À Montréal, le gardien de but est souvent un solide sujet de discussion autour de la machine à café. À Chicago? Disons que le gardien de but est en train de devenir un très bon sujet de discussion également.

Après l'entraînement des Blackhawks, hier au United Center, c'est le casier de Corey Crawford qui était le plus encombré, le plus populaire. Pendant que le gardien mont-réalais tentait de retirer les morceaux de son armure, des dizaines de caméras et de micros étaient plantés devant lui.

C'est un peu ce qui arrive quand on revient d'une soirée difficile, avec cinq buts tous accordés du même bord, côté mitaine. C'est un peu ce qui arrive quand on est la cible de critiques d'un peu partout.

L'entraîneur-chef Joel Quenneville aime répéter combien son gardien a une mauvaise mémoire, qu'il est capable d'oublier une prestation ordinaire pour enchaîner avec une grande performance, comme le font généralement les meilleurs.

Ce soir, dans le cadre du match numéro cinq de cette grande finale entre les Hawks et les Bruins de Boston, Corey Crawford aura assurément à oublier la dernière fois.

«Je ne sais pas trop comment on fait pour tout oublier, j'imagine qu'il faut seulement penser au prochain tir, a dit le principal intéressé hier, l'air pas trop nerveux. Dans mon cas, ça fait beaucoup de buts à oublier... J'ai eu un match difficile la dernière fois, ce ne fut pas mon meilleur.»

Crawford assure qu'il n'y a pas de recette magique pour se remettre d'une mauvaise soirée («je vais me préparer comme je l'ai fait pendant toute l'année»), mais il assure aussi qu'il n'a pas exactement perdu le sommeil depuis cette dure soirée de mercredi à Boston, qui s'est tout de même conclue par une victoire de 6-5 de sa bande.

Avec tout ça, la série est égale 2-2, mais à entendre les commentaires sur Crawford et sa fameuse mitaine, on a presque l'impression que la série est déjà gagnée pour les Bruins.

Peu importe, le gardien des Hawks jure qu'il ne se laisse pas déranger par tout ça. Il a d'ailleurs rappelé que lors du tour précédent, on racontait qu'il était faible de l'autre bord, de la main droite...

«Je ne pense pas à tout ce qui se dit sur moi, a-t-il ajouté. Je vais me contenter de jouer mon match, de me concentrer là-dessus. Le côté de la mitaine, ils ont juste lancé de ce bord-là, c'est tout. Je ne peux rien faire, ce n'est pas moi qui décide de quel bord ils vont lancer... Et puis de toute façon, je ne peux pas penser à ça.»

Rask échappe aux critiques

Ces questions sur Corey Crawford et la fameuse mitaine irritent un peu certains de ses coéquipiers, qui ont rappelé que le gardien des Bruins, Tuukka Rask, a quand même accordé un gros total de six buts lors de la soirée de mercredi.

Il s'agit de la pire performance de Rask depuis le début des séries, un léger détail qui n'a certes pas échappé à Duncan Keith.

«Nous avons accordé cinq buts et ils en ont accordé six, nous avons gagné le match et nous passons au prochain match», a répété le défenseur des Hawks.

Toutes ces questions sur Crawford à Chicago viennent nous rappeler une chose: peu importe la ville, peu importe l'équipe, c'est (presque) toujours le gardien qui est le joueur le plus visé quand ça ne va pas si bien, quand il y a un peu trop de buts au compteur.

«Pour un gardien, les critiques sont toujours plus nombreuses que pour n'importe quel autre joueur, a tenu à dire Joel Quenneville. Je crois que Corey va s'en remettre. Toute l'équipe va passer à autre chose, et il va le faire lui aussi.»