C'est évident, Alain Vigneault n'aime pas parler de son passé pas si lointain avec les Canucks de Vancouver. Une question sur ce passé, et la réponse arrive vite. Et elle ne dure pas très longtemps.

«J'ai tourné la page, a répondu Vigneault avant le match d'hier soir contre le Canadien. Je me concentre sur ce qui arrive ici.»

Voilà. Comprendre par là que le mariage Vigneault-Canucks, une longue et passionnante union qui s'était amorcée en 2006, s'est conclu de façon abrupte en mai, quand les Canucks, fatigués d'être le club qui passe toujours proche, ont choisi de se trouver un nouvel entraîneur, John Tortorella. Celui que Vigneault, comme par hasard, est venu remplacer par la suite à la barre des Rangers de New York.

Ce passé, donc, Alain Vigneault aime mieux ne pas en parler. C'est assez évident quand on prononce le nom Canucks en sa compagnie et que Vigneault réagit comme si on lui proposait un voyage de trois heures chez le dentiste. De toute évidence, il y a de vieilles blessures qui mettent du temps à se cicatriser.

Ce qui est évident aussi, c'est que l'entraîneur des Rangers passe d'un endroit, Vancouver, où la pression est énorme, à un endroit, Manhattan, où la pression n'est pas tout à fait la même.

Pour celui qui a déjà vécu le quotidien d'entraîneur avec le Canadien en début de carrière dans la LNH, la différence est assez marquée.

«Dans les marchés canadiens, le hockey, il y a juste ça, a-t-il répondu. Ici, je me rends compte qu'il y a beaucoup d'autres sports, et pas juste le hockey. Il y a les Yankees, les Jets, les Giants. Ce n'est pas la même chose.»

Pas la même chose, non, mais Vigneault sait aussi qu'il y a des attentes à New York. Il y a des attentes parce que les Rangers ont une bonne équipe et parce que le club se produit maintenant dans un Madison Square Garden fraîchement rénové au coût d'un milliard de dollars.

C'est d'ailleurs à cause des rénos que les Rangers disputaient hier contre le Canadien leur premier match de la saison 2013-2014 à domicile. Le long voyage ne s'est pas si bien passé: les Blue Shirts sont revenus en ville avec une fiche de 3-6...

«On a fait pas mal de voyagement depuis le début de la saison, mais ce n'est pas une excuse, a ajouté Vigneault. Revenir de ce voyage-là avec trois victoires, c'est sûr que ça n'a pas fait notre affaire.»

Mais Vigneault a encore plus de 70 matchs pour tenter de ramener son club sur la route du succès. Il veut le faire à sa façon, mais sans trop bousculer les choses par ici.

«Je n'essaie pas de changer toute la culture de l'organisation, a-t-il conclu. Les Rangers ont eu une bonne équipe au cours des dernières saisons. J'arrive ici pour placer les joueurs dans une position afin qu'ils obtiennent du succès, afin qu'ils puissent maximiser leur plein potentiel.»

Pour le moment, la lune de miel entre Vigneault et le public new-yorkais ne fait que commencer. Reste à voir si ça pourra durer bien longtemps.