L'histoire du match de jeudi soir au Centre Bell se résume en une seule phrase: un gardien magique contre un gardien ordinaire, et un coup à la tête de Lars Eller qui risque de laisser des traces.

On pourra rappeler que le hockey est un sport d'équipe, que c'est aussi une affaire de défenseurs et d'attaquants, mais jeudi soir, ce fut avant tout une affaire de gardiens. Et à ce chapitre, ce fut avantage Sénateurs sur toute la ligne.

Pendant que Craig Anderson était en état de grâce devant le filet des Sénateurs, Carey Price était mauvais devant le filet montréalais.

Résultat? Sénateurs 4, Canadien 2.

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«Je te dirais qu'Anderson a été meilleur que Carey Price», a résumé l'entraîneur Michel Therrien après la rencontre.

En tout, les joueurs du CH ont lancé à 50 reprises sur Anderson, qui a enchaîné les petits miracles toute la soirée. Seuls Rene Bourque, d'un revers parfait, et Brendan Gallagher, en avantage numérique, ont réussi à le surprendre.

Price? Il a laissé passer au moins deux tirs ordinaires derrière lui, dont celui de Jakob Silfverberg, en début de troisième, qui permettait à la visite de faire 2-2.

Le Canadien avait d'ailleurs largement dominé avant ce cadeau à Silfverberg, avec 27 tirs en deuxième période, pendant que les Sénateurs ne lançaient que 7 fois sur Price lors de ces 20 minutes-là.

Mais le vent a tourné en troisième, et pas à peu près. Les Sénateurs en ont profité pour se sauver avec le match en réussissant trois buts, ce qui a ramené ces applaudissements dérisoires suite à quelques arrêts de routine de la part de Carey Price vers la fin.

Lars Eller, lui, n'a rien vu de tout ça. Sa soirée s'est terminée de façon très brutale à 13:28 de la deuxième période, quand le défenseur Eric Gryba l'a assommé d'un solide coup de coude, à la ligne bleue du Canadien.

Le joueur danois est ensuite resté couché sur la glace pendant de longues et interminables secondes, offrant bien malgré lui un sanglant spectacle aux 21 273 spectateurs. C'est en civière qu'Eller a quitté la place pour se rendre à l'hôpital en ambulance.

Verdict: commotion cérébrale, et fractures multiples au visage, en plus de dents cassés.

Selon Paul MacLean, le plaqué de son défenseur n'avait rien d'illégal.

«Un coup qui fait partie du jeu, a plaidé l'entraîneur des Sénateurs. Si j'étais eux, je serais plutôt fâché contre le numéro 61 (Raphael Diaz), celui qui lui a fait cette passe-là... Il a passé la rondelle alors que son joueur ne s'y attendait pas. Depuis que je suis impliqué dans le hockey, je sais qu'une telle passe est un jeu dangereux. Depuis Scott Stevens, Barclay Plager, Doug Harvey et Gord Kluzak, ce type de jeu existe. C'est un jeu qui a mal tourné, et le 61 est à blâmer.»

Michel Therrien, lui, a dû bien se retenir pour ne pas dire ce qu'il en pensait vraiment. «On a tous vu le coup, je suis sûr que la ligue va revoir le jeu», s'est-il contenté de répondre.

On disait qu'il n'y avait aucune espèce de rivalité entre ces deux clubs. On peut maintenant affirmer que la rivalité Canadien-Sénateurs est née jeudi soir.