Ce sont les Ducks d'Anaheim qui s'arrêtent jeudi soir au Centre Bell, mais pour certains joueurs du Canadien, cette visite est surtout l'affaire d'un seul homme. L'affaire d'un ex-coéquipier et ami, dont ils conservent, même quatre ans plus tard, des souvenirs mémorables.

Cet homme, cet ex-coéquipier et ami, c'est Saku Koivu.

Le Finlandais de bientôt 39 ans le dit lui-même depuis quelques saisons: il ne sait pas trop ce que le futur lui réserve. Mais le parcours qu'il lui reste sur la planète LNH est assurément plus court qu'il ne l'était, et peut-être que sa visite de jeudi soir au Centre Bell sera sa dernière à titre de joueur. Peut-être.

Voilà pourquoi ce match est un peu spécial pour les joueurs du CH qui l'ont connu par ici avant son départ de Montréal, au terme de la saison 2008-2009. «J'imagine que les partisans vont lui offrir un très bel accueil», a résumé Carey Price, qui sera devant le filet montréalais pour l'occasion.

Price n'a pas connu Koivu très longtemps dans le vestiaire du Centre Bell, mais il n'a rien oublié de ces moments passés avec l'ancien numéro 11.

«Il ne parlait pas beaucoup et il aimait mieux mener par l'exemple, a dit le gardien. Je me souviens d'un joueur qui donnait tout, qui se consacrait entièrement à son travail chaque jour.

«Je me souviens aussi qu'à mon arrivée avec l'équipe (en 2007-2008), il avait invité les jeunes joueurs chez lui le temps d'un souper. Il était toujours très bon avec les plus jeunes comme moi. Je crois qu'on se souviendra toujours de lui comme d'un capitaine du Canadien de Montréal.»

Koivu en est déjà à sa cinquième saison avec les Ducks d'Anaheim, mais les faits saillants de sa carrière, les grands moments comme les plus douloureux, ont probablement tous été vécus dans le maillot tricolore.

Incluant ce fameux soir d'avril 2002, quand Koivu, vainqueur de ce cancer qui l'avait attaqué sournoisement, s'est remis à patiner avec ses coéquipiers sous les projecteurs du Centre Bell.

Michel Therrien, qui était derrière le banc du Canadien ce soir-là, s'en souvient très bien.

«J'avais eu une discussion avec lui au cours de la journée, juste pour m'assurer de son utilisation, de son temps de glace, a raconté l'entraîneur mercredi. Ce que je n'ai pas oublié, c'est l'ovation de la foule... J'ai encore la photo de cette soirée-là à la maison. Il a été un bon capitaine et un bon guerrier.»

Pour un joueur que l'on disait trop petit et pas assez hargneux à l'époque, Koivu aura connu une illustre carrière. Il est débarqué chez le Canadien en 1995-1596, et il est encore capable de suivre le rythme dans une LNH qui est pourtant bien différente de celle qu'il a connue en arrivant en Amérique.

En tout, six joueurs du Canadien de 2008-2009, la dernière mettant Koivu en vedette, sont encore avec le club. Ça inclut le défenseur Josh Gorges, qui se met à sourire rapidement quand on lui parle de son ancien capitaine.

«Un leader et un modèle à suivre, a souligné Gorges. Quand je suis arrivé ici, il s'est tout de suite arrangé pour que je me sente comme un membre de cette équipe à part entière. Il m'avait dit en partant que Montréal peut être un endroit difficile pour un joueur, mais que celui qui travaille et qui donne tout sera toujours respecté dans cette ville. C'est incroyable tout ce qu'il a fait ici, autant pour le Canadien que pour Montréal.»

Et ceux qui affirment que Saku Koivu ne peut être considéré parmi les grands du CH parce qu'il n'a jamais soulevé la Coupe Stanley? «Il ne pouvait pas tout faire à lui seul, a conclu Josh Gorges. On ne peut pas résumer sa carrière de cette façon-là. On ne peut pas tout ramener à une Coupe Stanley.»