Quand Jarmo Kekalainen a mis les pieds pour la première fois dans le vestiaire des Blue Jackets de Columbus, en février, l'équipe était dernière au classement général avec une fiche de 4-10-2.

En guise de consolation, il lui était permis d'espérer le premier choix au total en juin. Depuis, l'équipe a connu un succès inespéré et perdu seulement trois de ses 16 matchs suivants à la régulière.

Les Blue Jackets se sont rapprochés à deux points d'une place en séries dans l'Association de l'Ouest, mais s'éloignent à grande vitesse du premier choix au repêchage...

«Le repêchage est important, mais on ne joue pas en fonction du classement au repêchage», confie au bout du fil à La Presse le nouveau DG des Jackets, et le premier Européen de l'histoire à être nommé à cette poste.

«On repêchera à l'endroit où l'on repêchera, poursuit Kekalainen. N'oublions pas que nous possédons aussi deux autres choix de première ronde. Nous surveillons de près le rendement des Rangers de New York et des Kings de Los Angeles, car leur choix de première ronde nous appartient.»

Si la saison prenait fin aujourd'hui, les Blue Jackets repêcheraient 11e avec leur propre choix, 14e avec le choix des Rangers et 21e avec celui des Rangers. À moins qu'ils ne remportent la loterie, évidemment.

Les Blue Jackets s'approchent ainsi d'une place en séries en grande partie grâce à leur gardien Sergei Bobrovsky. L'ancien porte-couleurs des Flyers de Philadelphie a relégué Steve Mason aux oubliettes. Il présente une fiche de 11-7-5, une moyenne de 2,17 et un taux d'arrêts de .927. À ses 14 derniers matchs, Bobrovsky a donné plus de deux buts seulement trois fois.

«Rendons hommage à mon prédécesseur Scott Howson, qui l'a obtenu cet été (en retour d'un choix de 2e ronde et de deux choix de 4e). Bobrovsky avait été solide dans la KHL pendant le lock-out et il avait montré quelques beaux flashs à Philadelphie. Il est fantastique actuellement. L'équipe perdait toujours par un ou deux buts avant mon arrivée et maintenant, le gardien fait la différence. Je n'y suis absolument pour rien. Tout le crédit va aux entraîneurs et aux joueurs qui travaillent très fort.»

Même si l'équipe est bien positionnée dans la course aux séries, Kekalainen, qui a repêché David Backes, Patrik Berglund, Alex Pietrangelo, David Perron, T.J. Oshie et Vladimir Tarasenko chez les Blues de St. Louis, affirme qu'il ne sera pas un acheteur très actif à la date limite des échanges.

«Je regarde toujours le portrait global. On peut trouver des solutions à la fois à court et à long terme. Mais on ne mettra jamais tous nos oeufs dans le même panier. Nous sommes en construction. En fait, on construit sans cesse, peu importe notre classement. On commence à régresser le jour où on s'imagine qu'on n'a plus à s'améliorer...»

Quelle identité voudra-t-il donner aux Blue Jackets?

«J'aime les équipes qui ont du caractère. Et nous avons déjà ces ingrédients. Mais j'apprécie les équipes rapides et talentueuses, qui comptent des buts. Dans mon vocabulaire, rapide a un sens large. L'anticipation et l'exécution font partie pour moi de la vitesse d'un club.»

Kekalainen évoque les noms des jeunes défenseurs Dalton Prout et de Tim Erixon lorsqu'on lui demande d'identifier quelques surprises.

Le premier est un choix de sixième ronde en 2010, le second a été obtenu dans l'échange de Rick Nash.

«Ce sont deux bons jeunes avec beaucoup de potentiel. Ils sont fiables et ils ont une fiche positive. Ils ne peuvent que s'améliorer. Artem Anisimov (lui aussi obtenu contre Rick Nash) a été blessé, mais en santé, c'est un morceau important.»

Kekalainen se dit privilégié d'avoir pu côtoyer autant d'hommes de hockey de qualité dans son parcours de recruteur qui l'ont mené d'Ottawa à St. Louis, puis à Columbus dans ce poste de DG.

«Il y a eu Ray Shero, le premier à m'embaucher à Ottawa. J'ai beaucoup appris de Rick Dudley aussi, de Trevor Timmins, qui est l'un de mes meilleurs amis en plus. Frank Jay est un dépisteur légendaire. Pierre Gauthier m'a donné ma première vraie chance. Mais mon vrai mentor demeure l'ancien DG des Sénateurs, Marshall Johnson. Il m'a appris tous les trucs du métier. Mon premier patron a été John Ferguson Sr.»

Les Blue Jackets ont participé une seule fois aux séries éliminatoires depuis leur entrée dans la LNH. Leur faible rendement lors des repêchages explique en grande partie leurs insuccès. Ils viennent de mettre la main sur un fin recruteur. Attendons maintenant les résultats...

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