Brenden Morrow est un vétéran et il en a vu bien d'autres. À 34 ans, l'attaquant des Blues de St. Louis en est à sa 14e saison dans la Ligue nationale de hockey et il a eu amplement le temps de constater la flambée des commotions cérébrales sur les patinoires de l'Amérique.

Mais malgré tous les joueurs qu'il a vus chuter autour de lui au fil des saisons dans cette ligue, Morrow, comme la grande majorité de ses condisciples, a du mal à imaginer une LNH sans bagarre.

En fait, il en est incapable.

«La réponse la plus facile, c'est qu'il faudrait peut-être se débarrasser des bagarres qui sont prévues, a-t-il expliqué hier, à St. Louis. Je peux comprendre la bagarre qui éclate dans le feu de l'action, à la suite d'un coup salaud, mais les bagarres prévues, c'est autre chose.

«Le problème, c'est que les coups vicieux vont se multiplier si les joueurs ne peuvent se faire justice et si on interdit les bagarres. Ça prend des policiers, parce qu'il y a encore un manque de respect sur les patinoires de la Ligue nationale de hockey.»

L'opinion de Morrow rejoint celle de plusieurs autres hockeyeurs du circuit, qui estiment que la question des bagarres en est avant tout une de culture.

Les joueurs savent qu'il y aura toujours des coups de bâton («parce que les arbitres ont toujours arbitré de cette façon»), et en retour, ils pensent que les coups de bâton et autres coups déloyaux vont être encore plus nombreux si les bagarreurs ne sont plus là pour faire régner l'ordre.

«Je dirais qu'avant l'arrivée du règlement sur l'instigateur (d'une bagarre), les gars jouaient avec une certaine peur, si on veut. Par exemple, j'aurais su que si jamais j'allais tenter un coup salaud sur Tomas Plekanec, George Parros allait se lancer à mes trousses par la suite. Mais ce n'est plus comme ça.»

Question de culture, donc, mais aussi question de marketing. Le commissaire Gary Bettman n'a-t-il pas souvent laissé entendre que les bagarres permettent de vendre des billets un peu partout sur la planète LNH?

«Je ne sais pas si on vend plus de billets grâce à ça, répond Morrow. Mais c'est sûr que quand il y a une bagarre sur la glace, tout le monde se lève d'un trait pour voir ce qui se passe. Il n'y a personne qui en profite pour aller aux toilettes. Ça fait partie du spectacle.»

Le vétéran des Blues estime par ailleurs que la ligue fait tout ce qu'elle doit faire afin de mieux protéger les joueurs des conséquences liées aux coups à la tête. Chez les Blues, l'attaquant David Backes est la plus récente victime. Il aurait subi une commotion cérébrale lors du match de lundi contre les Sénateurs à Ottawa. La date de son retour au jeu demeure inconnue.

Selon Morrow, les joueurs du circuit savent que le sujet des coups à la tête n'est plus à prendre à la légère.

«Les gars sont de plus en plus conscients des dommages qui proviennent des coups à la tête. Quand t'as 18, 19 ou 20 ans, tu ne penses pas à ça, t'es juste heureux de pouvoir jouer dans la Ligue nationale. Mais à 35 ans, tu y penses et tu te demandes si tu vas pouvoir jouer à la balle avec tes enfants plus tard...»