La meilleure équipe sur la glace n'a pas gagné, jeudi soir à Ottawa. Mais le meilleur joueur, oui.

Même en accordant quatre buts aux Sénateurs d'Ottawa, le gardien Carey Price a été phénoménal pour aider le Canadien à demeurer dans la rencontre, une rencontre qui s'est soldée, contre toute attente, par une victoire de 5-4 du Canadien en prolongation.

> Le sommaire du match

P.K. Subban est parvenu à déjouer Craig Anderson après 23 secondes de jeu en prolongation pour semer l'hystérie sur le banc du Tricolore.

On avait peine à y croire tellement les hommes de Michel Therrien avaient été bafoués lors des 40 premières minutes de jeu.

Ceux-ci avaient pris une avance de 3-0 en première période, mais personne n'était dupe. Les Sénateurs dominaient trop pour que ça reste ainsi. Poivré de toutes parts, Price a vidé son sac à miracles avant que les Sénateurs ne reprennent leur dû et qu'ils prennent les devants 4-3 en fin de deuxième période.

C'était la troisième fois depuis le 21 décembre que le Canadien gaspillait une avance de 3-0.

«Il y a des messages qui vont être passés quand même, c'est sûr, parce qu'il y a certaines choses qu'on n'a pas aimées, a mentionné Michel Therrien. On va travailler là-dessus. Mais l'important, c'est qu'on ait remporté ce match-là.»

Price mitraillé

Après avoir laissé les Sénateurs tirer 19 fois sur Price en première période, et après s'en être sorti avec une avance de 3-2, on aurait pu croire que le pire était passé pour le Canadien. Mais non! Au deuxième tiers, la défense montréalaise a distribué les chances de marquer en paquets de six. Price a entre autres sorti la mitaine pour frustrer les Michalek, Greening et Ryan. Il n'aurait pu être davantage laissé à lui-même.

Si bien que les Sénateurs ont inscrit deux buts en l'espace de 1:24 en fin de deuxième pour prendre l'avance.

«C'est parfois difficile de garder son calme, a reconnu Price, auteur de 40 arrêts dans le match. Quand on se fait marquer un but, on a souvent l'impression qu'on aurait pu en faire plus pour le prévenir. Mais on ne veut pas blâmer les coéquipiers devant nous, car, bien souvent, ce sont eux qui nous sauvent les fesses.»

Le Price des premières années se serait montré plus impatient sur la patinoire, mais celui de cette saison, plus imperturbable, s'est accroché à l'espoir que son équipe revienne dans le match.

Ce qu'elle a fini par faire en troisième période.

Deux échappées, deux buts

Au moment où l'on croyait que les choses s'étaient finalement calmées en troisième, Tomas Plekanec a profité de sa deuxième échappée du match pour marquer un deuxième but du même acabit. Sauf que cette fois, ce n'est pas le centre tchèque qui a déjoué Anderson, mais le défenseur Jared Cowen, qui a par mégarde poussé le retour de lancer dans le filet.

«C'est l'un des buts les plus chanceux que j'aie marqués, mais je vais le prendre, a dit Plekanec. Et je sais que toute l'équipe va le prendre!»

Dès les premières minutes, ce même Plekanec, bien alimenté par Travis Moen, avait profité d'une échappée pour battre Anderson entre les jambières. Il s'agissait du sixième but du Canadien en infériorité numérique cette saison, lui qui n'en avait inscrit aucun la saison dernière.

David Desharnais, qui était un cas incertain en raison de la grippe, a non seulement participé au match, mais son trio est celui qui a par la suite créé la majorité des menaces au filet des Sénateurs.

Un beau tic-tac-toe de son trio en avantage numérique a mené au 21e but de la saison de Max Pacioretty - et son 19e en 27 rencontres. Therrien avait raison de réclamer la veille une production plus équilibrée au sein de son équipe, car Pacioretty ne marquera pas éternellement 28% des buts de son équipe.

En attendant, c'était un premier but en six matchs en avantage numérique pour le Tricolore.

Desharnais a fait 3-0 Montréal en déculottant Anderson. À ce moment-là, le CH avait marqué trois buts sur seulement cinq lancers alors que les Sénateurs, constamment en contrôle de la rondelle, ont dû attendre leur 17e lancer avant de s'inscrire à la marque.

