Andrew Ference est un défenseur que les amateurs du Canadien ont appris à détester au fil des ans. On pourrait croire que l'ancien des Bruins de Boston, le leur rendait bien, surtout à partir du moment où il a fait un doigt d'honneur à la foule du Centre Bell après avoir marqué un but, en avril 2011.

Mais Ference, maintenant sorti de la marmite que constitue la rivalité Canadien-Bruins, se montre doucereux dans ses propos.

«La rivalité Canadien-Bruins est tellement grosse et tellement bonne pour la Ligue nationale, a dit le nouveau capitaine des Oilers d'Edmonton. Tout est amplifié avant chacun des matchs. Mais de dire que je les haïssais, c'est un peu fort. C'était très émotif, en tout cas, parce qu'on voulait tellement gagner.»

Ference en est déjà à un deuxième match face au Tricolore dans l'uniforme des Oilers. Outre le battage qui n'est plus le même, rien n'a vraiment changé.

«On ne se prépare pas différemment pour un match face à un gros rival qu'on ne le ferait le reste du temps, explique-t-il. Maintenant que je suis avec les Oilers, je me prépare exactement de la même manière avant d'affronter le Canadien que je ne le faisais avant.»

«Un choix logique» comme capitaine

Parlant d'une «séparation respectueuse qui n'aurait pas pu mieux se passer», Ference a quitté les Bruins cet été et a profité de son statut de joueur autonome pour rentrer à la maison. Le natif d'Edmonton a signé un contrat de quatre ans d'une valeur de 13 millions avec les Oilers.

Ceux-ci l'ont nommé capitaine à la fin du camp d'entraînement.

«C'est le choix de la direction mais en ce qui me concerne, c'était un choix logique, a mentionné l'ailier David Perron. Peut-être que des partisans auraient voulu que ce soit l'un de nos jeunes, mais je suis 100% d'accord avec la nomination de Ference. C'est un gars qui peut montrer la voie et qui a déjà gagné la Coupe Stanley.

«À l'image de notre coach, c'est un gars qui est en contrôle. Je pense qu'ils l'ont signé pour cette raison-là cet été. C'est évident qu'ils le percevaient comme un capitaine.»

Ference croit certes qu'il peut apporter cette expérience gagnante, mais qu'il peut aussi contribuer à transmettre une culture du plein effort.

«Je dois montrer l'exemple à tous les jours et avoir une éthique de travail irréprochable, dit-il. Ce sont des choses que j'ai apprises il y a longtemps déjà, mais qui ont été renforcées à Boston au contact d'un gars comme Patrice Bergeron, qui est de loin le joueur qui travaille fort le plus chez les Bruins.

«Avec les Oilers, il y a un tas de jeunes joueurs qui sont plus talentueux que moi, mais je dois leur faire comprendre qu'ils peuvent être encore meilleurs en y mettant un maximum d'efforts. Parce que dans cette ligue, le travail finit toujours par avoir le dessus sur le talent.»

Un sentiment de déjà-vu

On connaît Ference pour ses années passées à la ligne bleue des Bruins, mais on oublie parfois qu'il a amorcé sa carrière avec les Penguins de Pittsburgh et qu'il a atteint la finale de la Coupe Stanley dans l'uniforme des Flames de Calgary en 2004.

Ayant vécu des années de vaches maigres à Pittsburgh à ses débuts, le défenseur de 34 ans a l'impression de repasser à travers le même processus avec les Oilers.

«C'est une jeune équipe qui n'a pas l'expérience de la victoire et pour moi, c'est un retour à cette réalité après avoir passé des années à Boston où nous avions le même entraîneur-chef année après année et où l'on s'attendait toujours à ce que les Bruins soient une puissance.»

Les Oilers devront s'armer de patience parce que les meilleurs jeunes éléments de la formation continuent d'afficher un manque de constance dans leur rendement. Ça peut être un long processus que de découvrir, une fois dans la LNH, toutes les petites choses nécessaires à la victoire qui n'étaient pas aussi évidentes dans les rangs juniors.

«Un joueur peut mettre le feu dans sa ligue junior rien qu'avec son talent, rappelle Ference. Il peut s'en tirer malgré ses erreurs et mêmes ses mauvaises habitudes. S'il n'a pas d'exemple clair, à son arrivée dans la LNH, ce que ça prend pour accéder au niveau suivant, il pourrait bien ne jamais apprendre.»