David Desharnais connaît maintenant les limites de la patience de son entraîneur.

Le centre de 27 ans a été cloué au banc, samedi, contre l'Avalanche du Colorado, pendant que Michel Therrien mutait Alex Galchenyuk au centre de Max Pacioretty et Brendan Gallagher en troisième période.

«C'est quelque chose auquel on pensait depuis un certain temps, a dit Therrien après le revers de 4-1 aux mains de l'Avalanche. Ce trio-là s'est avéré notre meilleur trio offensivement en troisième. C'est certainement une expérience qu'on va répéter.»

Le Canadien a toujours eu l'intention d'amener Galchenyuk au centre. Parions qu'il aurait préféré attendre encore un peu, mais les contre-performances de Desharnais, limité à une seule mention d'aide en 15 matchs, lui forcent la main.

Si Therrien choisit de maintenir Galchenyuk au centre - on en aura une idée dès l'entraînement de ce matin -, on devra se demander quel avenir le Québécois pourra bien avoir à Montréal. Car, disons-le, il n'est pas en position de déloger Lars Eller ou Tomas Plekanec au centre d'un autre trio. Et on doute qu'une expérience à l'aile n'améliore sa situation.

Le quatrième trio?

Les centres offensifs qui jouent là sont rarissimes. Il y a eu Mathieu Perreault à Washington et Peter Regin à Ottawa, mais ils ont changé d'adresse depuis. Ce n'est tout simplement pas la même description de tâches.

Adapter son jeu

Depuis le début de la saison, Desharnais semble incapable de mettre à profit cette superbe vision du jeu qui le démarquait des autres centres du Canadien il y a deux ans à peine. À l'époque, on se plaisait à dire qu'il avait des yeux tout le tour de la tête. S'il a encore des yeux derrière la tête, ce sont des adversaires en repli défensif qu'il doit voir d'abord et avant tout.

Desharnais n'a ni le gabarit ni même la vitesse pour se créer de l'espace. À moins d'avoir des ailiers costauds pour défricher devant lui, il doit tabler sur la gestion de la rondelle. Or, la façon avec laquelle les défenses adverses le neutralisent l'empêche désormais de se donner de la marge de manoeuvre pour créer de l'attaque.

Lui a-t-on offert des pistes de solution pour s'en sortir? Des méthodes pour contourner le problème? Si tel est le cas, il revient à Desharnais de démontrer son adaptabilité dans un sport qui est en constante évolution. Inutile de dire que ce défi est décuplé lorsque le réservoir de confiance est à sec.

Durant l'été, Desharnais a jugé que le fait de perdre quelques livres et de travailler sur son coup de patin allait lui permettre d'être plus léger et plus rapide, et d'ainsi regagner un peu de son avantage compétitif.

Malheureusement, les résultats n'ont pas suivi.

La loi du milieu

Marc Bergevin a consenti à Desharnais une prolongation de contrat de quatre ans à la mi-mars. Moins de 35 matchs réguliers plus tard, le petit attaquant flirte avec la passerelle, et ce contrat de 14 millions le rend difficile à échanger.

Le Canadien a probablement agi trop vite en lui offrant ce nouveau pacte.

Par ailleurs, il y a une croyance répandue voulant que le rendement de Desharnais se soit mis à décliner après qu'il eut signé cette prolongation de contrat. Or, ça n'a pas changé à ce point sa saison 2012-2013. Desharnais a inscrit 8 buts et obtenu 16 points dans les 27 matchs qui ont précédé la signature de l'entente. C'est une moyenne de 0,59 point par match. Après le contrat, ç'a été 2 buts et 12 points en 21 matchs (0,57 point par match).

Cela dit, la statistique qui tue, c'est que Desharnais n'a marqué qu'un seul but à ses 27 derniers matchs du calendrier. Un but en 32 rencontres si l'on tient compte de la première ronde des séries.

Ce n'est pas encore Scott Gomez, mais l'impatience de l'entraîneur comme celle des amateurs peut maintenant s'asseoir sur des chiffres qui ont un impact.

Il ne faut pas oublier que pour la première fois depuis des années, le CH compte sur une surabondance de joueurs de centre. En revanche, il semble manquer d'ailiers suffisamment dangereux pour alimenter les trois trios offensifs auxquels il aspire. Dans cette logique, transférer Galchenyuk au centre revient à dire que c'est Desharnais qui a empêché son trio d'être productif, et non que le Tricolore peine à l'entourer adéquatement.

Bref, le fardeau de la preuve est sur lui.

Il n'y a pas 36 solutions pour Desharnais: que Galchenyuk retourne à l'aile ou qu'il passe au centre, il doit se mettre à produire au plus vite. C'est la loi du milieu. Travailler fort ne suffit plus.

Des blessures à quelques permanents lui donneront peut-être un sursis, mais le temps commence à manquer.