Sur sa signature électronique, sous son nom, Caroline Ouellette indique qu'elle est «athlète au hockey, championne olympique en 2002, 2006 et 2010». Elle n'a pas encore eu le temps d'ajouter le quatrième titre, remporté il y a à peine deux semaines à Sotchi, le plus beau sans doute puisqu'elle était la capitaine de la formation canadienne encore championne au terme d'un des matchs les plus enlevants de l'histoire du hockey.

«Je ne réalise pas encore tout à fait ce que nous avons accompli, a expliqué la grande dame du hockey féminin, plus tôt cette semaine en entrevue. C'était vraiment notre grand objectif et l'avoir atteint, après avoir affronté tant d'épreuves, procure une sensation extraordinaire. Je suis tellement fière de cette équipe, fière de la façon dont nous sommes revenues de l'arrière en finale, sans jamais lâcher.»

Jamais Ouellette n'avait eu à s'investir autant dans une équipe. Le départ de l'entraîneur-chef Dan Church à quelques semaines des Jeux, l'arrivée imprévue de Kevin Dineen, les blessures et les tiraillements internes avaient fait naître bien des doutes au sein de la formation canadienne.

Avec Hayley Wickenheiser et Jenna Hefford, Ouellette a pris l'équipe en main. Et c'est à elle que Dineen a confié le «C» de la capitaine.

«Une grande responsabilité, reconnaît-elle. Nous avions été plusieurs à porter le «C» pendant la saison et j'ai été un peu surprise quand il me l'a annoncé. Mais j'étais prête à jouer ce rôle, quitte à m'effacer un peu sur la glace. C'est sûr qu'on veut toutes marquer de gros buts, mais le plus important était vraiment la victoire!»

Pour Ouellette, ce n'est qu'en arrivant en Europe, deux semaines avant les Jeux, que les Canadiennes ont vraiment retrouvé leur aplomb. «Nous étions toutes à Calgary depuis le mois d'août, mais nous vivions dans des quartiers différents et nous ne nous côtoyions qu'à l'aréna.

«L'équipe s'est vraiment soudée lors du camp en Autriche. Nous avons aussi pu nous reposer, physiquement et mentalement, et quand nous sommes arrivées à Sotchi, la confiance était revenue.»

Quadruple médaillée d'or olympique, comme Wickenheiser et Hefford, Ouellette est prête à passer le flambeau. «Cette victoire, c'est beaucoup celle des jeunes de l'équipe: Marie-Philip (Poulin), bien sûr, mais aussi Catherine Ward, Nathalie Spooner, Brianne Jenner, ma partenaire de trio, qui a aussi marqué un but important en finale pour nous ramener dans le match.

«J'aimerais jouer encore un peu, mais je sais déjà que je veux rester impliquée dans le hockey féminin.»

Une occasion à saisir

«Pas moins de 13 millions de téléspectateurs ont suivi et apprécié la finale des Jeux, rappelle Ouellette. Partout où nous allons depuis notre retour, les gens nous abordent pour nous féliciter et nous dire à quel point ils étaient fiers de nous, fiers de cette superbe remontée. Plusieurs m'ont dit que cela leur avait rappelé la Série du siècle, en 1972.»

Pour Ouellette, il faut en profiter pour enfin créer une véritable ligue professionnelle féminine, où les joueuses seront rétribuées adéquatement, au contraire de l'actuelle Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF). «Je crois que nous pourrions facilement avoir une ligue avec quatre ou six équipes de très fort calibre réunissant les meilleures joueuses du Canada, des États-Unis et des autres pays, estime Ouellette. Je n'ai pas la prétention de penser que nous pourrions remplir les arénas de la LNH, mais je suis convaincue que nous pourrions attirer un public nombreux dans des arénas de taille moyenne à un coût plus abordable pour les familles.

«Le hockey féminin est tout aussi spectaculaire que celui des hommes, on en a encore eu la preuve à Sotchi. Le moment est propice, il faut en profiter. Nous avons toutefois besoin de l'appui de la LNH et plusieurs d'entre nous ont rencontré M. Bettman, il y a quelques jours à Vancouver, dans le cadre de la Classique Heritage.»

À 34 ans, Ouellette entend bien assumer pleinement son rôle avec les autres meneuses du hockey féminin au Canada. «Comme ça se produit tous les quatre ans, des milliers de jeunes filles vont avoir envie de découvrir notre sport après les Jeux. C'est merveilleux parce que ça nous permet d'élargir la base de la pyramide et d'augmenter continuellement le niveau du jeu.

«Mais cela nous impose aussi des responsabilités, en tant que société, envers ces jeunes filles qui rêvent - comme nous le faisions à leur âge - de vivre un jour de leur passion pour le hockey. On n'est pas encore là malheureusement, mais il faut continuer d'y travailler!»

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Ouellette retrouve les Stars pour une bonne cause

Caroline Ouellette aurait bien mérité de se la couler douce à son retour de Sotchi, d'autant plus que les filles de l'équipe olympique de hockey ont connu une saison particulièrement éprouvante. Mais elle n'aurait raté pour rien au monde le match-bénéfice «Vainquons le cancer du sein» des Stars de Montréal, demain à 17h30 à l'aréna Étienne-Desmarteau.

«Je me suis beaucoup investie dans ce match, en recueillant notamment plusieurs souvenirs des Jeux pour notre encan silencieux, raconte Ouellette. C'est une cause qui me tient particulièrement à coeur et le public est toujours nombreux pour nous soutenir. J'espère vraiment que ce sera encore le cas cette année, d'autant plus que d'autres filles de l'équipe olympique seront sur place.»

Malgré l'absence de plusieurs olympiennes, les Stars dominent le classement de la LCHF cette saison et elles termineront le calendrier ce week-end contre les Blades de Boston, aujourd'hui et aussi demain à 13h30. En plus de Ouellette, l'équipe pourra  profiter du retour de la populaire Américaine Julie Chu, médaillée d'argent à Sotchi.