On demande à Josh Gorges d'expliquer la soudaine et surprenante transformation du Canadien, et il n'hésite pas bien longtemps. Il se revoit avec ses coéquipiers au camp d'entraînement, en janvier, dans le vestiaire du club à Brossard.

Il se souvient d'un moment bien précis, quand lui et les autres ont essentiellement décidé qu'ils en avaient assez de la défaite.

«C'est lors du camp qu'on s'est mis à parler plusieurs fois de fierté, se rappelle-t-il. On parlait de l'importance de ramener la fierté du Canadien de Montréal dans notre vestiaire. Les entraîneurs aussi ont beaucoup insisté là-dessus.

«Il y a un aspect psychologique, poursuit-il. L'an passé, on jouait pour ne pas perdre. L'équipe n'a jamais pu arriver à être à l'aise sur la glace. Cette saison, on ne se pose pas de questions, on y va pour la victoire à chaque fois.»

Si ce Canadien version 2.0 règne aujourd'hui au sommet de l'Association de l'Est, ce n'est pas parce que le club s'est lancé à la poursuite de joueurs-vedettes cet été. Ce n'est pas parce que l'équipe a réalisé un échange majeur impliquant trois ou quatre joueurs.

Une équipe unie

Selon Josh Gorges, c'est beaucoup plus simple que ça. «C'est une équipe unie... On sait que si les 20 gars de cette équipe ne poussent pas tous dans la même direction, ça ne marchera pas.»

Comme Gorges, Carey Price n'a lui non plus rien oublié de la désastreuse saison précédente. Il se souvient des séries de défaites et des mines très basses dans le vestiaire du club, soir après soir.

«C'était comme si on passait notre temps à se creuser un trou à chaque match, raconte le gardien. On ne pouvait pas en sortir. Je crois qu'on passait beaucoup de temps à douter de nous-mêmes.»

Et maintenant? «Nous sommes confiants. Dans ce vestiaire, tout le monde est tenu responsable. Tous les gars le savent.»

De toute évidence, cette nouvelle façon de faire fonctionne à merveille pour le Canadien. Dans l'Association de l'Est, aucune autre formation n'affiche une telle forme, le club montréalais n'ayant perdu qu'un seul match en temps réglementaire à ses 10 dernières sorties.

Bien sûr, la saison est encore loin d'être terminée, et les prochains jours pourraient être révélateurs en ce qui concerne la valeur véritable de ce club. Ça commence avec un rendez-vous contre les talentueux Penguins de Pittsburgh, demain soir au Centre Bell.

Ensuite, c'est le bout difficile: cinq matchs de suite sur la route, dont un premier, dimanche soir à Boston, contre des Bruins qui n'ont pas l'habitude d'offrir de mauvaises performances devant leurs partisans.

Tout un défi

Après le match de dimanche, les joueurs en bleu, blanc et rouge devront faire des arrêts à Uniondale pour y affronter les Islanders, en Caroline pour une visite chez les Hurricanes, à Tampa le temps d'un match face au Lightning, et enfin en Floride pour y jouer contre les Panthers, avant de rentrer à la maison après ce match du 10 mars à Sunrise.

En attendant ces nouveaux défis, les joueurs du Canadien gardent la tête froide et répètent que tout est dans le système de jeu. Un style qui peut parfois mener à du jeu un peu soporifique, mais selon Josh Gorges, l'équipe n'a pas le choix.

«Ce n'est pas pour nous de faire dans la dentelle avec la rondelle, conclut le vétéran-défenseur. Notre jeu à nous, c'est le travail. Ce n'est parfois pas très beau, mais c'est pour ça qu'on a du succès.»