Dès lors, ça s'est vraiment envenimé.

Deux buts inscrits en 1:12 et orchestrés par le défenseur Erik Karlsson ont assuré les Sénateurs qu'ils étaient sur la bonne voie.

Mais malgré tout le momentum qu'ils se sont bâti lors des 40 premières minutes, ça s'est avéré insuffisant pour les Sénateurs.

«Pas de doute que sans la tenue de Price, l'issue du match aurait été différente», a résumé Bobby Ryan, auteur du troisième but des siens.

Il s'agissait d'un premier gain pour le Tricolore à Ottawa depuis décembre 2011.

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Ils ont dit

> Carey Price: «C'est mon travail de nous donner une chance de gagner. Je devais garder le score serré et les gars sont revenus pour jouer 20 excellentes minutes en troisième.»

> Michel Therrien: «Ça me rappelle un peu le premier match des séries éliminatoires, l'année passée, où l'on avait eu 51 lancers et les Sénateurs 21, et qu'on était sortis de là avec une défaite (NDLR: les véritables lancers: 50-31). C'était ce genre de match-là.»

> Carey Price, sur ce qui s'est passé entre la deuxième et la troisième période: «Je n'ai rien dit. Il n'y a pas grand-chose qui avait besoin d'être dit. Il y a suffisamment de leadership et d'expérience dans cette équipe. Tout le monde comprenait que l'effort était insuffisant et qu'il nous fallait tirer profit de nos chances.»

> David Desharnais, productif malgré la grippe: «Je me sentais quand même pas pire ce soir. Notre trio essaie de continuer sur le même chemin sur lequel on est depuis un bout de temps. Je suis content qu'on ait pu le faire ce soir. Mais surtout, Carey a été incroyable ce soir. Ç'a été l'un de ses meilleurs matchs et il fallait gagner pour lui.»

> Max Pacioretty: «On a été en mesure de marquer deux buts après qu'il nous a gardés dans le match. C'est l'un des meilleurs feelings possible à l'endroit d'un coéquipier. On était contents de voir Carey sourire après un match de la sorte, il méritait cela.»

> Tomas Plekanec: «Nous étions incapables de faire des passes de bâton à bâton pour entrer en zone des Sénateurs et c'est ce qui nous a mis dans le trouble. Qu'on soit un attaquant ou un défenseur, il faut être en mesure d'offrir un meilleur soutien au porteur de la rondelle. On ne peut pas jouer comme ça.»

> Max Pacioretty au sujet de son 19e but en 27 matchs: «Je n'étais pas au courant de la statistique. Je ne pense pas à ce genre de choses, j'y vais un match à la fois. J'ai eu d'autres chances de faire la différence ce soir et c'est davantage cela qui me préoccupe.»

> L'entraîneur-chef Paul MacLean à propos du défenseur recrue Cody Ceci: «L'an dernier, quand j'allais voir des matchs des 67's d'Ottawa dans le junior, je m'en allais après deux périodes tellement je n'aimais pas sa façon de jouer. Mais depuis qu'il s'est joint à notre organisation et qu'il a passé du temps avec les Senators de Binghamton, il a travaillé d'arrache-pied pour s'améliorer. C'est maintenant l'un de nos quatre meilleurs défenseurs soir après soir. Nous avons Eric Gryba, Patrick Wiercioch et Joe Corvo qui luttent aussi pour un poste au sein de notre troisième duo. Mais la courbe de progression de Gryba et Wiercioch est plus lente que la sienne.»

> Le défenseur des Sénateurs Marc Méthot, qui gardait l'espoir de se tailler un poste au sein de l'équipe olympique canadienne: «C'est rare que je reçoive de mauvaises nouvelles dans la LNH. Mais de me faire dire que je ne suis pas assez bon pour être retenu au sein d'une équipe, ce n'est pas facile. Je l'ai pris comme ça parce que je suis compétitif. J'étais content de mon jeu et j'avais eu un bon tournoi aux derniers Championnats du monde. Je pensais que j'avais une chance. Mais c'est la vie.»