Nathan MacKinnon n'est pas allé à son bal de fin d'études, lundi à Halifax. L'un de ses nombreux engagements à l'approche du repêchage l'en empêchait.

Le vrai bal, ce n'était pas celui-là.

« Moi, ce dont j'ai toujours rêvé, c'est être repêché à la fin de mon école secondaire, nous a-t-il dit pendant la finale de la Coupe Stanley. J'ai pensé à juin 2013 toute ma vie. «

À Newark, aucune adolescente ne l'attend en robe blanche, maladroite sur ses talons hauts. Ce sont des légendes du hockey comme Patrick Roy, Joe Sakic et Steve Yzerman qui veulent danser avec lui. Des hommes de hockey aguerris comme Dale Tallon.

Depuis dix jours, Sakic et Roy, de l'Avalanche du Colorado, ont été étonnamment francs au sujet de leur penchant pour MacKinnon. Ça a aussi surpris le principal intéressé.

« J'avais entendu tellement de choses à propos de Seth Jones et du fait qu'il était taillé sur mesure pour l'Avalanche, j'en étais presque venu à oublier que j'étais aussi un candidat possible «, a confié le centre des Mooseheads d'Halifax lors d'une rencontre avec les médias, vendredi au New Jersey.

« C'était agréable à entendre, car c'est spécial que deux membres du Temple de la Renommée disent autant de belles choses à mon sujet. Cela dit, je ne veux pas trop m'emballer, car tout peut changer. «

L'opinion de Roy a sûrement compté

On soupçonne que l'arrivée de Patrick Roy au Colorado est ce qui a le plus poussé l'Avalanche à considérer MacKinnon comme un possible premier choix au prochain repêchage.

Roy a vu MacKinnon marquer 12 buts et cumuler 13 mentions d'aide en 12 rencontres face à ses Remparts de Québec. Et il n'a jamais oublié que Jonathan Drouin et lui ont aidé les Mooseheads à effacer un déficit de 0-3 lors des séries de 2012 pour finalement éliminer les Remparts...

Les confidences de l'Avalanche ne sont-elles qu'un écran de fumée ? Visaient-elles à préparer le public de Denver au fait qu'il s'apprêtait à lever le nez sur Seth Jones, le héros local ?

S'agissait-il de titiller les Panthers de la Floride et d'inciter Dale Tallon à lui faire une offre ? Tallon, lui, ne courra aucun risque : il rencontrera les deux super espoirs, aujourd'hui à New York.

Mais à la façon dont les choses progressent, MacKinnon sera vraisemblablement le premier choix universel du prochain repêchage. Patrick Roy voit déjà MacKinnon au centre du troisième centre au début de la saison prochaine...

Une chose de plus qu'il aura en commun avec Sidney Crosby, diront certains.

MacKinnon n'est pas Crosby

Ah, ce fameux lien Crosby-MacKinnon... Même si le style des deux joueurs est tout à fait différent, les médias ont fait un rapprochement facile entre eux au fil des ans.

« Au début, je ne savais pas comment gérer la chose et j'haïssais ça, reconnaît le jeune phénomène originaire de Cole Harbour. Je me souviens avoir lu un article sur moi dans ESPN Magazine alors que j'avais 13 ans et qu'on me présentait comme le prochain Sidney Crosby. Ce n'était pas facile. C'est pareil comme lorsqu'on disait de Sid qu'il serait le prochain Wayne Gretzky. Ce n'est pas évident de se montrer à la hauteur des attentes, dans ce temps-là... «

« Aujourd'hui, je balaie ces commentaires-là du revers de la main. Mais heureusement, je crois que les gens commencent à réaliser que je ne suis pas lui. «

La pire chose qu'aurait pu faire MacKinnon, à l'époque où il se cherchait encore comme joueur de hockey, ç'aurait été d'essayer de reproduire ce que Crosby avait fait avant lui. Son père Graham - son allié le plus fidèle à travers tout son cheminement -l'a toujours mis en garde contre ce danger : vouloir être quelqu'un d'autre que soi-même.

L'enfant et le héros

Ça n'empêche pas MacKinnon, comme tout jeune amateur de hockey de la Nouvelle-Écosse, de s'être pris d'affection très jeune pour le capitaine des Penguins de Pittsburgh.

« Sid était mon idole quand j'étais petit et j'adorais sa façon de jouer, admet-il. Mais on ne me comparerait pas à lui si je venais de Toronto ou de Moncton. «

MacKinnon se souvient de la première fois qu'il a rencontré Crosby. Toute la famille était à l'aéroport dans l'attente d'un vol pour la Floride.

« Je l'ai croisé alors qu'il rentrait de Shattuck's. Il avait 15 ans, à l'époque, et moi, j'en avais sept. Je savais qui il était, mais c'est mon père qui l'a reconnu. J'ai toujours gardé la photo. «

On comprend aisément l'enfant qui chérit une photo en compagnie de son idole. Mais quand MacKinnon est devenu adolescent, l'inverse ne lui a pas paru aussi évident.

« Quand ça a été à mon tour de me faire prendre en photo, je trouvais ça bizarre. Je me disais : Pourquoi veulent-ils prendre une photo avec moi ? J'ai 15 ans et je n'ai rien fait ! «

Or, MacKinnon en a maintenant 17, et visiblement, il en a suffisamment fait lors des deux dernières années.

Assez pour être convoité par tout le monde à la veille du repêchage de la LNH !