Si nous étions la saison dernière, le match de samedi à Toronto aurait été le premier des séries éliminatoires. Le calendrier officiel de 48 matchs aurait pris fin jeudi passé à Ottawa et le Tricolore serait forcé d'amorcer les séries dans l'état où il est présentement.

Évidemment, dans la perspective d'un calendrier de 82 matchs, nous sommes encore loin de ce moment. Mais si les séries devaient bel et bien se mettre en branle ces jours-ci, dans quel état le Tricolore les amorcerait-il?

«Nous ne sommes pas différents des autres équipes, a répondu Brendan Gallagher. Jusqu'au dernier match de la saison régulière, nous pourrons en apprendre sur nous-mêmes. Mais si les séries devaient s'amorcer aujourd'hui, on serait prêts.»

Il faut se souvenir que vers la fin du calendrier écourté de l'an dernier, le CH avait complètement perdu ses repères au moment d'affronter les Sénateurs d'Ottawa au premier tour.

Certes, les résultats de l'équipe n'ont pas piqué du nez au cours des dernières semaines d'une façon aussi dramatique qu'en fin de saison dernière. Mais depuis le 10 décembre, soit depuis la fin d'une séquence de 10 matchs sans revers en temps réglementaire, sa fiche n'est que de ,500 (8-8-2). Ce rendement en dents de scie a permis aux équipes qui pourchassent le Canadien de resserrer l'écart au classement de la section Atlantique.

«En général, notre saison s'est bien déroulée depuis le début et on doit être satisfait de la position dans laquelle nous nous sommes placés, estime Carey Price. Mais en tant que groupe, on sait qu'on en a plus à offrir.»

Des indicateurs inquiétants

Malgré sa fin de saison en queue de poisson, le printemps dernier, le Tricolore a été meilleur en 48 matchs qu'il ne l'a été jusqu'ici cette saison.

Au-delà des quatre points de retard qu'il accuse sur son total de 2012-13, plusieurs autres statistiques témoignent d'une baisse de régime. Qu'il s'agisse du nombre de buts récoltés par match, des tirs au filet comme ceux accordés à l'adversaire, de la production en avantage numérique ou du coefficient d'efficacité à égalité numérique, tous ces chiffres ont moins bonne mine.

Surtout le rendement à égalité numérique qui démontre que le CH n'est plus le club de possession de rondelle de l'an dernier. À cet égard, les statistiques avancées de type Corsi et Fenwick lèvent des drapeaux rouges.

Au moins, le Canadien accorde moins de buts que l'an dernier et s'est grandement amélioré en désavantage numérique. Mais la part du mérite qui revient à l'excellente tenue de Price n'est pas négligeable.

«Les ajustements qu'on doit apporter sont au plan de la constance, explique Brian Gionta. Nos poussées doivent être plus longues. En ce moment, nous ne jouons pas des matchs de 60 minutes. Au fil des rencontres, ça va finir par nous faire mal si l'on ne corrige pas ça.»

Rester fidèle

Le Canadien a peut-être trouvé des solutions en avantage numérique, mais son jeu à forces égales demeure le plus préoccupant. Le temps passé dans sa zone a augmenté de façon significative au cours des deux derniers mois.

Pourtant, dit Carey Price, le Canadien connaît sa recette. Suffit de l'appliquer.

«Quand les choses vont bien, comme lors de notre séquence victorieuse, on joue comme on l'a fait en troisième période du match de jeudi à Ottawa, a noté le gardien. On referme l'espace entre les attaquants et les défenseurs, on joue serré contre l'adversaire, on établit notre échec avant et on maintient de la pression en zone adverse.

«C'est ça notre style de jeu et il faut y rester fidèle.»

Or, c'est justement l'application du système qui est de plus en plus inconstante.

À la ligne bleue, le recours constant à des défenseurs gauchers du côté droit use la brigade défensive. Ça s'observe particulièrement dans le jeu d'Alexei Emelin, qui a connu un autre match difficile face aux Maple Leafs. Certes, Michel Therrien fait avec ce qu'il a; mais le fait que le droitier Raphael Diaz perde graduellement la faveur de son entraîneur n'aide pas la situation. À peine 24 heures après avoir été rétrogradé, le défenseur Nathan Beaulieu a été rappelé par le Canadien.

«À un certain moment cette saison, on entendait dire qu'on était le meilleur groupe de défenseurs de la ligue, plaidait P.K. Subban l'autre jour à Toronto. Alors ce n'est pas un mauvais match, ou même quelques contre-performances de suite qui vont tout changer.»

Il reste que le Canadien devra trouver des solutions pour retrouver à la fois sa production en attaque et sa structure en défense.

Certains diront que l'équipe ne pourra pas être sauvée par la cloche comme l'an dernier. En revanche, les 82 matchs signifient qu'il lui reste encore du temps pour redresser la barre.

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Corsi et Fenwick, c'est quoi?

La possession est importante au hockey, mais elle est difficile à comptabiliser. La rondelle peut passer d'un bâton à l'autre fréquemment, et rapidement. Certains journalistes, analystes et entraîneurs emploient des «statistiques avancées» pour quantifier la possession, en suivant le principe qu'il est difficile de tirer si on n'a pas la rondelle.

Parmi les pionniers de ce mouvement en expansion, on compte le Montréalais Jim Corsi, entraîneur des gardiens des Sabres de Buffalo depuis 2006. Sa méthode est simple: il calcule le différentiel de tirs à forces égales. Ainsi, chaque fois qu'une équipe essaie de tirer sur le filet adverse, que la rondelle soit bloquée ou non, tous les joueurs sur l'équipe en attaque reçoivent +1, et tous les joueurs en défensive, -1.

La métrique Fenwick, développée par Matt Fenwick, qui écrit sur le blogue Battle of Alberta, suit le même principe en faisant abstraction des tirs bloqués.