Parfois, la direction du Canadien se trompe. Mais parfois aussi, il arrive que la direction du Canadien réussisse un très bon coup. Dans le cas de Michaël Bournival, on peut probablement affirmer que c'est la deuxième option qui s'applique.

Remontons un peu dans le temps, au 11 novembre 2010, plus précisément. Ce matin-là, Michaël Bournival est un membre des Cataractes de Shawinigan, et il est bien confortablement installé devant son téléviseur, sans trop se douter de ce qui l'attend.

Puis, la nouvelle lui tombe dessus, sans le moindre avertissement: l'Avalanche du Colorado décide de l'échanger au Canadien de Montréal.

Surprise, étonnement. Pour lui comme pour un peu tout le monde.

«J'ai tout de suite appelé mon agent (Christian Daigle), a raconté Bournival, vendredi, après l'entraînement du matin. Et je lui ai dit que je venais d'être échangé à Montréal. Sur le coup, mon agent a cru que j'avais été échangé au Junior de Montréal...»

Aujourd'hui, le joueur québécois de 21 ans trouve ça drôle. On peut présumer que la direction du Canadien trouve ça drôle, elle aussi, puisque l'échange en question a déjà des allures de grand vol.

Pour obtenir Bournival, rappelons-le, le Canadien a eu à donner le défenseur Ryan O'Byrne à l'Avalanche du Colorado, le club qui avait choisi Bournival au repêchage de 2010 avec son troisième choix.

Pierre Gauthier, directeur général du Canadien à ce moment-là, a souvent été critiqué lors de son passage au Centre Bell, mais on peut sans doute affirmer qu'il a soigneusement roulé la direction du Colorado dans la farine avec cet échange.

Le contexte actuel ne ment pas. Pendant que Bournival fait des pas de géant dans le maillot tricolore en ce début de saison, O'Byrne tente de relancer sa carrière... dans la KHL.

Pas exactement le scénario qui avait été prévu par l'Avalanche, peut-on présumer.

«Je me souviens que j'avais parlé à Pierre Lacroix (alors président de l'Avalanche), et la direction m'avait dit que l'équipe avait besoin de défenseurs, a ajouté Bournival. Ils avaient beaucoup de blessés à ce moment-là, et c'est pour ça qu'ils ont décidé de m'échanger. Ils me l'ont expliqué. Quand j'ai su que je passais au Canadien, j'étais heureux; j'ai réalisé que j'allais peut-être un jour jouer pour l'équipe. Cette journée-là a été assez mouvementée pour moi, je pense que j'en ai perdu des bouts...»

Le grand rêve est enfin devenu réalité. Jeudi soir au Centre Bell, dans une victoire de 5-3 sur les Blue Jackets de Columbus, Michaël Bournival a réussi son premier but dans la LNH, un but dont il se souviendra certes longtemps. «C'est sûr que ç'a été un beau but, je ne pouvais pas vraiment demander mieux...»

Bournival, qui s'était présenté au camp d'entraînement du Canadien en septembre pour «brouiller les cartes», comme il l'a souvent répété, ne sait trop s'il restera encore ici un bout de temps. Pour le moment en tout cas, il semble sur la bonne voie.

C'est du moins l'opinion de son entraîneur.

«Il fait un peu de tout, des choses qui sont importantes à nos yeux, a expliqué Michel Therrien vendredi. C'est comme ça qu'on gagne du respect. C'est important de se sacrifier, d'être le premier sur la rondelle... On est en mesure de lui donner plus de responsabilités et plus de temps de glace. C'est un bon début pour ce jeune homme-là.»

En attendant, Michaël Bournival continue de prendre du galon, continue de surprendre un peu plus chaque jour. Et plus personne ne semble s'ennuyer de Ryan O'Byrne au Centre Bell.