Jacques Demers a vécu de nouveau son propre licenciement avec le Canadien, en 1995, en apprenant que Peter Laviolette, des Flyers de Philadelphie, avait été congédié hier après trois rencontres.

«Au moins, l'été, le congédiement passe plus inaperçu, ton orgueil est moins touché», a confié hier après-midi à La Presse l'ancien entraîneur du Canadien, du Lightning, des Red Wings et des Blues.

«Et si c'est après une trentaine de matchs, ajoute Demers, ta fiche négative te permet au moins de voir venir le coup; mais après trois ou quatre matchs, ça te prend complètement par surprise.»

Le propriétaire des Flyers de Philadelphie, Ed Snider, a expliqué hier matin en conférence de presse que la décision était inévitable, même si elle survenait tôt dans la saison.

«Nous n'avons pas aimé notre saison l'an dernier, mais nous avons attribué nos déboires à plusieurs facteurs différents et nous avons donné une chance supplémentaire à Peter. Le camp d'entraînement a été l'un des pires qu'il m'a été donné de voir. Il n'y avait pas d'entrain, personne ne s'est signalé, j'étais inquiet. Notre début de saison a confirmé mes inquiétudes. N'eût été nos gardiens, ç'aurait été pire encore.»

Les propos du propriétaire n'ont pas surpris Jacques Demers. «On ne congédie pas un entraîneur après trois matchs si ça ne mijotait pas déjà dans la tête de la direction. Quand j'ai été congédié avec Serge Savard en 1995, je suis convaincu que Ronald Corey y avait songé en fin de saison et au cours de l'été, mais qu'il avait décidé de nous donner une chance. Mais avec une fiche de 0-4, il a agi, et ce, même si nous venions de disputer un solide match contre les Devils du New Jersey de Jacques Lemaire, au cours duquel Martin Brodeur avait été étincelant.»

Demers n'est cependant pas surpris du dénouement de la situation à Philadelphie. «Il (Laviolette) a mené les Flyers en finale en 2010, mais j'ai vu leurs deux derniers matchs et l'équipe jouait vraiment mal. Il n'y avait pas d'intensité. Parfois, on se demande si les joueurs nous écoutent ou pas. Mais quand ils cessent de donner leur plein effort, l'entraîneur n'a aucune chance de survivre.»

Le début des problèmes

De l'avis de nombreux observateurs, la haute direction a un mea-culpa à faire. Elle a échangé Jeff Carter et Mike Richards de façon à alléger la masse salariale de l'équipe et ainsi couvrir d'or le gardien Ilya Bryzgalov, il y a trois ans. On a aussi échangé le gagnant du trophée Vézina, Sergei Bobrovsky, pour laisser toute la place à Bryzgalov. Il y a quelques mois, on a racheté le contrat de celui-ci.

On a aussi racheté le contrat de Daniel Brière et embauché Mark Streit et Vincent Lecavalier, deux athlètes de talent, mais en perte de vitesse.

Et on n'a jamais su combler la perte de Chris Pronger, dont la carrière a été mise en péril par de nombreuses commotions cérébrales.

Cela dit, Ed Snider n'est pas reconnu pour sa patience. En 2006, Ken Hitchcock a été congédié après seulement huit matchs, alors que les Flyers avaient une fiche de 1-6-1. Son DG Bob Clarke avait démissionné. L'entraîneur John Stevens avait remplacé Hitchcock. Le club a néanmoins terminé au dernier rang du classement général cette année-là.

Voyons si les Flyers et leur nouvel entraîneur Craig Berube, assisté d'Ian Laperrière, pourront renverser la vapeur.