Que disait-on à propos du Canadien avant le début des dernières séries éliminatoires? Que sa meilleure chance de l'emporter face aux Sénateurs d'Ottawa résidait dans le fait qu'il pouvait déployer trois bons trios offensifs.

En dépit de l'absence d'Alex Galchenyuk et de David Desharnais qui a raté le dernier match en raison d'un virus, c'est encore l'une des armes qui peut le plus servir le Canadien. Pourvu, bien sûr, que les effectifs produisent comme ils en sont capables.

Le forfait de Desharnais contre les Devils du New Jersey, mardi, a forcé Michel Therrien à gérer ses effectifs différemment. Ç'a été l'occasion pour lui d'employer Lars Eller au centre de Max Pacioretty et Brendan Gallagher, de confier à Daniel Brière un poste au centre - ce qui ne s'était pas produit souvent cette saison - et de donner à Rene Bourque de nombreuses chances de se faire valoir, notamment en supériorité numérique où il a joué plus de deux minutes.

Bref, l'entraîneur a donné à trois joueurs en difficulté des chances de se faire valoir et de redonner un peu de vigueur à la palette offensive de l'équipe.

Le bilan est mitigé.

Eller s'est rendu coupable d'un revirement qui a mené au but de Jaromir Jagr en première période, Brière s'est fait discret malgré 18 minutes d'utilisation (dont 3 en attaque massive), tandis que Bourque a mené les siens avec 6 tirs au but.

«Si le but de Gallagher avait compté, on aurait dit qu'Eller avait fait un beau jeu pour conduire à ce but-là», a noté Therrien.

«Sauf qu'on a besoin de la contribution offensive de beaucoup plus de monde que ce qu'on a présentement. C'est aux joueurs de saisir l'occasion qui leur est donnée.»

S'imposer à forces égales

L'unité de supériorité numérique a été blanchie lors des cinq dernières rencontres et traverse ses moments les plus difficiles de la saison.

«Si jamais l'avantage numérique ne fait pas le travail, on peut aussi resserrer notre jeu à cinq contre cinq et chercher à créer plus d'attaque à forces égales», a relevé P.K. Subban, qui ne se dit pas particulièrement inquiet des difficultés de l'attaque massive.

«On ne peut pas toujours se fier sur nos unités spéciales pour gagner. Si elles peuvent le faire de temps à autre, tant mieux, mais on ne peut pas s'attendre à ce que ça se produire chaque soir.»

Le défenseur étoile effleure ici un aspect intéressant, car le Tricolore piétine au 29e rang de la LNH quant au nombre de buts marqués à cinq contre cinq. Il était cinquième sur ce plan l'an dernier.

Les Sénateurs, à qui le CH rend visite ce soir, sont 10e avec 90 buts à cinq contre cinq.

L'avantage numérique finira bien par se remettre sur les rails, mais le jeu collectif à forces égales, lui, a besoin d'offrir un meilleur rendement. Et c'est là où l'on aurait aimé qu'Eller, Brière et Bourque profitent des conditions gagnantes dans lesquelles ils ont été placés.

«Je suis soulagé que Bourque ait des chances de marquer, a toutefois observé Therrien. S'il continue dans ce sens-là, à tirer la rondelle au filet et à aller dans les endroits payants, les choses vont éventuellement se replacer.»

Tous au filet!

S'il veut parvenir à améliorer sa production, le Canadien doit avoir recours au même stratagème que les Devils mardi. Menés par Ryane Clowe et Dainius Zubrus, ils ont assailli le filet de Carey Price et ont nui à son travail. Ça a aidé les Devils à marquer leurs premier et troisième buts.

«Je me suis fait pousser quelque peu, mais ça fait partie du jeu», estime Price.

Le Tricolore en retiendra deux leçons: il doit administrer la même médecine à ses rivaux et doit être meilleur à protéger la cage de Price.

«Le message des 30 entraîneurs de la ligue, c'est d'aller au filet, rappelle Therrien. Parfois, des buts seront refusés à cause d'un contact et d'autres fois, ils ne le seront pas. Nos défenseurs ont une responsabilité d'essayer d'éloigner les attaquants adverses le plus possible. Mais le message des Devils, mardi, n'était pas différent des autres.»

Chez le Tricolore, Brendan Gallagher n'hésite pas à foncer au filet adverse et à payer la facture salée qui vient souvent avec. Brian Gionta non plus. Mais ils n'ont pas le gabarit de Clowe et Zubrus...

À la suite des contacts qu'ils ont eus avec Price, ce dernier a-t-il du mal à suivre les arbitres par rapport à ce qui constitue de l'obstruction envers le gardien?

«Ils n'ont pas un boulot facile, répond le gardien de 26 ans. Ils ne pourront pas tout intercepter à tout moment. Ils ont un pouvoir discrétionnaire et ça aussi, ça fait partie du jeu.»