Depuis des années, une impression très nette se dégage voulant que l'association de l'Ouest est plus forte que celle de l'Est. Le début de la présente campagne le confirme plus que jamais.

Avant les matchs d'hier, les équipes de l'Ouest présentaient une fiche de 44-19-8 cette saison face à celles de l'Est. Une statistique intéressante à considérer, alors que le Tricolore reçoit ce soir la visite des Sharks de San Jose, l'équipe de l'heure dans la LNH.

«C'est peut-être une coïncidence», suggère le défenseur Francis Bouillon à propos de cette domination sans appel.

Mais il y a plus.

Depuis l'avènement des points obtenus en prolongation, au début de la saison 1999-2000, l'Ouest a toujours affiché un dossier gagnant face à l'Est.

On ne parle pas d'un accident de parcours. On parle de 12 saisons consécutives.

Et après un calendrier écourté l'an dernier, où les matchs inter-associations ont été mis de côté, l'Ouest a repris là où elle avait laissé. Elle montre un taux de succès de ,676 face à l'association de l'Est en début de saison.

«J'ai peine à y croire», lâche le gardien Peter Budaj en hochant la tête. «C'est fou.»

Le Canadien, qui traverse une séquence de sept matchs sur huit face à des clubs de l'Ouest, a réussi à maintenir la tête hors de l'eau depuis le début de la saison avec quatre victoires et trois revers face à l'Ouest.

Mais le passé sera-t-il garant de l'avenir?

Durant ces 12 années de domination de l'Ouest, la fiche du Tricolore a été à l'image des autres clubs de son association. Il n'a affiché un dossier gagnant qu'à trois reprises en 12 ans, revendiquant 92 victoires en 209 matchs (92-83-24-10) durant cette période.

Une différence de style?

Un propos maintes fois galvaudé veut que le style de jeu dans l'Ouest soit différent de celui de l'Est. Mais ça dépend à qui l'on s'adresse! Certains parlent d'équipes souvent plus costaudes, d'espace encore plus restreint sur la patinoire. D'autres, d'un jeu plus rapide et plus ouvert.

Alors, qu'en est-il?

«Quand j'ai commencé ma carrière avec le Canadien, j'entendais tout le temps à quel point c'était dur de jouer dans l'Ouest, se souvient Francis Bouillon. Que le jeu y était plus rapide et plus nord-sud. Mais une fois rendu à Nashville, j'ai trouvé que le jeu était pareil!»

Michel Therrien croit lui aussi que la différence de style entre l'Est et l'Ouest est surfaite.

«Ce n'est pas parce que des équipes sont dans l'Ouest que leur système de jeu sera complètement différent, estime l'entraîneur. Car honnêtement, il n'y a pas 100 systèmes de jeu. L'exécution est semblable et, s'il le faut, tout le monde peut faire les ajustements très rapidement.»

Les Sharks: une force constante

Une autre hypothèse veut que l'Ouest ait hébergé dans la dernière décennie des puissances plus stables que dans l'Est. Des puissances qui auraient incité leurs rivaux à rehausser le niveau de jeu.

Par exemple, depuis le lock-out de 2005-2006, ce sont trois équipes de l'Ouest qui coiffent le reste de la LNH pour le nombre de points accumulés. Les Sharks ne sont devancés que par les Red Wings de Detroit (passés cette année dans l'Est) et sont suivis des Canucks de Vancouver.

«Ils ont été dominants pendant dix ans, mais je sais qu'ils perçoivent ces années-là - du moins les sept que j'ai passées là-bas - comme un échec, raconte le défenseur Douglas Murray. Tout simplement parce qu'ils n'ont pas gagné la Coupe Stanley. C'est comme ça qu'ils conçoivent les choses.

«Peu importe à quelle ronde ils se font éliminer, la déception est la même et ils ne seront pas satisfaits jusqu'à ce qu'ils gagnent la Coupe.»