, là où l'espoir du Canadien poursuivra sa convalescence à la suite d'un épisode de méningite qui a failli lui coûter la vie. Avant son départ, La Presse en a profité pour faire une mise à jour de l'état de santé du hockeyeur de 20 ans avec son père, Philippe Bozon.

«Au jour d'aujourd'hui, aucun pronostic ne peut nous certifier une guérison à 100 %, a prévenu Philippe Bozon. J'ai compris ces derniers temps à quel point le cerveau était l'organe le plus compliqué du corps humain. Les médecins sont positifs par rapport à l'évolution de Tim, mais nous n'avons aucune garantie. C'est pourquoi on reste prudents.

«Tim a souvent des maux de tête, certains bénins et d'autres, très violents, a-t-il ajouté. On voit bien aussi qu'il y a des choses qui ne fonctionnent pas encore, mais on nous dit que c'est une question de temps. On ne sait pas quels peuvent être les dégâts éventuellement ou s'il n'y en aura pas du tout.»

Deux facteurs ont été déterminants dans le fait que Bozon ait survécu à la bactérie Neisseria qui s'est attaquée à lui le 28 février.

Le fait qu'il soit un athlète en bonne santé a mis toutes les chances de son côté. Mais surtout, il y a eu la réaction de son coéquipier cochambreur et du thérapeute du Ice de Kootenay.

«Ils lui ont sauvé sa vie, admet Philippe Bozon. Son coéquipier a tout de suite vu que Tim n'allait pas bien. Il a alerté le thérapeute, qui lui a pris toutes les bonnes décisions. Après certains traitements, il est resté avec lui dans la chambre avant de décider de l'emmener à l'hôpital. Le fait d'avoir été pris en main aussi vite a été primordial.

«Les sportifs sont habitués de jouer avec la douleur. Quand on a mal, on a tendance à attendre. Sauf que dans des situations comme celle-là, il ne fallait pas attendre. Si ç'avait été traité comme un simple mal de tête et qu'il était retourné à l'étranger, ce serait sûrement fini.»

Mais Tim Bozon n'était pas sorti du bois par le simple fait d'être sous la supervision des médecins.

«Tant que les médecins le maintiennent dans le coma et que le réveil n'a pas été entamé, ils sont préoccupés par la possibilité [d'un décès]», a avoué son père.

«Je sais que certaines informations ont circulé dans les médias sociaux, mais l'état de santé de Tim n'a pas changé au cours des 12 premiers jours. Quand nous sommes arrivés, il était déjà intubé et dans le coma.»

«Il ne se souvient pas du match»

Tim Bozon, un choix de troisième ronde du Canadien au repêchage de 2011, venait de disputer un match contre les Blades de Saskatoon avant de commencer à se sentir mal dans sa chambre d'hôtel.

«Il se souvient encore de la veille de la partie, mais ne se souvient pas du match et de tout le reste non plus, a raconté Philippe Bozon. On a pris des photos lorsqu'il était aux soins intensifs pour lui montrer ensuite d'où il était revenu et pourquoi les gens disent à quel point il a fait des progrès.

«Car lorsqu'il est sorti du coma, il pensait avoir dormi pendant deux jours. Il a fallu tout lui expliquer.»

Bien qu'il en soit encore très loin, Tim Bozon vise de reprendre sa vie de hockeyeur et d'atteindre un jour la LNH. L'objectif est en soi un moteur de guérison.

«Tim a toujours été quelqu'un qui savait où il s'en allait et qui a pris les moyens pour s'y rendre, confie Philippe Bozon. C'est sûrement le plus gros match de sa vie. Cette expérience va l'enrichir. S'il s'en sort, il aura encore plus d'atouts avec lui.»

À Montréal, puis en France

Deux semaines avant sa méningite, Tim Bozon s'était cassé deux dents à la suite d'un coup de coude. Il a profité de son passage à Montréal pour les faire réparer.

«On a pensé que ç'aurait pu être une hypothèse expliquant comment il a contracté la méningite, mais les médecins l'ont vite rejetée, a dit son père. Cela dit, il fallait éliminer tout risque d'infection avant de retourner en Europe.»

La famille s'est également entretenue avec les médecins du Canadien qui ont procédé à d'autres tests, en plus d'élaborer le plan des prochaines semaines.

Après avoir passé quelques jours à se remettre du décalage horaire, Bozon recommencera en France les séances de physiothérapie qu'il a interrompues lors de sa semaine à Montréal.

«Ses progrès en physio à l'hôpital de Saskatoon étaient incroyables d'une journée à l'autre, a indiqué Philippe Bozon. Il avait recommencé à faire de petites courses, du vélo pendant cinq minutes et de petits bondissements. Ce sont des améliorations incroyables par rapport aux premiers jours.

«Sa voix est meilleure aussi. Elle est enrouée, mais ce n'est plus un filet de voix. De façon générale, on est capables de distinguer les moments où il est bien de ceux où il va moins bien.»

Bozon passera trois semaines dans un centre de rééducation dans le sud-ouest de la France au terme desquelles ses progrès détermineront s'il pourra être transféré dans un centre plus proche du domicile familial.