Le développement des équipes passe plus que jamais par le repêchage. Pourtant, de 10 à 15% des joueurs de la Ligue nationale de hockey n'ont jamais été repêchés.

Au lendemain de la date limite des transactions, on en comptait 95 parmi les 30 formations de la LNH, liste des blessés incluse.

Et de toutes les équipes, c'est le Canadien qui en abrite le plus. En effet, les récentes acquisitions de Jeff Halpern et de Davis Drewiske ont gonflé à sept le nombre de joueurs du Tricolore qui n'ont jamais été repêchés. Les autres sont les attaquants David Desharnais et Rene Bourque, de même que les défenseurs Josh Gorges, Francis Bouillon et Raphael Diaz.

C'est un secret de polichinelle que, depuis 2005, le style de jeu est plus favorable aux joueurs de petite taille. Les joueurs qui avaient été ignorés à l'époque ont pu être observés sous un nouveau jour.

«Quand j'ai commencé à jouer, j'étais le seul à 5'8, se souvient Bouillon. Mais maintenant, juste au sein de notre équipe, on est quelques-uns. La nouvelle Ligue nationale y est pour beaucoup. La disparition de l'accrochage a changé beaucoup de choses et l'accent est davantage mis sur la vitesse.»

Mais pourquoi tant de joueurs ont-ils fini par passer entre les mailles du filet?

«Il y a tellement de jeunes maintenant qui jouent au hockey, non seulement au Canada, mais aux États-Unis et dans le reste du monde, suggère Jeff Halpern. Le bassin de talent grossit. On le constate dans des endroits comme la Californie ou dans certains pays d'Europe.

«Le nombre d'équipes a augmenté, le bassin de joueurs aussi, mais en même temps, le nombre de rondes de repêchage a diminué.»

La motivation de ne pas être repêché

Certains facteurs reviennent souvent pour expliquer pourquoi certains joueurs ont été ignorés au repêchage: un petit gabarit, un développement tardif, le cheminement scolaire ou une visibilité réduite auprès des recruteurs.

Pourtant, aucune de ces explications ne collait vraiment à la situation de Josh Gorges en 2003. Il s'attendait à être réclamé au repêchage, et le fait de ne pas l'être a été pour lui une source de motivation.

«On peut choisir de se morfondre, ou alors se dire: «Ah oui? Vous pensez que je ne suis pas assez bon? Je vais vous prouver que vous avez tort.»»

Desharnais et Bouillon, quant à eux, savaient d'emblée qu'ils ne seraient pas repêchés. Leur petite taille connotait les perceptions. Ils allaient devoir compenser en mettant de l'avant leur extraordinaire capacité d'adaptation.

«En général, les gars qui jouent dans la LNH ont dominé aux niveaux précédents, rappelle Bouillon. Tandis que moi, je n'ai jamais dominé à aucun niveau. Mais s'il y en a qui cassent à un certain moment, moi je me suis toujours bien ajusté au niveau de jeu.»

Un détour par l'université

Parmi les 95 joueurs non repêchés de la LNH, plusieurs ont pris le chemin des universités américaines. Certains afin de pallier un développement physique tardif, d'autres pour se donner une solution de rechange valable si leur carrière au hockey ne décollait pas.

Chez le Tricolore, Halpern, Bourque et Drewiske se sont retrouvés sur les bancs d'école.

«Mon but a longtemps été de me joindre à une université de première division, car même si atteindre la LNH était un rêve, l'université me donnait la chance de continuer à jouer pendant quatre ans», raconte Halpern, qui a grandi de deux pouces après l'âge de 18 ans.

Pour Rene Bourque, le gabarit n'a jamais été un problème. Il aurait d'ailleurs pu jouer dans la Ligue de l'Ouest s'il l'avait voulu. Mais puisqu'il a longtemps douté qu'il ferait carrière, la possibilité de décrocher une bourse d'études à l'Université du Wisconsin était le choix logique pour ce fils d'une famille peu nantie.

Ironiquement, cette décision a joué contre lui à son admissibilité au repêchage.

«Je n'ai pas joué beaucoup à mes deux premières saisons au Wisconsin, se souvient Bourque. À ma saison recrue, j'ai joué le premier match avant d'être retranché pour les six suivants. Et lorsque je jouais, c'était sur le quatrième trio.

«Et étant donné que le calendrier ne compte qu'une quarantaine de matchs, on ne m'a pas beaucoup vu.»

Si l'on peut passer sous le radar en jouant dans un programme comme celui de l'Université du Wisconsin, imaginez les chances d'un frêle défenseur provenant d'un pays qui, jusqu'à tout récemment, n'était pas reconnu comme une pépinière à joueurs de la LNH!

Raphael Diaz est arrivé dans la Ligue A de Suisse à l'âge de 18 ans, mais ce n'est qu'à sa septième saison là-bas qu'il a vraiment éclos. Son développement tardif, loin des attentes de la LNH, a fini par porter ses fruits.

Photo Alex Brandon, AP

Le fait de ne pas être repêché a été une source de motivation pour Josh Gorges et Francis Bouillon.