Où étiez-vous le 14 septembre 2004? Très bonne question, mais peu importe. Vous avez sans doute oublié que ce soir-là, la grande finale de la deuxième Coupe du monde de hockey était disputée au Centre Air Canada de Toronto.

L'événement n'avait pas exactement déchaîné les passions. Pas chez les fans, et pas davantage chez les joueurs. Je couvrais la chose pour La Presse, et de cette finale remportée par le Canada contre la Finlande, je ne conserve qu'une seule image: celle de cette Coupe du monde en cristal (je pense), abandonnée sur le tapis du vestiaire à peine 30 minutes après la sirène finale, par des joueurs canadiens pressés de sortir de là au plus vite.

Personne n'aurait songé à laisser la Coupe Stanley dans un vestiaire sans surveillance, et l'anecdote vient un peu résumer cette Coupe du monde de 2004: un tournoi disputé dans l'indifférence générale, remporté par des joueurs qui avaient l'air de s'en foutre royalement.

(Remarquez, les gars de la LNH avaient peut-être la tête ailleurs; le lendemain, les proprios de la ligue allaient leur imposer un lock-out qui a mené à l'annulation pure et simple de la saison 2004-2005.)

Malgré tout, les grands penseurs de notre sport national trouvent que ce serait une bonne idée que de faire revivre ce tournoi, qui ne nous a pas offert une seule soirée mémorable en deux tentatives.

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«Des discussions ont eu lieu, a admis le défenseur Josh Gorges, du Canadien. Mais personne n'a encore demandé aux joueurs de voter sur cette question-là. Nous n'en savons pas plus pour le moment.»

Ce n'est plus un secret, les dirigeants de la LNH et les dirigeants de l'Association des joueurs veulent faire revivre cette Coupe du monde de hockey, présentée pour la première fois en 1996 et décrite à l'époque comme la suite logique des défunts tournois de la Coupe Canada.

La deuxième présentation a donc eu lieu en 2004. Puis, plus rien.

«J'aime l'idée d'une Coupe du monde, a ajouté Josh Gorges. C'est le genre d'événement qui offre une belle vitrine à notre sport. Mais ça revient toujours à la même question: qui va payer les assurances des joueurs? Ce ne sont pas des matchs amicaux. Ce sont des matchs intenses, et il y a toujours le risque des blessures, comme on vient de le voir à Sotchi avec John Tavares.»

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Cette «menace» d'une troisième Coupe du monde arrive au moment où plusieurs patrons de la LNH remettent en question la présence des pros aux Jeux olympiques.

En partant, une Coupe du monde offre deux avantages marqués aux bonnes gens de la LNH: un tournoi présenté en septembre, et n'ayant donc aucun impact sur sa saison, et un tournoi entièrement contrôlé par la ligue et ses joueurs.

Bref, un tournoi plus payant que le tournoi olympique.

«J'y vois de bons côtés et de moins bons, explique l'attaquant américain Max Pacioretty, à peine revenu de Sotchi. Un tournoi en septembre, ça veut dire des joueurs qui ne sont pas fatigués et qui ne sont pas ralentis par les blessures. En même temps, les Jeux en février, ça veut dire des joueurs au sommet de leur forme, qui jouent depuis plusieurs mois déjà.

«J'espère que nous pourrons retourner aux Jeux olympiques. J'ai eu une expérience formidable, et si on m'offrait d'y retourner, je le ferais. C'est le genre d'expérience qui va m'aider à disputer des matchs importants dans le futur.»

Ces Jeux, rappelons-le, étaient les cinquièmes mettant en vedette les joueurs de la LNH. Depuis 1998, on ne compte plus les grands moments: la magie de Dominik Hasek à Nagano, celle du grand Mario à Salt Lake, le but en or de Sidney Crosby à Vancouver, la prestation presque parfaite des joueurs canadiens en grande finale à Sotchi contre les Suédois...

Et quels souvenirs impérissables restent de la Coupe du monde de 2004? Max Pacioretty, une réponse? «Euh... Je ne m'en souviens plus très bien.»

C'est la grande différence. Les Jeux, ça marque. Au hockey, une Coupe du monde, ça ne marque personne.

Au fait, quelqu'un a retrouvé le trophée?