Malgré une domination au classement, l'acquisition du gardien Ryan Miller, les compliments provenant des quatre coins de la LNH, le DG des Blues de St. Louis, Doug Armstrong, a un sentiment d'inachevé.

«Les grandes équipes sont reconnues pour ce qu'elles font en séries éliminatoires, pas pendant la saison. Votre carrière est définie par les séries éliminatoires», a confié Armstrong à La Presse, au bout du fil.

Les Blues sont l'équipe de l'heure dans la LNH, avec les Bruins de Boston. Les deux clubs sont à égalité en tête du classement de la Ligue nationale, avec 103 points chacun.

«Notre équipe demeure encore méconnue, et c'est normal, dit-il. Il nous faudra faire une percée en séries, jouer des matchs importants à la télé nationale avant d'obtenir cette reconnaissance. Boston, Chicago, Pittsburgh et Los Angeles l'ont obtenue parce qu'ils ont gagné.»

Armstrong comprend, par exemple, la réaction des gens qui qualifient son club d'équipe défensive, même s'il trouve l'énoncé inapproprié.

«On nous colle cette étiquette parce que nous accordons très peu de buts et de chances de marquer, mais cela provient de notre efficacité en possession de rondelle au sein du système instauré par notre entraîneur Ken Hitchcock, précise-t-il. Nous ne donnons pas la rondelle à l'adversaire.»

Doug Armstrong commence à être reconnu dans le milieu comme un bâtisseur de premier plan.

Il a travaillé dans l'ombre de Bob Gainey à Dallas pendant presque deux décennies, avant de lui succéder chez les Stars. L'aventure a duré quelques saisons à peine avant qu'il ne soit congédié. Il a eu le temps d'arracher Mike Ribeiro contre Janne Niinimaa à Gainey, passé entre-temps au Canadien, avant de perdre son emploi.

Les Blues l'ont vite récupéré, et il a obtenu le poste de DG à St. Louis en 2010. Sa priorité: entourer cette bande de jeunes premiers (repêchés par Jarmo Kekalainen) par des vétérans.

Du leadership

«Il y a beaucoup de points communs entre les Stars de l'époque et les Blues, dit-il. Bob Gainey avait su entourer les jeunes Mike Modano et compagnie de vétérans comme Mike Keane, Guy Carbonneau et Joe Nieuwendyk. Ça nous a permis de connaître du succès et de remporter la Coupe Stanley. Quand j'ai été embauché comme DG des Blues, c'est l'un des premiers problèmes que j'ai ciblés. Nos jeunes étaient bons, mais il nous manquait de leadership dans le vestiaire. Jamie Langenbrunner, Jason Arnott et Scott Nichol ont été acquis pour cette raison, et ils ont bien assuré la transition.»

Sa première transaction majeure, il l'a réalisée avec le duo Gainey-Gauthier en obtenant un Jaroslav Halak fraîchement auréolé de gloire à Montréal, en retour de Lars Eller.

Ce gardien populaire a été échangé quatre ans plus tard par Armstrong, sans jamais avoir remporté une ronde éliminatoire - à peine un match -, mais Lars Eller n'a rien cassé à Montréal.

«Halak nous a apporté beaucoup de stabilité, dit le DG des Blues. Et il a quitté St. Louis avec un formidable taux de victoires, l'un des meilleurs de la LNH. Mais Ryan Miller était le gardien qu'il nous fallait. Il a 33 ans, de l'expérience, il veut prouver qu'il est un candidat éventuel pour le Temple de la renommée, et il aura la chance de le démontrer avec nous.»

Armstrong a donné Halak, Chris Stewart, le jeune William Carrier et un choix de première ronde pour Miller et Steve Ott. Il s'agit d'un prix important à payer pour un éventuel joueur autonome sans compensation, mais Armstrong semble avoir bon espoir de le retenir.

«Nous avons déjà exprimé notre volonté de le mettre sous contrat pour les prochaines saisons. Il dit qu'il se plaît ici. Bref, les deux parties semblent aussi satisfaites l'une que l'autre. Voyons à la fin de la saison comment nous pourrons nous entendre.»

Une défense stable

Armstrong n'en était pas à son premier coup d'éclat. En 2011, il a échangé à l'Avalanche du Colorado le premier choix de l'équipe en 2006, le défenseur Erik Johnson, en retour de Kevin Shattenkirk, de Chris Stewart et d'un choix de première ronde (Duncan Siemiens).

«Nous avions deux défenseurs droitiers de premier plan qui voulaient obtenir le même rôle en supériorité numérique, et nous avons misé sur Alex Pietrangelo. Shattenkirk était plus petit en taille, mais c'était un défenseur qui excellait dans un club orienté vers le contrôle de la rondelle, et Chris Stewart nous apportait de la puissance à l'attaque.»

L'année suivante, Armstrong a pu obtenir Jay Bouwmeester des Flames de Calgary, et il a ainsi complété sa redoutable défense, sans doute la meilleure de la Ligue.

«Nous étions à la recherche depuis plus d'un an de ce type de défenseur gaucher dans notre perspective de possession de rondelle. Calgary ne voulait pas le donner, mais quand ils ont réalisé qu'ils ne participeraient pas aux séries, la porte était ouverte.»

Armstrong a vite offert une prolongation de contrat à Bouwmeester, qui s'est signalé avec l'équipe olympique canadienne, il y a quelques semaines.

«Il est sous contrat pour encore quatre ans, Alex Pietrangelo pour les cinq années suivantes et Kevin Shattenkirk, pour trois années supplémentaires. Notre défense sera stable pour encore longtemps.»

Derrière cette puissante équipe se trouve un entraîneur d'expérience, Ken Hitchcock, embauché par Armstrong en novembre 2011 après un début de saison catastrophique sous Davis Payne.

«Ken a beaucoup changé au fil des ans. À Dallas, il voulait prouver à un groupe de vétérans qu'il pouvait diriger un club de la LNH. Quand il est arrivé avec les Blues, il avait gagné la Coupe, connu du succès au niveau international, et il venait de diriger un jeune club à Columbus. Il n'avait plus à faire ses preuves et il était devenu un bien meilleur communicateur, à l'écoute de cette nouvelle génération de joueurs.»

Tous les éléments sont en place pour les Blues. Ne manque qu'un trophée. Et ce trophée définira la place de Ryan Miller, de Doug Armstrong et de plusieurs membres des Blues dans l'histoire.