Carey Price n'est pas souvent du genre à avoir le sourire facile, mais lundi matin à Brossard, il avait ce sourire-là. Le sourire du grand gagnant, le sourire de celui qui est heureux de nous montrer ce qu'il vient de réussir. «C'était une expérience incroyable», a-t-il lancé au moins cinq fois. Au moins.

C'était le grand retour de Sotchi pour cinq joueurs du Canadien, lundi à Brossard. Carey Price n'a pas pris part à l'entraînement du matin, mais il a tenu à rencontrer les médias à son point habituel, devant son casier du centre d'entraînement.

> En photos: Price et Subban de retour à Montréal

C'est devant ce casier-là que le gardien du Canadien a l'habitude de se confier aux caméras. C'est devant ce casier-là que Price partage ses états d'âme depuis plusieurs saisons, et c'est au même endroit qu'il a lâché sa fameuse image du «Hobbit dans un trou».

Lundi, c'est à cet endroit précis qu'il a choisi de nous montrer sa médaille d'or, acquise à peine 24 heures plus tôt à Sotchi.

«Je dirais que cette pression (montréalaise) m'a très bien préparé pour le défi des Jeux, a-t-il admis. J'ai appris plusieurs choses depuis que je suis ici. Des trucs que je n'aurais peut-être pas appris ailleurs...»

Le gardien du Canadien et du Canada était assurément fatigué et un brin crevé à cause du décalage horaire, mais il était rayonnant. Quand des photographes lui ont demandé de montrer sa médaille une fois, deux fois, puis trois fois, il s'est exécuté avec plaisir.

Et maintenant, est-ce que cette chose en or olympique lui enlèvera un peu de pression?

«Oui, je le pense... du moins pour le moment! Et probablement jusqu'au prochain match...»

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C'est peut-être ce qu'on a le plus souvent reproché à Carey Price depuis qu'il est passé chez les pros, en 2007: cette incapacité à gagner le «gros match». Celle-là, on l'a entendue souvent. Comme sa fiche en séries (9-17), que l'on se plaît à rappeler au moindre mauvais but, chaque printemps.

Josh Gorges, qui le connaît bien, a déjà expliqué que tout cela est un peu injuste, parce que le hockey, ce n'est pas l'affaire d'un seul gars. Comme nous tous, le vétéran défenseur a bel et bien regardé le match de finale olympique, dimanche matin.

«Ça ne m'a pas surpris, a dit Gorges. Bien avant ce match-là, on a toujours su de quoi Carey était capable. C'est juste qu'il vient d'en faire la preuve sur une plus grande scène, à la vue de tous. Ce sera peut-être un remontant pour lui, mais pour nous, ça ne change rien. Ce n'est pas une surprise, on sait très bien de quoi Carey est fait.»

Stéphane Waite, l'entraîneur des gardiens du CH, a lui aussi suivi avec intérêt le tournoi de hockey olympique.

«On parle de la qualité incroyable des défenseurs canadiens, a dit Waite. Mais Carey avait quand même la pression de faire les gros arrêts aux bons moments. Et ça, il l'a fait, que ce soit avec six bons défenseurs ou non. Il avait une pression incroyable là-bas. C'est une autre chose qui m'a impressionné. Il avait la pression d'un peu tout un pays sur les épaules, et il s'est concentré sur les bonnes choses

«C'est sûr que ça fera de lui un meilleur gardien de but. Il n'y a aucun doute. Ça le propulse à un autre niveau dans la Ligue nationale... Je ne pense pas qu'il ait appris grand-chose, mais ça lui donne une confiance encore plus solide. Il sait qu'il peut battre les meilleurs au monde. C'est la même chose lorsque tu gagnes la Coupe Stanley. Après ça, tu n'es plus le même, car tu sais que tu peux battre n'importe qui.»

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Malgré cette médaille d'or qu'il avait dans les poches, Carey Price ressemblait lundi au gardien parti pour Sotchi au début du mois. On peut présumer que la grosse tête, ce ne sera pas pour lui.

Encore lundi, il a refusé tous les miroirs qu'on a bien tenté de lui tendre.

«La victoire du Canada, c'est une victoire d'équipe, parce que tout le monde y a contribué, a-t-il ajouté. De me retrouver dans ce vestiaire, avec tous ces joueurs qui avaient tous déjà gagné quelque chose... Tout le monde était parfaitement préparé. Je n'ai jamais vu une équipe aussi acharnée au travail que celle-là. Personne n'a paniqué. On pouvait voir que tout le monde s'était déjà retrouvé dans une telle position auparavant.

«C'est satisfaisant, sans aucun doute. Il y avait beaucoup de questions sur le poste de gardien de but avant que le tournoi ne commence...»

Il y aura d'autres questions sur Carey Price. Montréal, c'est Montréal. Quelques mauvais matchs en avril ou en mai, et on trouvera bien une façon de lui rappeler qu'il n'a aucune bague de la Coupe Stanley parmi ses objets précieux.

Mais lui dire qu'il n'a jamais rien gagné chez les grands? Ça, c'est dorénavant impossible.