Tim Bozon était chétif et faible, hier, en conférence de presse à Saskatoon, mais qu'importe, il a survécu.

«Je vais bien, a-t-il dit d'une voix sourde et rauque. J'ai connu une épreuve difficile et je me sens beaucoup mieux maintenant.»

Malgré sa santé encore fragile, l'espoir des Canadiens a pu s'adresser aux médias quelques instants avant de recevoir son congé de l'hôpital.

Il y était confiné depuis quatre semaines, gravement atteint par une méningite bactérienne qui a menacé sa vie et forcé les médecins à le plonger dans un coma artificiel.

Bozon récupère de façon étonnante et il se sent déjà assez bien pour procéder ce soir à la mise en jeu protocolaire avant le match éliminatoire du Ice de Kootenay, son équipe dans la Ligue junior de l'Ouest.

Les médecins ne peuvent toujours pas dire s'il pourra éventuellement continuer sa carrière, mais la convalescence ne sera pas courte.

Bouchard comprend

Le président de l'Armada et ancien défenseur de la LNH, Joël Bouchard, comprend bien ce que Bozon peut vivre.

Bouchard a passé deux semaines entre la vie et la mort dans un hôpital de Dallas en avril 2000 alors qu'il jouait pour les Stars, victime lui aussi d'une méningite bactérienne.

«Je faisais 105,9 de fièvre lorsque je me suis présenté à l'hôpital, confiait-il hier à La Presse. J'ai reçu tellement de ponctions lombaires qu'ils ne voulaient plus m'en faire à la fin. Ma mère était venue me rejoindre à Dallas. Je n'ai jamais pensé mourir, je ne voulais pas penser à ça. Je préférais me concentrer sur le combat que je devais mener, mais de toute façon, mon jugement était affecté et j'en perdais souvent des bouts. Tu n'es pas toi-même. Quand j'ai quitté l'hôpital, les médecins m'ont dit que je leur avais fait très, très peur...»

Comme Bozon, le fondateur de l'Armada avait «fondu» quand il avait quitté l'hôpital.

«Quand Brett Hull m'a vu la première fois, il m'a demandé si j'avais une montre ou une ceinture autour de la taille.»

Bouchard recommande à Bozon d'être patient. «J'avais eu l'été pour récupérer et je me suis présenté au camp des Coyotes de Phoenix en septembre, mais ça peut prendre au moins un an avant de redevenir soi-même physiquement et psychologiquement. C'est tout un choc sur le système. J'avais commencé la saison dans la Ligue américaine et c'est probablement ce qui était le mieux pour moi, puis on m'avait rappelé après 15 matchs. Tim devra être patient. Ça ne sera pas une course, mais un marathon.»

L'expérience qu'a vécue Bozon a fait ressurgir de vieux souvenirs que Bouchard croyait enterrés.

«Ça faisait des années que je n'avais pas parlé de ça. Et je n'aime pas particulièrement en parler. Ce ne sont pas de très bons souvenirs.»

Vers Montréal puis la France

Après un séjour à Cranbrook pour recueillir les effets personnels du jeune homme, la famille Bozon se rendra à Montréal pour rendre visite aux membres de l'organisation du Canadien. Bozon consultera aussi des médecins sur place. La famille quittera ensuite Montréal en direction de la France, où Bozon entreprendra un programme de réadaptation en clinique.

Le neurologue Gary Hunter a soigné Bozon dès son hospitalisation à l'Hôpital royal universitaire de Saskatoon. Il s'est dit d'avis que le fait de lui avoir administré des soins rapidement et d'avoir provoqué un coma artificiel a eu un impact important sur la guérison du hockeyeur.

«Il a progressé de façon vraiment étonnante, alors je crois que le pronostic est très bon, a dit le médecin. Il est coriace et il est très motivé, alors je pense que ça va très bien se dérouler.»

Son père, Philippe Bozon, était visiblement ému. Celui qui a joué dans la LNH avec les Blues de St. Louis dans les années 1990 a remercié les membres de la communauté de hockey de Saskatoon et du pays de leur générosité et leur soutien.

Il a reconnu que les traitements ont coûté cher et a encouragé le public à faire des dons pour un fonds de fiducie qui a été mis sur pied afin que la famille puisse payer les frais - médicaux et d'autre nature - engagés durant cette épreuve.

«Je tiens à dire que nous sommes fiers de toi, Timmy, après t'avoir vu livrer un tel combat, a dit Philippe Bozon, en parlant au nom de son épouse et en son nom à lui. Je sais que la lutte a été dure et je sais que tu continues de lutter. Je croirai toujours en toi.»

L'agent de Bozon, Roly Thompson, a constaté avec incrédulité la vitesse à laquelle son client avait progressé et envisage avec optimisme la possibilité d'une guérison complète.

«Évidemment, il y a encore beaucoup de chemin à faire, a-t-il noté. Il faut passer par la réadaptation et il est important que tout le monde réalise que ça ne se fera pas du jour au lendemain. Mais au fond de moi, j'ai le sentiment qu'il va jouer un jour pour le Canadien de Montréal.»