Avec son document de 22 pages écrit en noir et blanc, Fred Shero a transformé le hockey.

Avant que Shero ne dirige les Flyers de Philadelphie dans les années 1970, les clubs de la LNH ne faisaient pas grand-chose au chapitre des systèmes de jeu. Bien plus que la violence et l'intimidation, c'est son livre de jeux et sa capacité à instaurer des paramètres précis dans la façon de jouer qui ont permis aux «Broad Street Bullies» de remporter la Coupe Stanley à deux reprises.

«Freddy a donné lieu à une révolution au hockey, a déclaré l'ancien défenseur Joe Watson, qui a disputé sept saisons sous la direction de Shero. Il n'y avait jamais eu d'entraîneurs adjoints avant qu'il s'amène. Nous n'avions jamais tenu d'entraînements le jour d'un match, nous allions à l'aréna mais rarement allions-nous patiner. Freddy a mis tout ça à l'avant-plan.»

Shero, qui sera intronisé à titre posthume au sein du Temple de la renommée du hockey, lundi, a dicté le ton dans ses équipes en écrivant un livre de jeu qui commençait par ses «règles fondamentales». Watson se souvient de l'époque où les Flyers avaient 10 règles à suivre. Mais rendu à la saison 1975-76, la liste avait augmenté de six articles.

«C'était l'évangile de Dieu pour le hockey en ce qui me concerne, a lancé Watson. Je croyais que si tu faisais toutes ces choses-là durant un match, tu aurais du succès.»

La première règle était: «Ne provoque jamais un hors-jeu pendant un trois contre deux ou un deux contre un». D'autres affirmaient des choses comme «ne fais jamais une passe en diagonale dans notre zone à moins d'en être certain à 100%» et «Un attaquant ne doit jamais tourner le dos à la rondelle, il doit savoir en tout temps où se trouve la rondelle».

Les joueurs devaient suivre ces règles sur la patinoire et les apprendre par coeur afin de pouvoir les réciter au besoin.

«Il fallait les coller sur les murs de nos casiers et les regarder, a raconté Watson. Parfois il nous demandait une question sur la règle no4, no5 ou no10 et il fallait connaître la réponse.»

On surnommait Shero «Freddy le brouillard» mais ses attentes à l'endroit de son équipe étaient très précises. Reste que ce n'était rien de très complexe.

«C'était un peu du jeu simpliste, mais il fallait quand même bien l'appliquer, a souligné Bob Kelly, qui a lui aussi joué pour les Flyers à chacune des sept saisons de Shero à Philadelphie. Il avait des systèmes 1-4 et 2-1-2. Avec quelques minutes à jouer dans un match, il ne fallait pas prendre de risques. C'était juste le gros bon sens, c'était de la répétition.

«Les exercices de Freddy étaient tellement répétitifs quand venait le moment de lancer la rondelle en fond de zone, par exemple. En gros, il s'agissait de créer de la circulation devant le filet et de se rendre à la rondelle en premier. Nous nous faisions la promesse entre nous que nous allions être les premiers à arriver et que nous allions conserver la rondelle sans jamais la redonner.»

À cause de tout ce qu'il a fait, les anciens joueurs de Shero, à l'instar du président du conseil des Flyers Ed Snider, estiment qu'il méritait depuis longtemps sa place au Panthéon.

«Quand tu vois des gens être acceptés et qu'ils n'ont pas accompli ce que Freddy a accompli... C'est triste qu'il ait fallu autant de temps», a affirmé Kelly, qui se dit d'avis que le style intimidant des Flyers s'est avéré une barrière à l'élection de Shero.

Selon Watson, Snider a nolisé un vol pour que plus d'une dizaine d'anciens joueurs de Shero assistent à la cérémonie de lundi à Toronto. D'autres qui vivent au Canada les y rejoindront.

«Il y aura 14 ou 15 de mes coéquipiers sur place - ça en dit beaucoup sur ce que nous pensons de Freddy Shero», a souligné Watson.