C'est beau l'adolescence. C'est la vie qui foisonne, c'est rempli de promesses. C'est un âge où tout semble possible. «Sky is the limit».                

Mais c'est aussi un âge où l'on grandit de façon inégale, parfois ingrate. Où l'on est clairement pas devant un produit fini.

Le Lightning de Tampa Bay ressemble à un adolescent. À la différence près que sous Guy Boucher, il n'y a aucune chance que l'ado bougonne et reste assoupi!

Mais la transition qui s'opère au sein de cette formation ne se fait pas sans heurts.

«On est une équipe qui prend des risques et ça nous tue depuis le début de l'année, admet Boucher. Éliminer cette mentalité-là est un processus qui prend du temps. Ce n'est pas l'offensive notre problème. On veut s'améliorer défensivement mais pour y arriver, il faut passer à travers le processus» Comme un adolescent, le Lightning doit finir par apprendre de ses erreurs et cesser de les répéter. L'équipe n'est pas loin du but: elle domine plusieurs matchs, mais est trop souvent incapable d'asséner le coup de grâce.

Au contraire, elle se tire elle-même dans le pied avec une bévue coûteuse.

On a beaucoup de jeunes et c'est ce qu'on voulait, a établi l'entraîneur. On voulait injecter notre formation de bons joueurs de la Ligue américaine, mais on sait que ça prend du temps pour faire ce qu'on veut faire. Or, cette année, on n'a pas de temps.»

Le Lightning a pris le pari d'essayer de gagner aujourd'hui tout en développant le plus vite possible en fonction de demain. Une tâche rendue doublement difficile en raison de la saison écourtée et des trop rares séances d'entraînement.

«Est-ce qu'on attendait l'année prochaine pour développer nos jeunes ou l'on commençait dès maintenant en tant qu'organisation? La réponse est venue d'elle-même, car on a trouvé bon chacun des jeunes qu'on a fait monter jusqu'ici. Attendre nous ferait reculer. Ça nous fait mal au point de vue des résultats, mais ça nous fait avancer en tant qu'organisation.»

Le pari de Lindback

Après un départ fracassant qui a vu le Lightning remporter six de ses sept premiers matchs, tout s'est essoufflé. Le manque de profondeur y est certes pour quelque chose, mais il faut dire que la décision de faire confiance au jeune gardien Anders Lindback n'a pas donné de résultats à court terme.

«Ça fait trois ans qu'on essaie de s'améliorer devant le filet», a rappelé Boucher. L'impact d'un gardien numéro un ne se mesure pas. C'est l'équivalent d'un quart-arrière au football. Un gardien préserve une égalité quand c'est serré et il te sauve quand l'équipe joue mal. Éventuellement, on aspire à avoir cela en Lindback, mais il est jeune. Il fallait s'attendre à ce que ça prenne du temps.

«On n'a jamais voulu lui donner une étiquette de numéro un. Il doit se développer à son propre rythme. Et Mathieu Garon doit être capable de l'épauler et faire en sorte que son expérience paraisse quand il est devant le filet.»

Pas de temps à perdre

Après avoir atteint la finale d'association il y a deux ans, puis raté les séries l'an dernier lors d'une saison décevante, les perspectives ne s'améliorent guère pour le Lightning, qui a dégringolé au 13e rang de l'Association Est.

«On est en mode survie, car il reste seulement 24 matchs, a rappelé le capitaine Vincent Lecavalier. Ça passe vite et le prochain mois sera important. Quand on est en dehors du portrait des séries lorsqu'il reste 10 ou 15 matchs, c'est vraiment dur de se rattraper. Alors il faut commencer dès maintenant.»