Que les Maple Leafs soient loin d'avoir officialisé leur place en séries éliminatoires n'empêche personne à Toronto de rêver à un affrontement entre les Leafs et le Canadien en première ronde.

Pourtant, si les séries commençaient aujourd'hui, ce sont les Islanders de New York que le Tricolore affronterait.

Qu'à ce la ne tienne: dans la Ville-Reine, où l'on cherche frénétiquement à identifier le véritable rival des Leafs, on rêve à un premier choc entre les deux équipes depuis la saison 1978-79. C'était LE sujet de discussion vendredi.

«Compte tenu du classement serré, de la possibilité d'une rencontre en séries et de la spéculation qui l'entoure, le match de samedi va générer beaucoup d'attention», prévoit le défenseur P.K. Subban.

«Mais en même temps, même si nous avons officialisé notre place en séries, il nous reste encore à nous assurer de l'avantage de la patinoire. On a beaucoup de choses à prouver. On veut terminer la saison en force et amorcer les séries avec un bon élan. Ce n'est pas juste un commutateur qu'on allume.»

La jeune vedette des Leafs, Nazem Kadri, était un grand partisan du Canadien dans sa jeunesse. D'ailleurs, ça lui a fait tout drôle d'être hué par la foule montréalaise lorsqu'il a été repêché par les Leafs en 2009.

Kadri aussi conçoit aisément en quoi la rencontre de ces deux équipes peut titiller l'intérêt des amateurs.

«Cela dit, il nous reste huit matchs à jouer et 16 points à récolter, a rappelé l'attaquant de 22 ans. Nous avons encore espoir de terminer premiers et bien que la possibilité de se rencontrer en séries existe, il est trop tôt pour y penser.»

Quant aux entraîneurs, autant Michel Therrien que son homologue Randy Carlyle ont la tête à préparer leur équipe de façon à ce qu'elle connaisse le plus de succès possible.

C'est plate, mais c'est comme ça.

Je suis très conscient qu'il y a une rivalité très intéressante pour les deux villes, a convenu Therrien. Les partisans ont beaucoup de passion pour leur équipe, mais je ne peux pas commencer à spéculer sur qui l'on va affronter en première ronde.»

Une rivalité, vraiment?

Mais y a-t-il vraiment une si grosse rivalité entre les Leafs et le Canadien? On la tient pour acquise comme si c'était devenu un cliché de l'Histoire. Or, cela fait 34 ans que les deux formations ne se sont pas rencontrées en séries, là où les rivalités bourgeonnent. Durant ce temps-là, les Nordiques ont eu le temps d'arriver dans la LNH et de disparaître. Et quelle rivalité il y a eu entre eux et le CH!

Les Bruins de Boston ont maintes fois rencontré le Canadien en séries éliminatoires à la fin des années 80. Et Cam Neely, un joueur au centre de la rivalité à cette époque-là, est aujourd'hui le président des Bruins et il continue de nourrir le contentieux avec l'ennemi montréalais.

«Il y a une rivalité avec les Leafs au même titre qu'il y a une rivalité avec Boston, croit néanmoins Michael Ryder. Elles sont de teneurs différentes, mais je suis sûr que si nous devions retrouver Toronto en première ronde, ce serait assurément la série la plus regardée.»

Ryder était avec le Tricolore à l'époque où des matchs de saison régulière face aux Leafs suggéraient une rivalité dormante ne demandant qu'à être réveillée. Qu'on pense au coup de coude d'Alex Kovalev au visage de Darcy Tucker, en mars 2006, ou encore au match suicide entre les deux équipes, l'année suivante, qui s'était soldé par l'exclusion des séries du Canadien.

Ryder avait inscrit trois buts et une mention d'aide dans un revers de 6-5.

Bref, peut-être verra-t-on une première ronde Canadien-Leafs, surtout s'ils terminent respectivement quatrièmes et cinquièmes de l'Association Est. Mais attendons d'abord que les Leafs aient acheté leur billet pour les séries...