Cela ressemblait à une journée spéciale, à n'en point douter. Aux portes du Centre Bell, il y avait les fans, photos et crayons-feutres en main. À l'intérieur, il y avait plusieurs caméras et micros, comme c'est le cas lors des moments importants.

Et chez les Ducks d'Anaheim, dans ce maillot blanc, noir et jaune que l'on voit peu souvent passer par ici, il y avait Saku Koivu.

Journée spéciale, soirée spéciale aussi. Lors de l'hymne national américain, le tableau du Centre Bell a montré un Koivu visiblement ému à la ligne bleue, alors que la foule hurlait de joie. Un accueil chaleureux pour celui qui a jadis porté le maillot tricolore. Pour celui qui en était peut-être jeudi à un dernier tour de piste au Centre Bell.

Qui sait? À bientôt 39 ans, le joueur finlandais n'a pas de contrat pour la prochaine saison... et il ne sait pas non plus s'il en désire un autre.

«C'est encore trop tôt pour parler de la saison prochaine, a-t-il commencé par dire en arrivant au Centre Bell ce matin. Je ne sais pas si je vais jouer ou non la saison prochaine.»

Pas comme Selanne!

Voilà maintenant quelques années qu'on évoque le scénario de la retraite pour Koivu. Chaque fois, il répond la même chose, précise qu'il avance à tâtons, une année à la fois, sans trop savoir ce que demain lui réserve.

Mais il sait ceci, au moins: il ne va pas jouer jusqu'à 43 ans, comme son collègue et ami Teemu Selanne. «Je ne vais pas jouer jusqu'à cet âge-là, ça, je peux vous le garantir!», a-t-il lancé en riant.

Non, le Koivu version 2013 n'est plus celui que les fans du CH ont applaudi de 1995 à 2009. Ce Koivu-là n'est plus le Koivu offensif des jeunes années, mais bien un joueur différent à qui les Ducks confient des missions défensives. Ce qui lui donne de moins jolies statistiques, on s'en doute. «C'est peut-être aussi pour cette raison que je ne joue plus à Montréal... C'est plus facile d'avoir de moins bonnes statistiques quand on joue à Anaheim!»

En prenant bien son temps jeudi matin devant toutes ces caméras et ces micros, Koivu est revenu sur ses années montréalaises. Sur son départ aussi, lui qui a quitté le club à titre de joueur autonome en juillet 2009.

«Je trouvais que le temps était venu pour moi d'aller affronter un nouveau défi... et la direction du Canadien pensait la même chose, elle voulait tourner la page et amorcer un nouveau chapitre. C'est comme ça que ça s'est passé, tout simplement.

«Ce n'est pas un regret, mais je trouve ça dommage qu'on n'ait pas pu se rendre plus loin en séries avec le Canadien. Il y avait de ces signes avant que je parte, on pouvait voir que l'équipe s'en allait dans la bonne direction.»

Peu importe le divorce, peu importe l'autre carrière sous les palmiers de la Californie, Koivu demeure un joueur très populaire ici. «En arrivant à l'hôtel (mercredi), il y avait déjà des gens qui attendaient pour me voir. C'est touchant. J'ai toujours cru qu'il y avait un lien spécial ici entre les partisans et moi.»

Reste à voir si on aura l'occasion de le revoir sur la glace du Centre Bell une autre fois, ou si le match de jeudi soir était son dernier tour de piste dans cet aréna qu'il a tant fait vibrer.

En attendant de connaître cette réponse qu'il ne connaît pas lui-même, Koivu conserve de précieux souvenirs de cette ville où tout a commencé.

«C'est dur de ne retenir qu'un seul souvenir. Je me souviens de plusieurs moments. De mon premier match, de mon premier but, et bien sûr de mon retour (en avril 2002) après mon combat contre le cancer. Je me souviens aussi des matchs des séries... Ce sont des moments qui ne s'oublient pas.»