Avec une récolte de sept points en six matchs, Lars Eller connaît un surprenant départ chez le Canadien cette saison. Mais Jarmo Kekalainen, lui, n'est nullement surpris.

Depuis février, Kekalainen est le directeur général des Blue Jackets de Columbus, qui vont affronter le Canadien au Centre Bell, ce soir. Mais auparavant, dans une autre vie, le Finlandais portait un chapeau différent: celui de dépisteur en chef chez les Blues de St. Louis.

C'est dans ce rôle-là, en 2007, qu'il a passé de longues soirées dans les arénas suédois à observer les moindres coups de patin d'un jeune Danois du nom de Lars Eller, qui tentait alors de s'illustrer dans la ligue de hockey junior de Suède.

Kekalainen a fini par remarquer le jeune Eller. Et six ans plus tard, quand il se souvient de ces voyages en Suède, le DG des Blue Jackets n'est pas étonné de retrouver au Centre Bell un Eller version 2.0 qui rayonne dans l'alignement montréalais.

«C'est pour ça qu'on avait décidé de le choisir au premier tour du repêchage avec les Blues, s'est-il rappelé lors de l'entraînement des Blue Jackets, hier au Centre Bell. Je me souviens d'avoir pris l'avion pour aller le voir jouer lors de la finale de la ligue de hockey junior de Suède, où son club a tout gagné. Je voulais le voir une dernière fois avant le repêchage.»

Quand on lui parle d'Eller, de ce qu'il est devenu, Jarmo Kekalainen affiche le petit sourire de celui qui s'en doutait bien. Il rappelle qu'il n'a pas été le seul à croire en Eller chez les Blues, quand le club de St. Louis l'a choisi avec le 13e choix du repêchage de 2007 («Ville Siren, qui est maintenant notre dépisteur principal chez les joueurs amateurs, est celui qui a fait tout le travail», tient-il à préciser).

Et il rappelle aussi qu'à ses yeux, le talent d'Eller ne faisait déjà aucun doute au sein des rangs juniors.

«Je l'ai vu souvent chez les juniors... On savait qu'on allait le repêcher lors du premier tour, et Ville (Siren) le voyait à presque chacun de ses matchs en Suède. Au départ, ce qui était clair avec Lars, c'est qu'il ne comptait pas ses heures de travail. C'est un joueur qui a toujours cherché à s'améliorer. C'est quelque chose qu'on a toujours aimé chez lui, cette force de caractère. C'est bien de constater que ça lui rapporte aujourd'hui.

«Il était un joueur polyvalent dans les rangs juniors. Ce dont je me souviens surtout chez lui, c'est combien il comprenait le jeu, tant en zone défensive qu'en attaque. Il avait du caractère et il était un compétiteur. On recherchait toujours ces qualités chez nos jeunes joueurs; on voulait des gars qui ont un bon sens du hockey et une bonne force de caractère. Je crois que Lars avait 16 ans quand il est allé à Göteborg et quand il a commencé à jouer avec l'équipe là-bas.»

Kekalainen n'a pas oublié non plus ce jour de juin 2010, quand Doug Armstrong, le directeur général des Blues, a saisi le téléphone pour composer le numéro de Pierre Gauthier. La direction des Blues cherchait à obtenir un gardien, et elle savait que le Canadien en avait deux bons dans ses rangs.

Les Blues savaient aussi, comme un peu tout le monde sur la planète LNH, que le tandem Halek-Price ne pouvait pas durer bien longtemps sous les feux du Centre Bell.

Lars Eller et Jaroslav Halak ont finalement dû déménager, dans le cadre de la transaction que l'on sait.

«On ne peut pas se mettre à pleurer parce qu'une équipe échange un joueur qu'on a choisi, tient à dire Kekalainen. Vous savez, ça fait partie du jeu.»

Encore aujourd'hui, Jarmo Kekalainen juge que cet échange a été une bonne affaire pour tout le monde. «Ça a été un bon échange pour les deux clubs. Les équipes ont des besoins, et dans ce cas-ci, St. Louis avait besoin d'un gardien et Montréal avait besoin d'un attaquant. Ce n'est pas plus compliqué que ça...»