Pas besoin de marcher bien longtemps à Denver pour savoir à qui la ville appartient. Au beau milieu de la très fréquentée 16e Rue, entre les restos et les boutiques, il y a un énorme chandail qui est accroché du haut d'un balcon. Il s'agit d'un chandail de football, de couleur orange. Il s'agit d'un chandail des Broncos de Denver.

On a beau chercher, on ne voit aucun chandail de l'Avalanche accroché comme ça dans le coin.

«Le football est immense ici, et les Broncos sont très populaires, reconnaît l'attaquant Paul Stastny. Mais on sent vraiment qu'il y a un engouement en ville pour nous et pour le hockey. Denver est une bonne ville de sports, et quand on gagne, les gens se remettent à parler de nous.»

En 2013-2014, le plus grand défi de l'Avalanche du Colorado, c'est probablement celui-là: faire parler d'elle. Bien sûr, il y a d'autres défis, comme celui d'atteindre les séries. Mais dans une ville où on croise un maillot des Broncos à chaque coin de rue, l'Avalanche a encore du travail à faire pour regagner sa place de jadis au zénith, au temps de la belle époque des Roy, Sakic, Forsberg et autres Foote.

Alex Tanguay se souvient de tout ça. Il a porté le maillot du club de 1999 à 2006, avant de revenir ici cette saison. Et il croit que l'Avalanche nouvelle mouture a ce qu'il faut pour regagner cette place de choix.

«Partout où je vais en ville, les gens veulent me parler de hockey, explique le vétéran de 33 ans. On sent qu'il y a une passion pour notre équipe actuellement. C'est un peu comme c'était au début des années 2000, et on espère que ça va continuer.»

Le gros début de saison de l'Avalanche (fiche de 10-1 avant le match d'hier soir à Dallas) y est pour quelque chose. Sans compter que le club n'avait que de bonnes nouvelles à vendre avant la moins bonne nouvelle de cette semaine, impliquant leur gardien partant Semyon Varlamov, arrêté pour une histoire de violence conjugale (la direction du club et l'entraîneur Patrick Roy ont refusé de commenter en détail la nature des événements).

En attendant la suite de l'enquête, l'Avalanche tente de garder le cap... et tente de retrouver sa place en haut du totem sportif à Denver. Le match de ce soir contre le Canadien sera le troisième de la saison qui sera présenté à guichets fermés devant 18 007 fans, au Pepsi Center.

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Il faut rappeler que l'Avalanche part de loin. Les deux conquêtes de la Coupe Stanley, les défilés et le sourire de Raymond Bourque, tout cela semble très... loin, en effet.

Depuis la dernière Coupe Stanley à Denver, en 2000-2001, les chiffres d'assistance ont baissé au Pepsi Center, à l'image des performances de l'équipe. L'Avalanche, 29e au classement de la LNH la saison dernière, a attiré en moyenne 15 444 fans en 2013, au 26e rang du classement de la ligue aux guichets.

Cette saison, le club attire une moyenne de quelque 16 000 fans à ses matchs.

«Pour nous, les deux lock-out ont vraiment été difficiles, surtout le deuxième, estime Jean Martineau, vice-président sénior des communications et des opérations corporatives de l'Avalanche. Avec la crise économique, les gens ont eu à faire des choix, et l'équipe n'allait pas bien à ce moment-là. Ce qu'il faut faire, c'est de recommencer à gagner les partisans.»

Pour y arriver, la direction de l'Avalanche a choisi de puiser dans son glorieux passé. Joe Sakic a été embauché il y a trois ans, pour devenir vice-président directeur des opérations hockey. Puis Patrick Roy est devenu le nouvel entraîneur de la formation en mai.

Deux grands coups, et deux grands noms qui ne sont pas étrangers à la renaissance de l'équipe cette saison.

«Patrick et Joe, ils sont un peu le visage de cette organisation, pense Alex Tanguay. Pour les fans de l'équipe, ce sont deux noms qui veulent dire quelque chose.»

Selon l'organisation de l'Avalanche, l'auditoire télévisuel a doublé cette saison chez les 18-34 ans, et environ 1000 abonnements de plus ont été vendus par rapport à la saison dernière.

Ce n'est pas encore la folie des beaux jours, mais c'est un excellent départ, selon Paul Statsny, qui juge que ses coéquipiers et lui n'ont qu'une chose à faire pour reconquérir Denver: gagner. «La victoire guérit tous les maux», conclut-il.

Et elle aide aussi à vendre des billets.