Quand Nathan Beaulieu est retourné à Hamilton durant la pause olympique, il s'attendait à revenir à Montréal à toute vitesse. Après tout, il avait connu une bonne séquence avec le Canadien. Le défenseur de 21 ans pensait avoir mérité sa place.

Eh bien, non. À la reprise des activités dans la LNH, à la fin du mois de février, c'est un autre jeune qui a fait la route entre Hamilton et Montréal. Un certain Jarred Tinordi. La nouvelle n'a pas plu à Beaulieu, on peut s'en douter. Il lui a même fallu quelques semaines pour s'en remettre ainsi qu'une bonne discussion avec Patrice Brisebois.

«Quand c'est Tinordi qui a été rappelé, c'est certain qu'il l'a mal pris. C'est un jeune. Il n'était pas content. Il disait: "Pourquoi lui, pourquoi pas moi? J'ai bien fait pourtant..." Il se cherchait», a expliqué Brisebois, mercredi, qui occupe le poste d'entraîneur attitré au développement des joueurs avec le Canadien.

«C'est normal: le rêve de tous les joueurs est de jouer dans la Ligue nationale. Il a passé deux, trois semaines plus ardues. Il ne jouait pas du bon hockey. On a eu un bon meeting avec lui. On s'est parlé. Il a fallu lui donner confiance», a raconté Brisebois, qui a rencontré les médias au moment d'être intronisé au Temple de la renommée de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), mercredi.

Brisebois a rappelé au 17e choix du repêchage de 2011 de se faire valoir à Hamilton. «D'arrêter de penser à en haut. De penser à ici», dit-il.

«C'est un bon kid. Un jour, il va jouer dans la Ligue nationale, je ne suis pas inquiet. Ça va dépendre de lui, juge-t-il. Je lui ai dit de se présenter à chaque soir, de jouer son meilleur hockey. Comme ça quand Marc Bergevin va appeler Sylvain Lefebvre pour lui demander qui est son meilleur défenseur, Sylvain va répondre: "Nathan Beaulieu"».

Souvenirs de junior

La cérémonie de mercredi n'a pas été que l'occasion de parler des jeunes espoirs du Canadien. Brisebois s'est aussi souvenu de ses jeunes années dans le hockey junior majeur. L'ancien défenseur a passé trois saisons avec le défunt Titan de Laval et une autre avec les Voltigeurs de Drummondville.

«J'ai participé trois fois à la Coupe Memorial et je ne l'ai jamais gagnée, c'est mon seul regret de ces années», a dit Brisebois, qui a joué dans la LHJMQ de 1987 à 1991.

Brisebois, qui a été intronisé mercredi aux côtés de Gerard Gallant, n'avait que de bons souvenirs de ces années. Quand le commissaire Gilles Courteau l'a appelé pour lui annoncer la bonne nouvelle, il s'est immédiatement rappelé les personnages qu'il a croisés dans le junior.

Il y a eu Patrick Black, l'homme fort qui le défendait. «Il a été correct avec moi! Je ne dis pas que j'étais coq, mais disons que je donnais des coups de temps en temps.»

Il y a eu Gino Odjick, «qui est arrivé au camp et qui ne savait pas patiner, mais qui était tough

Et il y a eu Claude Ruel, l'ancien entraîneur du Canadien, qui l'avait pris sous son aile. «Il m'amenait souper au St-Hubert et il disait: "T'as fait des erreurs à soir, t'auras pas de dessert!" »

«Ç'a été les plus belles années de ma carrière. Je faisais ce que j'aimais. J'étais payé 35 piastres par semaine. Je jouais au hockey, se rappelle Brisebois. Je n'avais pas la pression des pros, d'être payé pour livrer la marchandise.»

La pression est venue après, lourde et insidieuse, au cours des 15 saisons disputées avec le Canadien de Montréal. Patrice Brisebois ne voulait pas trop y penser, mercredi. La cérémonie l'a ramené à un temps plus simple, où jouer au hockey était avant tout un plaisir.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Patrice Brisebois et Gerard Gallant ont été intronisés au Temple de la renommée de la LHJMQ, mercredi.