Lorsque Gary Bettman s'est approché de Ray Emery pendant les festivités entourant la conquête de la coupe Stanley par les Blackhawks de Chicago à la Maison-Blanche, tout le monde se demandait ce qui se passait.

Le gardien des Flyers de Philadelphie avait attiré l'attention de toute la planète hockey quelques jours plus tôt pour avoir traversé la patinoire avant de s'en prendre au gardien des Capitals de Washington Braden Holtby, qui refusait de se battre. Naturellement, ce fut le sujet de la conversation.

«J'ai dit: «Oh, Ray. C'est bon de te voir. Je pensais justement à toi.» On a eu une bonne conversation, a dit le commissaire. Et j'ai ajouté «Donc, de façon hypothétique, s'il y avait eu un règlement qui stipulait que si tu traversais la ligne rouge pour t'en prendre à l'autre gardien alors tu écoperais d'une suspension de 10 matchs, l'aurais-tu fait?» Il a répondu 'Quoi? Es-tu malade?'»

Le commissaire a indiqué que les règles concernant les bagarres feront l'objet de discussions à la réunion des directeurs généraux de mardi, mais il a prévenu qu'il y aura seulement un sujet à l'ordre du jour.

Lors d'une allocution prononcée lors d'une conférence sur la gestion du sport à Toronto, Bettman a qualifié les bagarres de «thermostat» du hockey, qui permettent de faire baisser la température quand les joueurs se mettent en colère.

«Quand Vincent Lecavalier se bat avec (Jarome) Iginla... ils étaient fâchés l'un contre l'autre, a déclaré Bettman pendant une période des questions. Je préfère qu'il s'envoie des coups de poing que des coups de bâton.»

L'un des arguments contre l'abolition des bagarres, ou même l'instauration d'une inconduite de partie ou une suspension pour le geste, consiste à dire que ça entraînerait plus de coups salauds. Bettman n'a pas déclaré ouvertement s'il était en faveur ou contre, mais a confié qu'il avait remarqué que les arguments de chaque côté étaient «vraiment enracinés».

«Dire qu'on va abolir les bagarres, je ne suis même pas certain de ce que ça veut dire parce qu'on peut changer la pénalité et la rendre plus sévère, a-t-il expliqué. Ça ne veut pas dire que si quelqu'un a la motivation nécessaire, alors il s'empêchera de se battre. Alors nous prendrons ce cas hypothétique. Tu es expulsé de la rencontre si tu te bats. O.K., alors je crois que les gars vont tout de même se battre s'ils en ont l'intention.»

D'ailleurs, un sondage réalisé en 2011 par l'Association des joueurs de la LNH et la CBC a révélé que 98 pour cent des joueurs n'étaient pas en faveur de l'élimination complète des bagarres dans le hockey. Bettman voudra donc prendre le pouls des directeurs généraux lors de la réunion, mardi.

Bettman a reconnu que des incidents comme ceux impliquant George Parros, qui a subi une commotion cérébrale en chutant, et Emery, qui s'est rendu à l'autre bout de la patinoire pour marteler Holtby de coups, ont alimenté les discussions sur les bagarres, mais il a souligné que la ligue ne cesse jamais de parler des façons de rendre le jeu plus sécuritaire.

«Je crois que le nombre de conversations explose lorsqu'il y a un incident ponctuel, et un incident de cette nature, quand on regarde le tableau général de tout ce qui se passe pendant une saison, n'est qu'un grain de sable sur une plage, et on est témoin d'une saison captivante», a dit Bettman lundi. «Je crois que parfois un incident, aussi rare soit-il, peut attirer l'attention de manière disproportionnée.»

Lorsqu'on l'a interrogé sur la division qui règne entre les directeurs généraux en ce qui concerne les bagarres, Bettman a déclaré qu'il y a consensus maintenant en raison des règles qui sont actuellement en place. S'il devait y avoir entente pour modifier des choses, comme par exemple en pénalisant plus sévèrement les gardiens qui traversent la ligne rouge pour se battre, cela mènerait à un nouveau consensus, a noté Bettman.

Mais Bettman ne croit pas qu'il faille laisser les bagarres faire oublier les aspects positifs du hockey.

«Nous ne serions probablement pas en train d'avoir cette discussion sur les bagarres en ce moment s'il n'y avait pas eu cet incident bizarre avec George Parros qui perd son équilibre et tombe, a dit le commissaire. À l'instar de l'incident Emery-Holtby, ces choses-là ne définissent pas la saison que nous connaissons présentement. Ce sont des moments importants, nous les regardons, nous en discutons, mais ils ont probablement droit à plus d'attention que nécessaire parce que nous gardons constamment l'oeil sur le jeu.»