Le joueur suisse qui a perdu l'usage de ses jambes, mardi, après une mise en échec par-derrière a subi «la pire blessure au hockey». Un type d'incident qu'il serait presque impossible d'éliminer complètement du sport, estime le médecin en chef de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) et de Hockey Canada, Mark Aubry.

«C'est une action comme beaucoup d'autres au hockey, avec un joueur qui a le dos tourné, qui se fait frapper, perd l'équilibre, fonce dans la bande et est atteint à la colonne vertébrale, explique Mark Aubry. On peut faire beaucoup de sensibilisation et on doit en faire. Mais ce qui est embêtant, c'est que, malheureusement, c'est quelque chose qu'on n'éliminera probablement jamais complètement.»

«C'est la pire blessure qu'on puisse avoir au hockey», note le Dr Aubry. Selon lui, aucun équipement ne peut empêcher ce genre d'incident. «On recommande aux joueurs de faire des exercices pour se muscler le cou. Mais ce n'est jamais garanti que lorsqu'on tombe contre la bande, on ne se blesse pas à la colonne.»

Mardi soir, lors d'un match de seconde division suisse, le défenseur Ronny Keller allait récupérer la rondelle dans son territoire quand il a été victime d'une mise en échec par-derrière de l'attaquant Stefan Schnyder. Keller a percuté la bande tête première et a subi une grave blessure à la quatrième vertèbre dorsale. Jeudi, les médecins ont confirmé que l'athlète de 33 ans était atteint de paraplégie. Il ne marchera plus jamais.

Un ancien coéquipier de Ronny Keller était sous le choc lorsque joint par le quotidien helvète Le Matin. «Après ça, on se pose beaucoup de questions sur le hockey, a dit Thomas Nüssli. C'est un sport brutal, qui provoque beaucoup de blessures, tout le monde le sait. Mais ce qui arrive à Ronny... Ce n'est pas un genou, une épaule ou le dos que l'on doit par exemple opérer. Ce qu'il vit, c'est autre chose. C'est le pire qui puisse se produire.»

Pour réduire le plus possible ce type d'incident, le Dr Aubry suggère de sensibiliser les joueurs en bas âge. «On a fait beaucoup de travail à ce chapitre à Hockey Canada. Il faut rappeler de faire attention au niveau de la bande, de rester collé contre elle et de ne pas tourner le dos, dit-il. Chez l'attaquant, il faut faire comprendre qu'on ne frappe pas un joueur au dos tourné. Chez les arbitres, le message doit être clair: ce type de geste doit être puni sévèrement.»

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QUAND LE HOCKEY PARALYSE

Normand Léveillé, 23 octobre 1982

Le Montréalais en est seulement à sa deuxième saison avec les Bruins de Boston lorsque sa carrière connaît une fin tragique. Lors d'un match contre les Canucks, il est frappé solidement par Marc Crawford. Sur le coup, Léveillé semble en état de continuer la partie, mais plus tard ressent une douleur aux épaules et tombe sans connaissance. Il restera aphasique et partiellement paralysé.

Travis Roy, 20 octobre 1995

Alors qu'il en est à sa première apparition avec l'équipe de l'Université de Boston, Travis Roy, 20 ans, percute la bande tête première quand le joueur auquel il voulait asséner une mise en échec se tasse. Ses quatrième et cinquième vertèbres dorsales ont été fracturées, entraînant une quadriplégie. Avec le temps, il a retrouvé l'usage de son bras droit.

Pat Schafhauser, 5 décembre 1995

Joueur helvético-américain, Pat Schafhauser évolue pour le HC Lugano quand il heurte la bande lors d'un match en décembre 1995. Blessé à la moelle épinière, il est paralysé à vie. «Ça m'a pris plus d'une année pour accepter que ma paralysie était définitive, et que ma situation ne s'améliorerait pas», a plus tard admis Schafhauser, en entrevue avec un média suisse-allemand.

Jack Jablonski, 30 décembre 2011

Durant un match entre deux écoles secondaires du Minnesota, Jack Jablonski, 16 ans, est mis en échec par-derrière par deux joueurs de l'équipe adverse. Quelques jours plus tard, les médecins concluent qu'il restera paralysé et ne marchera plus jamais. L'équipe de son école secondaire, Benilde-St.Margaret's, en banlieue de Minneapolis, a finalement remporté le championnat. Jablonski a assisté à la victoire à l'aréna, mais n'a pu célébrer sur la glace en fauteuil roulant, pour une question d'assurances.