À moins d'être représenté par Bobby Orr, aucun joueur de la LNH n'a un agent présentant un profil d'ancien joueur aussi imposant que celui d'Igor Larionov.

L'ancienne vedette de l'Armée rouge et des Red Wings de Detroit, qui a 53 ans, veille sur la carrière d'Alex Galchenyuk. C'est l'un de ses trois seuls clients dans la ligue.

«J'aime mieux miser sur la qualité et être suffisamment disponible pour avoir une meilleure influence sur eux lorsqu'ils ont besoin de moi», nous a-t-il expliqué.

Larionov, qui a fondé sa propre agence en compagnie d'Ian Pulver, est basé à Detroit. Il n'allait pas rater l'occasion de voir son poulain à l'oeuvre lors de la récente visite du Canadien au domicile des Wings.

«Je vais le voir à Montréal quelques fois par année et je ne manque pas ses visites quand il vient à Detroit. Cette fois-ci, j'ai renoncé à un tournoi junior en Russie afin de le voir en action.»

Larionov n'est pas du genre à vouloir s'impliquer dans la vie quotidienne de Galchenyuk. Il tente en revanche de mettre à sa disposition sa vaste expérience de joueur.

«Je regarde ses matchs sur vidéo, je décortique ses présences et je le conseille sur certains aspects de son jeu qu'il pourrait améliorer», explique-t-il.

«Ce sont des conseils que d'autres agents ne pourraient pas me donner, convient Galchenyuk. Ce n'est pas juste bon de l'avoir comme agent, mais simplement comme personne de mon entourage.»

Patience!

En dépit de son indéniable talent, Galchenyuk connaît une deuxième saison plus difficile. Il n'a récolté qu'un point de plus que l'an dernier jusqu'ici, même s'il a disputé 13 rencontres de plus. Son différentiel de -14 détonne par apport à celui de l'an passé (+14). Et les indicateurs de possession de rondelle lorsqu'il est sur la patinoire sont en baisse cette saison - même si, on doit le noter, Galchenyuk amorce davantage de présences en zone défensive que l'an dernier.

Le prometteur attaquant du Canadien espérait afficher plus de constance que la saison dernière, mais il continue d'être son plus grand critique.

«C'est normal pour Alex de vouloir toujours en faire plus pour son équipe, mais je crois que les entraîneurs ne perdent pas de vue qu'il a seulement 20 ans, estime Larionov. Ce serait inutile de lui mettre une pression additionnelle. Il faut le calmer, parfois, parce qu'il peut aller loin dans sa tête afin d'analyser ce qui ne va pas. Mais tout cela est un processus normal. Les hauts et les bas diminueront avec la maturité, il doit se montrer patient.

«Il ne faut pas oublier que c'est sa première saison complète dans la LNH. Vivre un calendrier préparatoire, une saison complète et se préparer en vue des séries éliminatoires est tout à fait différent d'une saison écourtée par un lock-out.»

Un apprenti magicien

Comme un peu tout le monde, Igor Larionov attend le jour où Galchenyuk pourra enfin occuper un poste de joueur de centre avec le Tricolore.

«Dès son arrivée à Sarnia, dans la Ligue junior de l'Ontario, je savais qu'il serait meilleur au centre. S'il est pour jouer à l'aile, il doit avoir un fabricant de jeu doué à ses côtés qui pourra l'alimenter et l'aider à utiliser ses atouts afin d'avoir un maximum d'impact sur les matchs.

«Alex est costaud, il est responsable, il est doué et il est imaginatif. Il a tout ce qu'il faut pour jouer au centre. Cela étant dit, je ne veux pas avoir l'air du gars qui se plaint dans les médias pour que ça arrive...»

Le Russo-Américain passe à travers un processus qui l'appelle à maîtriser les concepts défensifs dans la LNH. C'est d'ailleurs un passage obligé d'ici son transfert au poste de centre.

«À ce stade-ci de sa carrière, l'entraîneur peut juger que c'est trop de responsabilités que de l'envoyer contre des attaquants aguerris comme Joe Thornton ou Patrick Marleau, admet Larionov. À plus court terme, il doit un peu sacrifier son style de jeu et travailler patiemment son jeu en attendant de se retrouver au centre un jour.»

Les systèmes défensifs sont plus perfectionnés que jamais et, à l'autre bout de la patinoire, générer de l'offensive n'est plus une mince affaire. Mais Larionov ne croit pas que cela freine pour autant le talent de joueurs comme Galchenyuk.

«Les équipes qui pratiquent la possession de rondelle finissent par être celles qui contrôlent le jeu, et chez ces équipes-là, il y a encore moyen pour les magiciens de la rondelle de s'exprimer, soutient Larionov. On le voit chez Pavel Datsyuk, Sidney Crosby, Evgeni Malkin ou Patrick Kane. Certes, il n'y a peut-être pas beaucoup d'espace sur la glace, mais ces gars-là en trouvent suffisamment pour garder le hockey spectaculaire.

«Alex sera l'un d'eux, ajoute Larionov. Avec ce qu'il démontrait l'an dernier, c'est sûr qu'il va atteindre ce niveau. Il doit simplement gagner de la force et de la confiance. Il doit en outre garder la confiance de son entraîneur, même si des erreurs vont survenir en cours de route. Car il a le talent pour soulever les spectateurs de leur siège à Montréal...»

Photo Paul Warner, archives AP

Igor Larionov a remporté la Coupe Stanley à trois reprises avec les Red Wings de Detroit.