Il n'aura fallu qu'une légère blessure à Carey Price pour que l'organigramme du Canadien se mette à bouger à la position de gardien.

Les ennuis de Peter Budaj et le fait que Dustin Tokarski soit la saveur du moment changent la dynamique, mais l'acquisition de Devan Dubnyk à la date limite des transactions vient ajouter une aura de mystère.

Rencontré en fin de semaine à Toronto, Dubnyk, le nouveau gardien les Bulldogs de Hamilton, ne sait pas lui-même ce qui l'attend.

«À l'heure actuelle, c'est strictement pour ajouter de la profondeur», a réitéré la semaine dernière le directeur général Marc Bergevin.

De la profondeur à Hamilton? C'est dire à quel point c'est une saison à oublier pour cet ancien choix de première ronde en 2004 qui était le numéro un des Oilers d'Edmonton au début de la saison.

Après avoir bien tenu le fort l'an dernier, Dubnyk a perdu tous ses repères à l'aube de la nouvelle saison. À ses 4 premiers départs sous les couleurs des Oilers, il a accordé 19 buts en 111 tirs (taux d'efficacité de 82,8%). Il a vite touché le fond du baril.

«Tout le groupe a connu un début très difficile, a confié le gardien de 6'6 à La Presse. Pour ma part, je n'ai assurément pas joué au même niveau que je l'avais fait dans les saisons précédentes. Il y a eu beaucoup de changements de personnel et de système, ce n'était pas facile. Je n'ai jamais été en mesure de prendre mon rythme.»

Les Predators de Nashville ont ensuite fait son acquisition en milieu de saison afin de pallier l'absence de Pekka Rinne. Ils ne l'ont pratiquement pas utilisé.

À l'approche de la date limite des transactions, Dubnyk avait hâte de sortir de Nashville.

«Le hic, c'est qu'il n'y avait pas beaucoup de blessures à des gardiens, et les postes disponibles étaient rares», rappelle-t-il.

Le gardien de 27 ans attribue sa mauvaise campagne non pas tant à des erreurs techniques qu'à une disposition mentale qui a changé.

«On n'oublie jamais comment garder les buts, ce n'est pas le genre de chose qui se perd, estime Dubnyk. Je dirais davantage que c'est devenu difficile d'avoir du plaisir. Normalement, je suis un gars qui est en mesure de rester détendu. Or, cette fois-ci, surtout en deuxième moitié de saison, c'est devenu pénible. Je n'ai pas joué pendant six semaines alors que ma famille, incluant mon petit bébé, était restée à Edmonton...»

Si une équipe s'intéresse...

En l'espace de quelques mois, Dubnyk est donc passé de gardien numéro un dans la LNH à un gardien pris au milieu d'un étrange ménage à trois dans la Ligue américaine. Certes, le statut de Tokarski est changeant, mais Dubnyk n'a pas pour autant la pôle à Hamilton. Il doit se battre avec Robert Mayer pour du temps d'utilisation et ses premières sorties avec les Bulldogs - trois revers, dont l'un où il n'a pas terminé le match - n'ont pas toutes été convaincantes.

«Mais je me dis que lorsqu'une équipe fait une transaction pour acquérir tes services, c'est signe qu'elle désire t'avoir dans les parages», observe-t-il.

On parle quand même d'un gardien qui a près de 175 matchs d'expérience dans la LNH. Il doit y avoir un moyen de le remettre sur le droit chemin, et c'est d'ailleurs ce qu'a suggéré Stéphane Waite lorsque Marc Bergevin l'a consulté à ce sujet.

«Je ne connais pas Waite personnellement, mais mes anciens entraîneurs des gardiens ne disent que de bonnes choses à son sujet, a indiqué Dubnyk. On n'a qu'à voir ce qu'il a fait cette saison avec Carey Price. Carey a très bien joué pendant plusieurs saisons, mais il l'a aidé à atteindre un autre niveau cette année.

«J'aimerais bien avoir la chance de travailler avec lui à un moment donné.»

Les Predators ont pratiquement donné Dubnyk au Tricolore, après que personne ne l'eut réclamé au ballottage. Dubnyk sera joueur autonome sans compensation à la fin de la saison, et l'on ne devrait pas s'arracher ses services le 1er juillet.

«J'imagine que le Canadien a un plan, dit-il. On ne m'a rien dit encore - il faut dire que tout s'est déroulé à une période où la direction était très occupée -, mais je suis certain qu'il y aura un dialogue à un certain moment.

«Pour l'instant, même si je vise de revenir dans la LNH, je préfère ne pas trop y penser. Ça me rendrait fou. J'aime mieux me contenter de travailler fort au quotidien et de voir ce qui va se produire.»